Des gens inspirants, je ne me tannerai jamais d'en découvrir. C'est pourquoi on aime nous aussi vous les faire découvrir. Tu connais peut-être Marieme principalement pour sa carrière comme chanteuse, mais elle est bien plus que tout ça. À travers cette entrevue, découvre comment elle a réussi à faire sa place dans le show-business québécois et comment maintenant elle se donne comme mission de le faire pour d'autres également.

Comment pourrais-tu me décrire Marieme?

Il parait que je suis ben « smath » Je suis loyale, fidèle en amour et en amitié. Humaniste, optimiste et j’aime faire partie de la solution.

J’ai grandi dans le quartier Limoilou. Père sénégalais et d’une mère québécoise. Noire ici, blanche là-bas, mes parents m’ont offert le meilleur des deux mondes en me donnant une éducation bi-culturelle où j’ai un petit Sénégal à Limoilou et j’ai foulé à plusieurs reprises le tarmac sénégalais.

Très tôt, ma mère m’a dit: « tu es différente, on va te le dire ou te le faire sentir, alors fais quelque chose de bien. » Mon métissage, c’est à la fois ma richesse, mon combat. Le jour où j’ai accepté que je formais un tout et que c’est les autres qui voulaient que je choisisse, je me suis trouvée.

Mon grand frère Webster, rappeur engagé et historien, m’a pavé le chemin dans le milieu Hip Hop. Je le suivais dans les spectacles Hip Hop de sous-sol d’église, jusqu'à faire près d’une vingtaine de featuring et partir ma propre carrière solo. On top,  je suis une maman de jumeaux : Ella et Lion qui sont de loin mes plus grandes réussites.

marieme pyjama Blackwoods PyjevaMarieme avec le pyjama Blackwoods de Pyjeva

À quoi ressemble ton parcours jusqu’à présent?

J’ai tout fait! Après avoir complété un baccalauréat en Communication à l’Université Laval, j’ai fondé une boite de production télé avec la gang des Arshitechs du son (une émission phare sur la culture Hip Hop à CHYZ). On a fait plusieurs saisons à MATV, ensuite j’ai repris le flambeau de Malikh Shaheed à l’émission L’Heure Hip Hop à MusiquePlus. Je me suis beaucoup gâtée pendant toutes ces années où j’ai appris le métier. Entrevue avec Fat Joe, Wyclef Jean, Akon, T-Pain et j’en passe en plus de concocter des émissions spéciales pour faire découvrir la culture Hip Hop dans son ensemble. Je soutiens et fait rayonner le Hip Hop québécois aussi depuis longtemps. À l’époque, c’était l’une des seules plateformes où on pouvait diffuser des vidéoclips et faire des entrevues avec les artistes québécois. J’ai été journaliste culturelle sur différentes chaînes (TVA, Radio-Canada) en plus d’avoir des séries documentaires à TV5. J’ai parallèlement sorti cinq albums avec mon groupe Hip Hop de l’époque CEA, avec de nombreuses tournées et je travaille actuellement sur mon 3e album solo.

Je me rends compte avec du recul que puisque je ne me reconnaissais nulle part dans la télé, le cinéma, bref dans le paysage culturel québécois, j’ai fait le saut en télé pour prouver que ce n’était pas impossible et devenir à mon tour une inspiration pour les générations futures. J'ai d’ailleurs aussi travaillé avec divers organismes pour favoriser l’intégration des jeunes immigrants.

Ça n’a pas toujours été évident, mais je me suis battue, débattue et je suis encore là. ;-)

Qui est la personne qui tinspire le plus dans ton domaine?

Michelle Obama fait partie de ces Femmes qui m’inspirent pour ses convictions, ses valeurs et de ce que je connais de sa façon de vivre sa vie. Femme de Barack, mais surtout Femme à part entière, la famille est au coeur de ses préoccupations, mais qui s’assure de s’épanouir à travers ses activités et ses différents mandats. J’ai lu son livre que j’ai beaucoup aimé. Elle a une force de caractère, une détermination qui me donnent envie de poursuivre mes rêves.

À quoi est-ce quon peut sattendre de Marieme, la chanteuse, dans le futur?

Je travaille sur la sortie de mon 3e album solo sous l’étiquette Coyote Records. Étant de nature rassembleuse, mon album est un vrai « block party». J’ai collaboré avec plusieurs artistes que j’affectionne. Souldia, Webster, Benny Adam, Naya Ali, Lost, Imposs, SP, White-B, Izzy-S… Les liens d’amitié que j’ai développés au cours des années font qui je suis aujourd’hui et ma musique s’en ressent. Je suis dans la game depuis près de 20 ans cet album est un retour aux sources. Dernièrement, mon frérot Souldia avec qui j’ai fait la chanson « Sablier » avec Izzy-S dont nous sommes rendus à 2M de vues m’a permis de faire la grande majorité de ses spectacles avec lui. Ça m'a redonné le feu, carrément. Mon album est sur fond de Hip Hop, vibe afrobeats par moments, mais surtout du Marieme. Après toutes ces années, un de mes constats : pouvoir danser sur ma musique, la célébrer. BTW, c’est mon meilleur. ;-)

Marieme Souldia scène spectacleSur scène avec Souldia

Que ferais-tu différemment avec lexpérience que tu as prise avec tes deux premiers albums?

