Disons les choses comme elles sont : la toxicomanie est aussi un trouble de santé mentale. Au même titre que les autres diagnostics, il s’agit d’un problème qu’il faut des années à travailler, à dompter, à comprendre.

Encore plus que ça, il s’agit d’une réaction chimique du cerveau que l’on tente de contrôler. Et ça, ce n’est pas un jeu d’enfant. Bien sûr, il faut de la volonté et beaucoup de courage, mais au-delà de ça, sortir de cette roue infernale relève du miracle, bien souvent.

Lorsqu’on choisit de partager sa vie avec quelqu’un, on doit être bien conscient de ces petites lacunes qui font de cette personne ce qu’elle est. On doit comprendre et accepter, sans aucun doute, toutes les forces et faiblesses de cette personne. Si nous nous en sentons capables et que nous comprenons bien l’appui qu’une telle maladie demande, alors on se lance.

On se lance tout entier, dans une aventure aux sentiers tortueux et aux nombreuses embûches.

À un certain moment, on trouve des trucs pour s’aider mutuellement, mais un trouble de santé mentale, ce n’est pas toujours tout blanc ou noir. Entre les nombreuses rechutes, les comportements à risque, l’émotivité, les mensonges et les problèmes de communication, vivre avec une personne dépendante aux drogues, c’est un vrai casse-tête.

C’est comme essayer de faire respirer un chat sous l’eau. Aller contre sa nature, lui demander de changer ce qui lui est fondamental. Car la dépendance fait partie de cette personne depuis tellement longtemps, qu’ils ne font maintenant plus qu’un.

Même avec la rémission, les éventuels aléas de la vie l’emmèneront peut-être à retomber dans ses vieilles habitudes, et c’est un combat que vous devrez mener à deux si vous avez décidé de vous y plonger.

Personne ne vous en voudra de ne pas avoir choisi de vivre cette bataille, d’avoir abandonné pour vous protéger, de ne pas avoir voulu y laisser votre santé mentale, à vous aussi.

L’important, lorsqu’on décide d’appuyer une personne dépendante, c’est d’accepter le problème et de persévérer pour tenter qu’il prenne le moins de place possible. Pour éviter qu’il ne vienne submerger ces choses qui sont beaucoup plus importantes.

Et surtout, SURTOUT: discuter. Se dire les vraies choses. Lorsque les événements sont trop envahissants, lorsque les pensées reviennent, lorsqu’on se sent faible, demander de l’aide. Trouver la force en soi de nommer nos troubles et ainsi avoir recours à l’aide nécessaire. 

Il faut aussi savoir qu’une personne qui ne souhaite pas s’aider et se sortir de ce trouble est vouée à l’échec et vos efforts seront bien vains. Votre volonté ne comblera jamais le manque de volonté de votre partenaire, et votre acharnement n’en vaudra pas la peine s’il n’est pas mutuel.

La dépendance peut être surmontée avec les bonnes ressources et l’appui nécéssaire, mais elle requiert un travail personnel en tout premier lieu.

Lorsque cette étape sera bien enclenchée, il s’agira de vous armer de patience, de résilience et d’amour. D’amour pour cette personne, mais aussi d’amour pour vous, pour être capable de reconnaître le moment où votre aide ne sera plus suffisante, de reconnaître le moment où c’en sera trop. Mettre nos limites, s’y plonger à deux, s’aider à nager, à tenir sa tête hors de l'eau, mais sans se noyer dans le processus.

C’est ça, le véritable défi.

Source image de couverture: Unsplash
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