Un soir tu venais me chercher à la job, nous sommes allés à mon char et tu m'as tendu un oignon en disant, avec un mi-sourire : « Tiens, c'est sûrement tombé du sac d'épicerie à ma grand-mère. Tu le veux? »

J'ai ri un peu en te trouvant un peu maladroit et pas mal cute en même temps. Sans penser que ce serait un instant que je chérirais plus tard, j'ai simplement dit : « ok. » J'ai pris l'oignon.

Je l'ai déposé dans le fond du char. Je l'ai oublié une semaine ou deux. Il y a pas trop longtemps, je l'ai vu dans le fond de la valise, ses feuilles toutes déchirées. L'oignon était amoché. Les couches de sa peau se séparaient de sa chair à force de se faire projeter contre les parois de l'auto. Comme mon cœur, genre. Faut dire qu'un gars qui fait l'épicerie pour sa grand-mère, c'est assez rare. Quand t'en trouves un, tu le gardes.

Quand je l'ai revu, je l'ai pris et je l'ai lancé sur l'asphalte de toute mes forces. C'était la dernière chose que tu m'avais donnée avant de me laisser quelque temps plus tard.

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J'aurais pu le manger, tsé. J'aurais pu le trancher afin de pleurer juste une fois de plus. Mais non, j'avais encore de la haine envers toi. Toi pis ton criss d'oignon. Je t'en voulais. Mais là ça fait un mois que t'es plus là et aujourd'hui je ne peux que rêver d'un bouquet d'oignons. Juste une autre chance.

Je réalise toutefois peu à peu qu'avec un gars de même, je ferais juste pleurer jusqu'à mon dernier soupir à l'haleine douteuse. J'en ai assez de toujours manger la même chose de toute façon.

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