Lettre sur ta naissance

Lettre à mon corps

Lettre sur ma guérison

Je me rappelle de cette matinée, il était 9h00 du matin et la salle d'opération grouillait de partout. Les spécialistes se préparaient et moi j'étais tout simplement sans mot. Couchée sur la minuscule table d'opération en faisant la croix, je sentais mes jambes disparaitre ainsi que le haut de mon corps. Ton arrivée se préparait tranquillement et les gens semblaient si calmes que ça me rendait moins anxieuse. L'idée de me faire ouvrir le ventre - et de savoir que seul un drap me séparait de cette intervention -, me fascinait au point d'avoir peur. Mon repère était la main de mon conjoint. Il était si près de moi que je ne pouvais la lâcher. J'avais besoin de sa chaleur et de sa présence près de moi. La césarienne avait commencé et je sentais les mouvements dans mon ventre, mais aucune douleur. L'anesthésie était si forte que je ne pouvais rien ressentir.

Tu est arrivé à 9h44. Ton cri et tes pleurs ont annoncé ta naissance. Mes yeux brouillés par les larmes, je te sentais sur moi, je te sentais sur ma peau. Ta petite tête sur mon thorax et ton minuscule corps sur mes seins. Je sentais enfin la vie que j'avais créée à l'intérieur de moi. Enfin, tu étais avec moi, tu étais sur moi, tu respirais sur moi. Tu vivais à l'extérieur de ton petit cocon dans lequel tu t'étais formé durant neuf mois.

Tu étais si petite, je n'avais pas encore eu le temps de te prendre dans mes bras. J'étais en salle de réveil et toi tu étais en train de coller ton papa sur son torse avec sa chaleur humaine. Je ne pouvais assister à ce moment, mais je sais que ce fut un moment exceptionnel pour vous deux. Votre rencontre peau à peau. Enfin, il pouvait te sentir près de lui après neuf mois d'attente. Il pouvait te voir et t'avoir près de lui.

Toi et moi, on s'est rencontrés peau à peau après mon réveil, après ma douleur au ventre et mes étourdissements. Tu étais sur moi, les yeux fermés, si petits, en train de dormir comme tu le faisais dans mon ventre quelques heures plutôt. Maintenant, je pouvais te sentir sur moi. Je pouvais te toucher et t'embrasser sur ton petit front.

naissance

Source de l'image : Josiane Forest-Lamothe

J'étais branchée de partout : un soluté, une sonde et une machine à pression. Mon corps avait subi une opération, ma tête avait subi l'intervention. Tous mes membres se reposaient pour se remettre de cette gamme de stress qui commençait à baisser tranquillement, mais la douleur était présente, car mon corps était en train de revenir à lui-même. Je sentais la brûlure de la cicatrice ainsi que son picotement. Je sentais le tube qui me permettait d'uriner ainsi que le soluté qui était accroché a mon bras par une aiguille. Mon corps était devenu celui d'une femme qui avait mis au monde une petite fille. Il acceptait sa transformation et il faisait le deuil de ce qu'il avait créé durant ces neuf mois.

Je suis rendue à ma guérison et à l'acceptation de ces changements. Tranquillement, je revois mon corps revenir. Tranquillement, je guéris et ma convalescence laisse des traces sur mon ventre. Je me regarde et j'aime la personne que je suis devenue. Ma cicatrice me donne le courage d'être une mère, être celle qui sera présente pour Romy. Elle me donne le bonheur de partager des petits moments avec ma fille. Ma cicatrice est celle qui me permettra d'expliquer mon histoire aux autres femmes ainsi qu'à ma petite. Ma guérison se passe aussi à travers mon moral et mon état d'âme. Je pleure parfois de fatigue et d'angoisse, je pleure de peur ainsi que de bonheur.

Postpartum ou non, je crois que pour le moment j'ai le moral, mais je travaille fort sur l'anxiété qui est parfois si présente, mais contrôlable, car je dois être présente et calme pour Romy. Elle m'aide à me centrer sur moi-même et à ne plus me faire 1000 scénarios à l'intérieur de moi. Ma guérison se fera à long terme : un obstacle à la fois, une inquiétude à la fois. Je sais que tu apaiseras mes pleurs et mes peurs 31

Lettre d'une maman qui se sent loin d'être parfaite

@lecarnetdesimparfaites
Source de l'image de couverture : Unsplash
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