Lettre à mon moi du passé.

Lettre à celle que j’étais, lorsqu'il est parti.

Tu ne me connais pas encore, mais moi si. Je t’aligne ces quelques mots, ceux que j’aurais aimé lire lorsque j’étais toi.

Tu connais sans doute le verbe assez renommé : apprendre.

Un terme assez large. Qui englobe une multitude de significations.

Nous apprenons chaque jour. Toujours et plus encore, d’après les choix que nous mettons à l'avant-plan et ceux que nous laissons de côté, comme s'il s'agissait de simples figurants.

Il faut faire des choix. Il faut faire des erreurs. Pour persévérer. Il faut se tromper, afin de se voir grandir et s’envoler. Et il n’y a rien de plus beau que d’apprendre à vivre avec les cicatrices que nous laissent les épreuves de la vie.

Tu ne le sais pas encore, mais voilà quelque chose que sous peu, tu apprendras : la fausseté du terme « oublier pour avancer ».

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Source image : Unsplash

Et pourtant, je le voulais. Je voulais oublier. Je voulais effacer certains souvenirs, puisque la douleur intérieure était si intolérable, que ça me faisait peur. Pourquoi avoir si mal. Un mal si intense, rempli de vide. Un sentiment de boule à la gorge et de nœud dans l’estomac. Ce mal infernal, inimaginable, qui circule à ton cœur, découlant lentement jusqu’à tes tripes. Ce mal que tu ressens jusque dans l’extrémité de tes petites mains frêles délaissées. Celui qui te coupe le souffle et t’empêche de respirer. Je voulais tellement et désespérément qu’il disparaisse.  Je voulais une télécommande. Pause, recule, avance, quoi que ce soit, mais pas sur play, pitié. Je ne voulais pas le vivre. Je voulais m’en débarrasser aussi facilement que l’on se débarrasse d’une vieille poupée Barbie un peu abîmée à l'âge de neuf ans. Je voulais oublier. Je voulais la facilité. Je voulais n’avoir jamais rencontré cette personne qui partageait autrefois ma vie, et qui maintenant, me semblait parfaitement étrangère. Je voulais n’avoir jamais aimé. Ne jamais avoir donné chacune des petites parcelles de mon être à celui qui les a si facilement jetées.

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Ma belle, tu n'oublieras pas. Tu apprendras. Apprendras à vivre avec. Avec ces absences soudaines qui surviennent des gens que l’on aime. Tu toléreras le mal, malgré le fait qu'il te semblera incessant et éternel, puisque tu t’apercevras que seconde après seconde, jour après jour, il deviendra de plus en plus abstrait, de plus en plus flou. Le feu deviendra flammèche, et laissera place à une simple braise. Jamais il ne disparaîtra, il  fera partie de toi. De tes souvenirs. Et ça, tu dois l’accepter. Il va te changer et te rendre plus forte.  Transforme cette douleur, fait d'elle ta nouvelle alliée, ta nouvelle arme. Dorlote-la, rassure-la. Prends-en soin. Puisque le jour où tu te permettras enfin d’avoir mal, tu commenceras peu à peu à te sentir mieux.

Lorsque j’y repense, je suis contente de ne pas avoir oublié. Je n’aurais pas voulu effacer des moments et des sentiments qui ont permis à celle que je suis aujourd’hui, de voir le jour. Parce que j’en suis fière. Parce que chacune des journées plus difficiles ont forgé cette femme qui aujourd’hui,  dans le reflet de mon miroir, me sourit. Elle est heureuse d’être heureuse, parce que jadis elle a eu mal, mais qu’à ce jour, elle a grandi. Donne-toi le droit de vivre cette souffrance, de ressentir pleinement ta peine. De verser des larmes. De crier tes démons.

Et par dessus-tout, de vivre ta douleur.

Arrose-la telle une fleur, et un jour tu verras, elle ne sera plus qu’épine, tandis que toi tu fleuriras.

Femme, cheveux brun, ciel, champs, soleil

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