Évènement tragique : Une femme magasine des débarbouillettes pour son bébé avec l’aide d’une vendeuse aguerrie. Venues au moment de choisir la couleur, la vendeuse pose à la mère une question pouvant paraître innocente : «Votre bébé, c’est un garçon ou une fille?». Le poupon étant de sexe féminin, la mère se fait attribuer des débarbouillettes roses. La bombe est larguée. Cet enfant de 2 mois s’est déjà fait imposer sa couleur préférée et ce, malgré le fameux dicton « les goûts sont dans la nature ». 

rose ou bleu

Source : mundomulheres.com

La socialisation genrée est l’ensemble de ces comportements, auxquels nous sommes exposés dès que nous devenons parents, qui guident nos enfants sur un chemin différent selon leur sexe. Elle se manifeste à travers les générations, prenant tantôt la forme d’un casque rouge de pompier offert à un garçon de 3 ans, tantôt celle d’une remarque désobligeante adressée à une fillette ayant laissé s’échapper certains gaz nauséabonds. Que ce soit dans les objets offerts aux enfants, dans l’éducation qu’ils reçoivent de leurs parents ou dans les pratiques pédagogiques des écoles, un fossé est creusé entre les garçons et les filles depuis le moment même de leur conception. De plus, nous sommes tous et toutes conscientEs que des inégalités entre les hommes et les femmes se perpétuent sans cesse au cours des siècles et, appelez cela un phénomène paranormal si vous voulez, la plupart de ces inégalités s’expliquent par la socialisation genrée. Voici un exemple : nous savons que le taux de suicide chez les hommes est trois fois plus élevé que chez les femmes (Statistique Canada, 2009). Dans l’éducation que les garçons reçoivent en général, peu de place est accordée à l’expression des émotions comme la tristesse. Certains adultes iraient même jusqu’à réprimer un enfant de sexe masculin se montrant trop sensible puisqu’un homme se doit d’être fort et protecteur. Ayant été élevés de la sorte, beaucoup d’hommes vivant une détresse psychologique importante ne voudront pas aller chercher de l’aide de peur d’avoir à mettre sur la table leur « faiblesse ». Ils auront donc recours à la dernière solution possible pour mettre fin à leur détresse : le suicide. Cet exemple montre les impacts désastreux que peuvent avoir des évènements tout à fait anodins à nos yeux. Il est par contre temps de se questionner comme société sur ce que nous voulons réellement pour l’avenir de nos enfants. En tant que parents, il est important de prendre conscience de la place capitale que nous avons dans le processus de socialisation de nos enfants. 

bébé rose bleu

Source : etsy.com

Les parents ne sont pas les seuls à blâmer dans cette situation puisque la société de consommation a une grande part de responsabilité dans la perpétuation du phénomène de la socialisation genrée. Qui n’a jamais craqué pour une magnifique cuisinette à donner à sa fille? Qui n’a jamais fondu devant un petit pyjama de Superman à offrir à son prochain neveu? Les grandes entreprises commerciales savent toucher nos cordes sensibles et celles de nos enfants. Sans ça, elles se retrouveraient bien vite les poches vides. Par contre, comme parents, il est parfois difficile de voir l’impact que peut avoir une simple Barbie dans la vie de notre fille. En outre, si on prend un moment de recul pour observer globalement ce qui est offert aux garçons et aux filles, que pouvons-nous observer? Pour les garçons : des jeux de guerre et d’action axés sur le mouvement, la compétition et parfois la violence, des jeux de construction et des vêtements de sport pratiques pour bouger. Pour les filles : des jouets comme des poupées et des cuisinettes axés sur la vie maternelle et l’univers domestique et des vêtements comme des jupes et des robes permettant difficilement les mouvements. Tous ces objets qui nous sont offerts ont des impacts considérables sur les enfants. Par exemple, les jeux pour garçons sont très peu orientés vers le développement de la communication et les jeux et vêtements pour filles confinent souvent ces dernières dans l’immobilité. De plus, surtout chez les garçons, la transgression de genre, c’est-à-dire le fait d’être intéressé par les objets et les activités de l’autre sexe, est souvent réprimée. Une simple boucle dans les cheveux ou le désir de s’appliquer du rouge à lèvres peut se révéler un incident diplomatique pour un petit garçon. Il est donc important comme parents de prendre garde aux pièges dressés par la société de consommation qui contribue à faire régner, une fois de plus, des inégalités autant déplorables qu’évitables entre les sexes.

bebe

Source : bbc.com

Pour remédier à la socialisation genrée, plusieurs possibilités d’action s’offre aux parents. Par exemple, le fait de ne pas révéler le sexe de l’enfant avant sa naissance permet un shower beaucoup plus neutre. De plus, le simple fait d’aider son enfant à développer son esprit critique par rapport aux produits de consommation auxquels il est exposé peut l’aider dans son cheminement social. Notre but n’est pas de promouvoir à tout prix la transgression de genre ou la neutralité totale dans les produits de consommation, mais plutôt d’encourager le plus tôt possible le libre choix de l’enfant. Nous souhaitons ainsi acquérir une société où chaque individu pourra être ce qu’il veut sans avoir à combattre le jugement pesant d’une société conditionnée. Dans le but de conseiller davantage les parents sur des pratiques de consommation moins genrées, nous seront présentes au Salon Maternité Paternité Enfants de Québec le 30 avril prochain. Un petit guide d’achat sera distribué gratuitement pour orienter les consommateurs vers des choix respectueux des goûts de leurs enfants! Au plaisir de vous y voir!

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