Dernièrement en voyage en Colombie avec ma conjointe, j’ai été rappelé fortement par la réalité de ce concept que j’avais appris à l’université il y a dix ans de cela, soit celui d’être des consomm’acteurs sur le marché de consommation de masse en plein contexte de mondialisation. À l’époque, début vingtaine avec comme seule ambition d’être millionnaire avant 30 ans, j’étais plus obsédé par la performance et les résultats que par la nature de la théorie en soi. C’est pourquoi quand j’ai étudié ce thème, il ne m’avait que seulement effleuré la pensée pour être une donnée de plus qui sera stocké avant l’examen pour être éliminée une fois la tâche complétée.

Être un consommateur, c’est avant tout être un acteur par nos actions d’achats. Nos décisions en matière de consommation, soit l’activité numéro 1 de nos jours pour plusieurs ménages en occident, sont génératrices de la richesse de certains oligarchies multimilliardaires habitant à l’autre bout de la planète, de la précarité des entreprises locales, du sous-financement des organisations qui tentent d’être plus responsables et, par-dessus tout, des immenses changements écologiques qui s’opèrent à l’heure actuelle.

Directement ou indirectement, volontairement ou involontairement, chaque impulsion consumériste comporte une empreinte écologique, c’est cela l’envers de la médaille de notre monde à l’infinité de possibilités de choix d’achat. De l’industrie textile qui joue sur notre égo pour nous amener à toujours racheter pour se sentir au goût du jour en passant par l’industrie automobile qui dépense des fortunes à tuer dans l’œuf des technologies vertes pour nous amener à rouler dans plus de 50% des cas des SUV à forte consommation de carburant ou bien en étudiant le lobbyiste international des producteurs de bœuf qui vont jusqu’à abattre par milliers les opposants politiques et écologiques qui proclament la vérité comme quoi le plus grand pollueur à grande échelle, bien loin devant tous les rebuts émis par l’énergie fossile, c’est la surconsommation de viande, nos actions pour renverser la vapeur semblent des coups d’épée dans l’eau.

Le portrait peut sembler sombre, j’en conviens, car nous avons grandi dans un monde conditionné et manipulé par le marketing et la psychologie du consommateur qui viennent modifier nos comportements au point d’emprunter de l’argent que nous n’avons pas pour acheter du matériel dont nous n’avons pas besoin pour impressionner des inconnus que l’on ne connait pas via les réseaux sociaux.

Sans un pas de recul, nos compulsions d’achat et notre recherche du bonheur dans la prochaine acquisition semblent tout à fait normaux, mais l’est-ce vraiment? Sommes-nous sur terre pour s’épuiser ainsi semaine après semaine pour enrichir et ensuite envier les géants industriels de ce monde en achetant au prix fort sans cesse leurs produits dont la désuétude est déjà planifiée. Ces produits que nous devrons changer avant même d’avoir fini de payer l’ancien via nos versements mensuels.

La réponse est fort simple me direz-vous, dans votre tête en tout cas, mais il est fichtrement plus difficile de faire valoir cette prise de position dans la course quotidienne du métro/boulot/dodo pour boucler la fin de mois. Le système nous a rendu dépendant des sources de productions, nous enlevant autonomie et nous obligeant à nous fournir directement auprès de multinationales qui agissent en ne respectant aucune règle autre que celle du profit maximisé au détriment de notre si chère planète.

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Certes, faire du compost c’est chiant, porter attention à ne pas acheter des produits suremballés c’est plus compliqué, évaluer le type d’entreprise que l’on veut encourager c’est pas simple, garder notre auto une année de plus, ou peut-être deux, ça nous fait envier le voisin qui a le modèle de l’année, mais nous n’avons pas le choix de faire certains choix dans les délais les plus vites, car le retour du balancier va venir vite et il frappera très fort. Nous sommes devant un choix qui peut sembler difficile, mais qui s’imposera tôt ou tard à nous et, qui sera bien plus dur à avaler quand cela nous sera imposé. Soit celui d’être plus conscient de l’état actuel des choses pour diminuer notre consommation et par conséquent diminuer notre confort individuel pour le bien-être collectif de la population mondiale, soit de continuer ainsi et de frapper un mur tellement fort que probablement l‘humanité ne s’en relèvera pas.

Une citation que j’ai lu un jour mentionnait qu’une fois que nous avons vu la vérité, il est impossible de ne plus la voir. J’ai été percuté par cette vérité dans le plus profond de mon être lors de mon dernier voyage en Colombie. Actuellement, il s’y passe un drame humain et écologique, comme dans plusieurs autres endroits sur le globe d’ailleurs. Trois millions de réfugiés vénézuéliens y vivent dans un était d’extrême pauvreté, errant dans le pays et mendiant en espérant vivre jusqu’à demain. Lorsque j’ai voulu acheter à manger à deux garçons squelettiques, ceux-ci m’ont tiré par la main pour m’amener dans une pharmacie plutôt que dans un restaurant, car ils préféraient des sacs de protéines au lieu de nourriture, sachant qu’ils allaient peut-être survivre une journée de plus ainsi mieux soutenus. Lorsque j’en ai pris réellement conscience, j’étais complètement bouleversé.

Cela m’a tellement fait réfléchir à notre mode de vie, à notre chance et à la manière dont nous dilapidons outrageusement nos ressources alors que d’autres meurent littéralement de faim, en raison principalement de style de vie américain de surconsommation qui engendre précarité, instabilité et surexploitation dans les pays défavorisés afin de fournir le « cheap labor » et les matières premières à cette folie humaine. Ces réfugiés le sont en grande partie en raison de la mondialisation que nous encourageons à chaque dollar dépensé pour encourager les compagnies qui ont contribué à les amener à vivre dans de telles conditions. Le capitaliste à outrance n’est pas aussi beau qu’il peut paraitre sur Instagram. Détournons le regard de nos écrans pour nous conscientiser à la réalité, car sinon elle finira par nous rattraper et les conséquences subies par des milliards d’humains qui alimentent notre rythme occidental deviendront notre réalité également.

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Le côté sombre de notre mode de vie, c’est la pensée magique qu’une fois consommé tout disparait sans laisser de traces, que notre bien-être est mérité et que ceux qui souffrent l’ont mérité puisqu’ils ne travaillent simplement pas assez fort. Allez dire cela aux milliers d’enfants exilés du Venezuela pataugeant pieds nus dans une rivière nauséabonde où s’empilent des montagnes de déchets et de sacs à ordure éventrés afin de trouver désespérément de quoi se nourrir. Nous ne pouvons plus nous boucher les yeux, ça va mal, très mal. L’écologie, l’humanité et notre conscience collective souffrent. Il n’est pas encore trop tard, mais il est grand temps d’agir pour rétablir un semblant d’équilibre.

Par nos choix de consommation, nous sommes les principaux acteurs dans le désastre environnemental qui se produit actuellement à l’échelle planétaire. C’est pourquoi, chaque fois que nous achetons quelque chose, il faut être conscient des impacts de notre choix, du rôle que nous voulons avoir dans la lutte contre les changements climatiques et la pollution inhumaine de notre si belle planète.

Consommons intelligemment. N’encourageons pas aveuglément les bourreaux industriels de notre monde qui saccagent nos ressources et, je vous en prie, conscientisons-nous aux impacts avant d’acheter sans réfléchir simplement pour un instant de bonheur fictif qui a des conséquences bien réelles sur d’autres humains.

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