Plus jeune, je faisais partie de ces filles dont les copines rigolaient à cause du regard de dégoût posé sur leur visage à la vue des enfants, « beurk » ! Toi aussi tu es de ces filles- là ? Alors tu dois savoir que je les voyais comme des petits êtres mignons, de loin. Eux qui avaient un excès de bave sur le visage, qui poussaient des cris un peu trop stridents à mon goût, qui avaient les mains pleines de microbes, et qui s’approchaient bien trop près de ma bulle de sécurité. Je hurlais dans ma tête !

Il faut dire aussi que je suis la dernière de ma fratrie, alors cet univers où grouillent ces petits êtres m’était totalement inconnu et me faisait bien peur. Et puis, j’ai joué les gardiennes d'enfants, une fois, deux fois, dix fois. Entre changements de couches peu ragoûtantes et biberons trop chauds, j’ai eu le temps de voir l’envers du décor. Et contre toute attente, un sourire s’est posé sur mon visage le jour où un de ces petits êtres s’est endormi dans mes bras, fermant les yeux tout doucement et respirant paisiblement. J’en ai eu des frissons.

mains bébé moment mèreSource image: Unsplash

Je vais pas vous sortir le discours de la fille qui a finalement été prise d’amour pour les enfants, du jour au lendemain. J’ai simplement compris à quel point cela doit être puissant de voir un être grandir, de le protéger, de le respecter et de l’aimer tout simplement pour ce qu’il est. Et j’ai compris pourquoi à la fin du film Le premier jour du reste de ta vie, le père si ému dit à ses enfants assis autour de la table : « Vous regarder grandir tous les trois, c’est le plus beau spectacle auquel j’ai assisté dans toute ma vie. Avoir des enfants, c’est une chance merveilleuse. ».

A l’approche de « mes joyeux 30 ans », l’éternelle question « et toi, tu veux des enfants ? » revient souvent dans les discussions avec mes amies. Je suis admirative de celles qui remettent en question le souhait de vouloir des enfants pour privilégier la planète avant tout, celles qui pensent qu’elles ne seraient pas à la hauteur et ne se rendent pas compte qu’être leur enfant serait merveilleux, celles qui privilégient leur liberté et indépendance et réalisent qu’elles ne sauraient pas accorder tout le temps nécessaire à leur enfant et enfin, celles pour qui il est tellement évident qu’elles veulent un enfant qu’elles seront de celles qui feront un bébé toute seule si elles n’ont pas le choix.

Et moi dans tout ça ? Et bien, je sais juste que mon cœur sait à présent que le moment viendra où ce sera le bon moment ! J’ai arrêté la pilule il y a un an, pour laisser mon corps s’exprimer librement et ressentir à quel point mes hormones peuvent m’influencer. Aujourd’hui, je prête davantage attention à l’effet de mon cycle menstruel sur mes humeurs, mes émotions et aux douleurs que cela engendrent, et j’accepte ce phénomène tel un rituel d’acceptation en tant que femme et en tant que créatrice de vie.

famille traditionelle signeSource image: Unsplash

Lou Doillon a récemment dit une chose qui ma touchée : « On doit parler du tabou des règles. Oui, en fait, tous les mois, que je le veuille ou non, même si je bosse 12 heures par jour, mon corps entier est occupé par l’idée d’engendrer, et en fait une fois par mois, je perds une option de vie. Cela replace un peu les choses. J’ai moyennement le moral aujourd’hui, car je perds un litre de sang et la possibilité d’un enfant. »

Et quand, parfois, lors de ces instants qui n’arrivent une fois par mois une absence physique se fait sentir, alors les urines du matin me font savoir si un petit être grandit en moi. Et si, le signe négatif apparaît, c’est là que mon cœur se serre, je sens une pointe de désespoir, une légère douleur au ventre et je reprends mon souffle, pour que ma tête me crie « mais tu n’es même pas prête ! », c’est alors que mon cœur souffle « est ce qu’il y a vraiment un bon moment ?»

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