Il est si facile de blâmer les autres de notre malheur.
De la solitude qui devient notre seule compagnie. D'en vouloir à la terre entière de nous laisser seule avec autant de douleur. Cette même douleur que je parviens à dépasser. L'écriture comme bouée ; dire le pire pour ne plus la revivre. Un miroir dont plusieurs personnes évitent de jeter un regard.
Je comprends aujourd'hui le fondement de ce triste passage à vide. Que la rancœur ne mène à rien d'autre que d'atteindre à nouveau ce noir qui m'empêche de voir. Comme autrefois, j'ai repoussé les gens le plus que je le pouvais. Pour leur reprocher ensuite d'être absents pendant mes pires moments. Il faut dire que je les protégeais de la vérité ou de mes orages, alors que j'avais moi-même de la difficulté à comprendre.

La peur de l'abandon m'a souvent fait perdre la raison.

Douter du vrai et, malheureusement, croire les chimères. Des ravages qui laissent des traces indélébiles. Devant ce constat, je ne peux que dire et faire mon mea culpa. Je reviens à moi et vous demande pardon. À vous que j'ai blessé, sans en avoir l'intention.
Il n'y a aucune exigence qui demande que vous restiez à mes côtés. Sans explication, sans rancune, vous pouvez vous en aller. L'amour sous toutes ses formes doit être synonyme de liberté. Celle de rester ou de quitter. J'applique cette même règle, alors, comment pourrais-je vous imposer le contraire? À mes yeux, voilà ce qu'est le vrai sens de la vie, de l'amour et de l'amitié en temps de guerre.

Avec humilité et en toute sincérité, je vous laisse partir ou fuir. C'est à vous de décider.

Voilà le lourd fardeau que je portais, que je dépose enfin à mes pieds. L'abandon ne m'effraie plus. Le pire de tout, l'ultime torture, aura été de m'abandonner. Seule, j'y suis parvenue. Dépasser mes peurs, accepter ce qui est.
Le pire est définitivement derrière moi. La peur en moi, je ne la nie pas. Mais je décide d'être moi en toute vérité. Revenir à mes écrits d'autrefois, ceux qui étaient vécus et dits avec sincérité. Cesser de renier qui je suis. J'ai appris à vivre autrement, avec cette partie de moi que j'ignorais depuis si longtemps.

Quand la noirceur revient, je la regarde droit dans les yeux et j'écoute ce qu'elle a à m'apprendre.

Il faut un certain courage pour se regarder dans le miroir, s'avouer l'inavouable et voir la vérité en face, et non celle qu'on s'était imposée. Celle qu'on avait fini par croire.  Ces mots sont les miens et ils resteront gravés, à jamais. L'encre de ma plume s'en est assuré, le meilleur des rappels que je ne peux oublier. Autant que ceux qui en ont été blessés à tort ; j'accepte et j'en assume les conséquences.
Les silences, je ne les interprète plus. Certains sont d'or, d'autres devraient être laissés pour morts. Personne n'a tort ou raison. Chacun a son histoire, ses propres démons et sa façon de réagir. Sa façon bien à lui de s'en sortir.

Je me suis souvent retrouvée à la croisée des chemins.

J'ai parfois fui ou emprunté le plus souffrant. À ce moment-ci de ma vie, je fais enfin le choix le plus difficile, et ce, pour mon bien. La seule route envisageable est celle qui apporte la paix et qui demande une dose supplémentaire de résilience. Être moi et m'en aller, en âme et conscience, vers le meilleur. Sans savoir où ça me mènera ou ce qui m'attend. Ou même, qui se tiendra à mes côtés et qui n'y seront pas.
Tant que je suis moi, je sais que tout ira bien. 
Peu importe où je vais, je resterai fidèle à celle que je suis. Aussi imparfaite que je puisse être. Avec mon âme un peu rebelle et cette intensité qui me définit. Avec un cœur portant les cicatrices du passé, mais respirant un présent où tout est possible. Devant le néant, maintenant, je pose mes yeux sur le soleil qui brille.
Source de l'image de couverture : Unsplash
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