J’aime me dire que je suis le capitaine de mon bateau, l’unique responsable de sa fabrication et de son entretien.

L’année dernière, mon bateau a vécu plusieurs tempêtes et il s’est même fracturé de plus en plus jusqu’à en couler. J’y ai travaillé plusieurs heures, mis beaucoup d’amour et j’y ai cru. Je lui ai raconté qu’il pouvait braver toutes les tempêtes et que peu importe le nombre de fois où je devrai le réparer, je continuerai parce qu’il en vaut la peine.

J’ai décidé de le mettre en priorité, de le choisir chaque jour et de mettre de côté les sources de distractions possibles. J’ai laissé tomber les gens qui n’y croyaient plus et j’ai fait la sourde oreille aux paroles blessantes qui flottaient au-dessus de ma tête. J’étais le capitaine, j’avais le contrôle de ce qu’allait devenir ce bateau.

Morceau par morceau, je l’ai recollé, peinturé et je lui ai parlé tous les jours. Je l’ai encouragé et j’en ai pris soin. On peut me croire folle de parler à un bateau, mais je sais que lorsque je lui parlais, il m’écoutait. Il attendait mes futurs commandements.

Un jour, j’ai mis la peur de côté et j’ai recommencé à voguer sur l’eau. C’était une étrange sensation de remettre les pieds dans une  situation connue, mais avec une façon différente de voir les choses.

Au début, tout allait bien, même trop bien. J’étais fière de naviguer dans les grosses vagues et de n’avoir peur de rien. J’étais infaillible. Puis un jour, j’ai eu un genre de mal de cœur, un mal de mer que je n’avais jamais ressenti auparavant. J’avais toujours navigué les mers à la recherche de sensations fortes, d’aventures, mais cette fois-ci, le problème ce n’était pas mon bateau: c’était moi. J’avais changé.

Mon mal de cœur me forçait à mettre pied à terre et à m’arrêter. Les grosses vagues, celles qui nous engloutissent d’un seul coup au fond des mers, elles ne me faisaient plus peur, mais elles me prenaient beaucoup d’énergie. Elles m’empêchaient de profiter de mon voyage. Elles ne me permettaient pas d’avoir la conscience tranquille et d’admirer ce qui m’entourait.

grande vague dans l'océanSource image: Unsplash

J’ai changé d’itinéraire. Pas par manque de volonté, ni par paresse, mais par douceur pour moi. J’ai décidé de prendre mon temps, de me laisser tanguer par l’eau, de me laisser bercer au son des mammifères marins. J’ai pris le temps de me coucher et de me dire que ça allait aller.

Un voyage à la fois, mon mal de cœur a disparu et j'ai repris le contrôle de ma personne, de mon bateau, enfin quoi, de ma vie.

Source image de couverture: Unsplash
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