Pourquoi ferait-on un 24 heures interminable d’avion pour se retrouver perdu à l’autre bout du monde ? Exactement pour ça : ce sentiment de savoir qu’on se trouve les deux pieds plantés de l’autre côté du globe.

Peut-être avez-vous déjà entendu, tout petit, lorsque vous creusiez dans le bac à sable : « Tu vas finir par te rendre en Chine ! ». Je crois que ça a fait son chemin dans mon imaginaire, car du plus loin que je me souvienne, à essayer de manger mon riz avec des pics à brochettes en bois, si j’avais la chance de faire un seul voyage dans ma vie, ce serait sur le continent asiatique.

C’est le premier gros voyage que j’ai fait, le cadeau que je me suis offert pour assouvir une envie, un rêve d’enfance, pour manger avec de vraies baguettes, pour entendre des langues que je ne peux pas comprendre, pour vivre une expérience nouvelle, quelque chose qui semblait si loin de moi.

Et c’est particulièrement l’Asie du Sud-Est que j’ai eu la chance de visiter. J’y suis même retournée quelques fois déjà et je sais très bien que j'y retournerai encore. Même si j’ai envie de découvrir le plus d’endroits possible, j’ai envie d’explorer ce continent un peu plus.

Image de L'Asie Source image : Pexels

23 h 15, le 30 janvier 2012, Aéroport Suvarnabhumi à Bangkok en Thaïlande.

La première fois où je mets le pied dans mon rêve. C’est sûr qu’avec ces trois vols interminables et tout le décalage horaire, je me sens un peu déconnectée, mais en même temps, je veux profiter à fond de ce moment. Je sors de l’aéroport et prends une grande inspiration. Ça sent la chaleur, l’essence et l’humidité, surtout. Une odeur qui reste présente dans ma mémoire encore aujourd’hui et qui me frappe parfois quand le facteur humidex monte dans le grand Montréal. Et maudit que j’aime ça. C’est souvent les souvenirs olfactifs que j’ai emmagasinés qui me reviennent par surprise dans mon petit quotidien.

La musique dans les taxis. Les tonnes de fils électriques s’emmêlant le long des rues comme pour les décorer. Les couleurs. Des petits kiosques partout sur les trottoirs et surtout, le fumet des nombreux barbecues qui s’y trouvent me déstabilisent.

Je ne comprends absolument rien quand les gens parlent. C’est un peu choquant de ne rien comprendre, mais ça sonne en même temps aussi poétique que ma cassette des Backstreet Boys quand j’avais 10 ans : une musique que j’ai envie de réécouter sans cesse et des mots chantés dans un dialecte qui me semble inventé et dont j’ignore la signification.

Ma première balade en tuk tuk et la vue d’une famille de cinq sur un même scooter m’ont donné la sensation qu’on pouvait défier les règles, être libre dans le K.O. Et même si tout me semblait décousu et bordélique à première vue, un rythme lent et ordonné à sa façon s’opérait finalement devant mes yeux.

J’ai vite été charmée par cette culture qui veut toujours bien paraître aux yeux de leurs invités, qui compte des gens généreux, accueillants et surtout, très travaillants.

J’ai voulu ensuite partir à la découverte de quelques pays voisins. Passer des jours à flâner dans les rues, de ville en ville, en empruntant toutes les sortes de bus (avec ou sans lit, avec trop ou pas du tout d’air climatisé), de vannes, de camions, de trains ou de bateaux possibles. Prendre aussi le temps de regarder les gens vivre, à me demander comment ils pouvaient bien faire pour tenir aussi longtemps accroupis au sol, à réaliser que klaxonner veut seulement dire « Attention, je suis là et je passe ! » et à constater que d’utiliser mon intonation chantée québécoise pour prononcer certains mots dans leur langue ne fonctionnait pas du tout pour me faire comprendre. Ah, et réussir enfin à trouver la meilleure position pour utiliser ces foutues toilettes, misère !

L'Asie c'est des rizières vertes à l’infini, de l’eau plus que bleue, des dauphins et des tortues de mer, des couchers de soleil impossibles. C'est aussi des gens, des yeux rieurs qui m’observent, des sourires sincères et des mains chaleureuses levées en l’air pour me saluer sur la rue, des femmes qui me touchent le petit gras de bras (hé oui !) et les conversations par mimes. Je suis nostalgique du coq trop tôt le matin, les singes, les voix des moines en prière qui se mélangent pour former un air transcendant.

J’ai eu envie de ramener toutes les recettes de carry, de soupes et de sautés possibles à la maison pour goûter le voyage encore un peu plus longtemps.

Et le pire, c’est que c’est en revenant ici que j’ai eu le plus grand choc. En marchant sur nos trottoirs épurés, près des conducteurs précis et silencieux, que j’ai réalisés à quel point tous mes sens avaient été en alerte et que finalement, ce n’était pas juste un rêve réalisé, mais bien un réel désir d’y retourner encore ! Une passion était née. Et en attendant ces prochaines fois, je me permets de manger dans un sous-sol du quartier chinois à Montréal pour m’y sentir à nouveau le temps d’une soirée !

SingeSource image : Lisa-Marie 
Source image couverture : Unsplash 
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