Ne pas me faire d’attentes. La musique, je la fais d’abord pour moi, qu’elle me ressemble et ensuite on verra. Une fois sortie, c'est le public qui choisit. Je suis ultra fière de ce que je prépare en ce moment.

Parle-moi de ton équilibre maman et carrière

Quel équilibre !? Hahaha!! Quand j’ai accouché on m’a dit : « On a les enfants qu’on peut… » Je me suis dit: « bon bien, let’s go! » Tout est une question d’équilibre dans la vie. Et c’est une recherche perpétuelle qui permet, selon moi, d’atteindre un certain niveau de bonheur. Être une maman, une entrepreneure et une amoureuse n’est pas toujours évident. Tu tentes de performer dans toutes les sphères sans négliger les autres et surtout ne pas s’oublier. Ne pas s’oublier, c’est facile à dire, mais pas facile à faire. Je me questionne régulièrement sur ce qui est le mieux pour moi, mes enfants et mon travail. Je dis souvent en souriant qu’il faut aussi bien choisir le père de ses enfants. Il faut faire un travail d’équipe, comprendre le travail de l’autre, s’aimer infiniment et vouloir vieillir ensemble. À partir de là, on se partage les tâches, et on a une réelle compréhension de ce que l’autre vit et on crée un équilibre. Sans oublier de faire un travail qu’on aime et ça, c’est mon cas.

marieme enfants Ella et Lion, ses deux enfants

Tu œuvres dans beaucoup de sphères du show-business québécois, mais tu utilises aussi ta voix pour faire changer les choses. Parle-moi de ton projet avec le Ministère de limmigration

C’est un des projets qui me tient le plus à coeur. Depuis trois ans, j’organise des conférences dans les écoles : « Les Nouveaux Modèles ». J’invite des humains franchement inspirants (S/O Webster, Bahoeli, Abissara, Sao, Plaquie, Dramatik) qui par leurs forces de caractère et leurs parcours remarquables, sont devenus des Modèles de premier choix pour nos jeunes. Des Modèles, il en faut. Il en faut pour se reconnaitre dans la société et dans ses institutions, il en faut pour légitimer la place de de tous et chacun dans chaque sphère qui la compose.

À travers les histoires que viennent partager ces femmes et ces hommes aux parcours d’exception, chaque conférence devient une occasion pour célébrer la diversité dans ce qu’elle a de plus beau, mais aussi combattre les stigmates à l’égard des personnes issues de l’immigration et des diverses communautés culturelles. Au tout début, je les faisais uniquement dans les écoles à forte concentration multiculturelle. Maintenant, je les fais partout. Je veux qu’elles parlent à la la société québécoise dans son entièreté.

Je repars en tournée dans 30 écoles à Québec et 15 à Montréal dès l’automne. Plus que jamais, je considère que cette initiative, au-delà d’être enrichissante, est nécessaire. Nécessaire pour transmettre l’espoir aux jeunes, nécessaire pour continuer de promouvoir le vivre ensemble.

Quest-ce que tu retiens du mouvement contre le racisme ici et partout ailleurs?

C’est l’histoire de ma vie que d’être perçue comme différente dans l’oeil de l’autre, et c’est aussi l’histoire de ma vie de ne pas me reconnaître quand j’ouvre la télé ou quand j’écoute la radio, même chez moi. J’ai souvent dû en faire deux fois plus pour obtenir le même résultat. : me Battre, m’Essouffler, me Relever et Recommencer. On assiste à un élan de solidarité collectif. Ce n’est pas juste l’affaire des Noirs (Es) entre eux, mais bien une réalité que l’on doit faire face en tant que société.

Black Lives Matter, ce n’est pas une mode, ou une tendance, c’est un coup de semonce pour qu’on aille de l’avant ensemble. Je souhaite profondément que ce mouvement entraîne de réel changements au sein d’organisations, de paliers gouvernementaux, de casting et donner la parole à ceux qui ont trop souvent gardé le silence. On a assez balayé sous le tapis: le racisme systémique existe, le racisme existe. Soyons ensemble, soyons humains.

webster marieme marche black lives matter À la manifestation Black Lives Matter avec Webster

Un petit fun fact sur toi? 

Je suis fun, that’s the fact.

marieme manteau claude beginCrédit photo: Claude Bégin
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