J’avais été 3 ans et demi avec un gars qui m’avait séduite par ses mots et sa poésie. Il avait osé et ça m’avait plu. Je n’étais pas totalement amoureuse, mais j’ai beaucoup aimé découvrir tranquillement l’intimité avec lui. Mais ça n’allait pas assez vite à mon goût. Je voulais faire l’amour. Notre intimité, bien que très présente, n’était plus suffisante pour moi. Nous étions toujours chez lui. Il était le cadet de la famille. Des parents âgés. Ils étaient très accueillants. Bien que sa famille ne soit pas là à nous guetter, nous ne devions pas fermer la porte. Et lui me disait que nous étions trop jeunes pour « coucher ensemble ». J’ai été tellement surprise lorsqu’il m’a quittée. J’avais du mal à y croire. Je ne savais pas comment composer avec ce rejet. J’avais un élan désespéré à tenter de le récupérer. Il allait tenter de revenir, plus tard, alors que je n’y étais plus. Comme… à peu près tous les hommes de ma vie.

J’avais maintenant 16 ans. J’étais avec un gars plus vieux. Qui avait confiance en lui. Ça m’a toujours charmée. Je ne le trouvais pas particulièrement beau. Je n’étais pas amoureuse, mais je vivais cette relation comme un exutoire. Une occasion de vivre plus d’indépendance. Il avait une voiture et chez ses parents, nous étions totalement libres, prenant possession du sous-sol. Je dormais là tous les week-ends. Sexuellement, on y allait graduellement. La première fois qu’on a « tenté » de faire l’amour ; ça ne fonctionnait pas. Je ne comprenais pas. La pénétration n’était pas possible. J’en avais pourtant tellement envie. Mais c’est comme si mon corps se protégeait de cette intrusion… Il s’est mis en colère, me disant que je faisais exprès. Que j’avais sûrement déjà couché avec d’autres gars, mais pas avec lui. J’avais beau lui expliquer qu’il n’en était rien, il m’a poussé nue, hors de sa chambre et a barré la porte. Je me retrouvais dans une situation délicate. Nue dans l’ère commune du sous-sol. Ses parents à l’étage, je ne pouvais parler trop fort. Je me sentais vulnérable et piégée. Il ne voulait pas m’ouvrir. Après un long moment, il a ouvert la porte. Mes vêtements dans les mains, il m’a dit : « On s’en va. Je vais aller te déposer. » Il m’a lancé mon chandail, mais pas ma jupe. J’ai mis mes bottes et il m’a poussée vers l’extérieur. Dans la voiture, en pleurant, j’ai remis ma jupe. Je tentais de le convaincre de se calmer. Il m’ignorait. Sur l’autoroute, il en avait marre. Il a ralenti, sans s’arrêter, a ouvert ma portière et m’a dit de sortir. Il m’a poussée. Il a quitté. J’étais à moitié habillée, sur le côté de l’autoroute en pleine nuit. Il ventait et faisait froid. Je suis allée dans le fossé pour me cacher un peu pour remettre mes sous-vêtements. J’étais embêtée. Que pouvais-je faire d’autre que de marcher? Mes possibilités étaient plus que limitées. On n’avait pas de cellulaire à l’époque! J’ai marché un peu. Bien que j’espérais qu’on allait venir me prendre, je me faisais discrète. Qui pouvait bien arrêter à ce moment de la nuit? J’avais un peu peur. Après plusieurs minutes, une voiture s’est arrêtée devant moi. Je ne savais pas quoi faire. C’était lui. Il m’a dit de monter. Qu’il allait me ramener chez mon père. Quel bon samaritain!

J’étais fâchée. Je ne lui ai pas parlé pendant une semaine ou deux. Ensuite, j’ai repris avec lui. Je sentais que c’était de ma faute. Que je l’avais poussé à bout. C’est ce qu’il me disait. Je n’avais personne à qui me confier à l’époque. En écrivant ces mots, je réalise que je n’en n’ai peut-être même jamais parlé en fait.

Je n’ai jamais eu beaucoup d’estime personnelle… J’ai finalement eu ma première fois, à un moment inopportun lors de mon souper de fête alors que toute ma famille était à l’étage. À la presse, pour régler ça.

Ma-Gique! :\

amour

Maintenant que j’ai beaucoup changé, je comprends à quel point c’est terrible et que personne ne devrait jamais se retrouver dans une telle situation. Si tu te reconnais dans ce type de relation, j’aimerais être pour toi l’amie que je n’avais pas à l'époque et te dire :

Quitte! Tu mérites le respect en toutes circonstances. Je sais que ce n’est pas facile et que tu doutes et te remets en question, mais c’est exactement l’effet que créent les manipulateurs sur leurs victimes. La violence ne laisse pas toujours des marques physiques. Et je te promets que plus on exige le respect, plus on l’obtient.

Source de l'image de couverture : pixabay.com

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