Je n’ai connu aucune personne qui ait eu recours à l’aide médicale à mourir… jusqu’à tout récemment. En effet, une personne de mon entourage a eu l’opportunité de prendre légalement le choix de mourir. Non seulement c'était un choc d'apprendre que cette personne allait mourir, mais de savoir exactement le jour où cette personne allait mourir a été, pour ma part, un dur coup à prendre. Évidemment, la mort est quelque chose d’inévitable même si on souhaiterait que ça n’arrive jamais. Mais de connaître le jour exact où une personne décède, c’est une toute autre chose.

Tout d’abord, il est important d’expliquer ce phénomène, qui semble être en forte croissance au Québec dans les dernières années. En 2015, le gouvernement du Québec a adopté une loi concernant les soins de fin de vie. Selon le site Éducaloi, pour qu’une personne puisse demander l’aide médicale à mourir, elle doit, entre autres, être apte à donner son consentement et d’exprimer son choix verbalement à un médecin, puis de remplir certains formulaires par la suite. De plus, la personne qui désire l’aide médicale à mourir doit prendre la décision elle-même sans avoir eu de pressions externes. Par la suite, le médecin doit vérifier que toutes les conditions exigées sont remplies. Après une période d’au moins 10 jours (au cas où la personne change d’idée), si toutes les conditions ont été remplies, le médecin administre les médicaments qui entraînent la mort de la personne.

Je me demande encore ce qui se passe dans la tête d’une personne qui sait exactement à quel jour et à quelle heure elle va décéder. Habituellement, quand une personne est en fin de vie, elle ne sait pas exactement quand elle va mourir, mais elle sait que ça peut arriver bien vite. Ou bien, la mort peut survenir d’un coup sec (ex.: accident de voiture, crise cardiaque, etc.). Mais, je sais que la personne que je connais qui a demandé l’aide médicale à mourir avait hâte au jour de son décès. Je me rappelle qu’elle m’a demandée si j’étais d’accord avec sa décision et si j’aurais également pris cette décision si j’avais été dans la même situation qu’elle. Personnellement, je n’aurais pas pris cette décision, mais je devais respecter son choix. Mais le plus important, pour cette personne, c’était qu’on puisse comprendre pourquoi elle voulait partir vers un nouveau départ.

personne couchée sur lit hopitalSource image: Unsplash

Je crois que ce qui a été le plus dur, pour moi, c’était de voir que cette personne était encore « en forme ». Je veux dire qu’elle ne pouvait plus trop marcher et qu’elle avait moins d’énergie qu’auparavant. Mais, ce n’était pas le type de personne en fin de vie comme on le voit à la TV ou comme on en entend parler. Depuis des années, elle avait des souffrances physiques qui ne pouvaient qu’être apaisées que par des médicaments puissants. De plus, bien que sa condition ne s’améliorait pas et allait possiblement de plus en plus en se dégradant, je crois qu’elle aurait pu vivre encore quelques mois ou quelques années si elle n’avait pas eu l’aide médicale à mourir.

Bref, cette personne n’est plus là aujourd’hui. Tout ce qu’il me reste d’elle, ce sont des photos, des vidéos et des souvenirs que je garde précieusement dans ma tête. Toutefois, ses funérailles ont été comme elle le voulait, puisqu’elle a pu décider de ses arrangements funéraires avant sa mort. Je me souviens d'elle comme d’une personne qui aimait prendre de mes nouvelles et qui avait toujours le sourire quand elle me voyait. Le départ d’une personne chère est douloureux, parce que c’est comme une partie de nous qui disparaissait. Son départ nous rappelle que c’est important de s’aimer tous et chacun parce que la vie est fragile et vaut la peine d’être vécue.

Source image couverture: Unsplash
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