J’étais en couple avec un homme depuis 3 ans et demi.

Ça n’allait plus, alors, un soir, je suis allée coucher chez une amie pour prendre un peu de recul et penser à la suite des choses. Le lendemain soir, lorsque je suis rentrée du travail, y’avait des souliers de femmes dans l’entrée. Des souliers qui ne m’appartenaient pas.  À ce moment-là, je me suis sincèrement demandée si cela me dérangeait. J’ai pris une grande inspiration et la réponse fut : Non! C’est pas ma vie ça! Je me suis dirigée vers notre chambre à coucher. Le lit était défait. Personne.

Je suis allée à la cuisine. J’y ai trouvé un sac à main, dans lequel j’ai fouillé, bien évidemment. Si tu te permets de coucher avec mon chum, dans ma maison, je peux toujours bien savoir qui tu es! J’ai trouvé un nom et une photo… une blonde!

J’ai pris une autre inspiration et suis descendue au sous-sol, où mon conjoint dormait parfois lorsqu’il travaillait de nuit, parce que la chambre y était plus sombre de jour. « Ils » y étaient et dormaient. Je suis allée du côté où elle était. J’ai enlevé les couvertures. Elle était nue. Je me suis présentée: Salut (son nom), je voulais juste me présenter. Je suis (mon nom), c’est ma maison, c’est mon lit, c’était mon chum. Je me suis dit que c’était important de se présenter!

Elle s’est tournée et s’est rendormie. Je ne lui en voulais pas, elle n’avait rien à voir dans mon histoire. C’est avec lui que j’avais une entente, pas elle! Lui, qui s’était réveillé entre-temps, me dit : Capote pas! Je lui ai souri: Inquiète-toi pas. Je vais pas capoter!

Je suis retournée en haut et j’ai commencé à faire mes boites. J’ai mis la toune « Maudit menteur » de Nicolas Ciccone en boucle. C’était vraiment intense, quand j’y repense. Mais, sur le coup, je pense que c’est devenu méditatif : je ne parlais pas, à l’époque, tout restait en dedans. Et, à mon souvenir, je suis restée étonnamment calme.

J’ai besoin qu’on parle fort pour que je comprenne. La situation était maintenant très claire. Je n’ai pas réécouté cette chanson depuis.

Après un moment, j’ai entendu la douche couler. Elle était ben à l’aise, elle a pris le temps de prendre sa douche! Puis ils sont montés et il est allé la reconduire.

Je suis devenue un peu baveuse:  Tu vas pas quitter comme ça? T’as même pas déjeuné!

Il est resté avec cette fille plusieurs années, cumulant les maîtresses. Il avait une blonde, une maîtresse et des aventures. Il a eu des enfants en alternance avec ces femmes. 4 ou 5, peut-être plus. Il a fini par s’acheter un duplex et installer deux de « ses » femmes de chaque côté. Un gars pratico-pratique! Moi, tant que t’assumes, ça me va.

J’ai quitté cette vie pour ne plus jamais y retourner. Je l’ai revu récemment et il m’a dit ne pas avoir compris pourquoi j’étais partie.

C’était ma première relation adulte. Ça m’a formée, ça a changé mon ADN. J’avais compris que c’était la norme : du moins, tout le monde semblait me dire que ce l’était. À ce moment, je me suis promis que jamais plus on ne me ferait douter ainsi et que j’allais m’arranger pour ne plus jamais être affectée par ce type de relation. Et vous savez quoi? J’ai réussi. J’ai aussi compris, plusieurs, plusieurs années plus tard, que ce n’était pas le chemin que j’aurais voulu prendre. Je me suis fait une carapace et devenant un homme dans un corps de femme, alors qu’on fond, je suis une romantique Desesperate Housewife!

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