L’autre jour, j’étais assise dans un café et j’ai entendu parler des étudiants derrière moi. Je l’avoue, j’avais l’oreille indiscrète et j’écoutais sans doute plus volontairement que contre mon gré. Simplement parce que leurs propos avaient autant de sens pour moi qu’un discours de Donald Trump. C’est dans ces moments-là que l'on réalise à quel point un logo d’université sur une gourde d’eau ne fait pas de son propriétaire quelqu’un de forcément socialement intelligent. Conneries après conneries, un des gars se met à dénigrer les obèses parce qu’une belle femme ronde (une foutue belle femme ronde, genre Ashley Graham) est passée près de lui. Il sort le classique : «Ça devrait être illégal pour une grosse femme de porter des leggings!» J’ai eu une sacrée montée de lait. Je n’ai pas pu m’empêcher de répondre au gars en question.  

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Source : fashiongonerogue.com

«C’est pas parce que t’étudies en Kiné avec des femmes en forme que les autres femmes du monde ne sont pas belles. Sais-tu combien de temps ça a dû lui prendre pour assumer de les porter ces fameux leggings-là? Sais-tu pourquoi elle les a finalement mis, ce matin-là, cette belle femme que tu viens de rabaisser? C'est parce qu’elle se trouvait belle dedans». Je lui ai dit qu’elle se trouvait belle en sortant de chez elle. Je lui ai dit que, par sa faute, la prochaine fois, elle se trouverait un peu moins belle, jusqu’à arrêter de s’aimer parce qu’il s’est accordé le droit, lui, d’être mal dans sa peau à elle, à sa place. Je lui ai dit que s’il s’efforçait de les laisser être comme elles veulent être nos femmes québécoises, elles deviendraient cent fois plus belles à ses yeux parce qu’elles pourraient recommencer à s’aimer et à avoir confiance en elles. Tout d’un coup, j’arrête de parler parce que je réalise que j’ai peut-être un peu over react. La fille ne l’avait même pas entendu. Le gars me regarde, regarde ses amis, puis me regarde une fois de plus et me dit quelque chose que je ne m’attendais définitivement pas à entendre : «T’as raison.» Je m’en veux soudainement d’avoir jugé sa bouteille d’eau. Il me dit qu’il voulait faire rire ses amis avec une stupidité qu’il ne pensait pas réellement. Il ajoute qu’il la trouvait belle et qu’il ne pensait pas que quelqu’un d’autre allait entendre. Il s’excuse et alors qu’il aurait très bien pu s’en tenir là, il me surprend une fois de plus. Le gars s’est levé et est allée voir la jolie femme ronde, lui a dit qu’elle était belle et lui a offert un café. Je ne connais pas la suite de leur discussion, j’ai rangé mes oreilles indiscrètes pour cette fois, mais j’aime me dire que ça a fini en conte de fées (ou presque!) 

J’aime me dire ça parce que grâce à ce gars-là, je me dis que personne n’accorde tant d’importance au poids à la fin. Il y en a des tonnes, des insultes et des petits commentaires déplacés qui se disent un peu partout, tous les jours, mais au fond, on les dit parce qu’on n’a rien d’autre à dire. Ça serait trop bizarre de dire «moi, je les aime tes rondeurs», même si c’est ce qu’on pense vraiment. Ce gars-là m’a permis de croire que derrière chaque petit commentaire déplacé, il y a peut-être un compliment timide qui se cache. Je suis persuadée que chaque personne intimidée, aussi petite, grosse, noire ou blanche qu’elle soit, devrait se rappeler cette anecdote et se dire qu’on les trouve belles au fond. 

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Source photo de couverture : smashd.co

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