Il n’y a aucune limite à ce que nous pouvons accomplir - Michelle Obama

En 2019, il existe encore des métiers typiquement considérés comme étant des métiers d’homme. Qui sont ces femmes qui décident de pratiquer un de ces métiers tout en sachant qu’elles risquaient d’être confrontées à divers types de commentaires par rapport à ce qu’elles ont entre les jambes?

6 modèles, 6 femmes (extra-)ordinaires, mais ô combien inspirantes par leur force de caractère et leur je-m’en-foutisme inspirant.

Je vous présente donc:

Vicky

27 ans, poseuse de revêtement souple (ouin, moi aussi je me demandais ce que ça mangeait en hiver, mais t’inquiète, je vais parfaire tes connaissances) depuis un an

Karine

35 ans, manoeuvre spécialisée - journalier (de quossé?) depuis deux ans

Victoria

26 ans, tatoueuse (ok, ça vous savez ce que c’est) depuis sept ans

Émilie

31 ans, programmeuse web depuis dix ans

Claudia

33 ans, ouvrière agricole-agricultrice depuis dix ans

Geneviève

30 ans, ingénieure civil spécialisée en structure depuis huit ans

Question de me coucher moins niaiseuse, j’ai commencé par demander aux filles en quoi consiste leur métier:

Vicky:  « Le métier de poseuse de revêtement souple consiste à installer des revêtements de tapis, linoléum (hôpitaux), lièges et revêtements sportifs (gymnases, terrains synthétiques). Je dois prendre les mesures des surfaces à recouvrir et les préparer, procéder au découpage du revêtement choisi, appliquer la colle appropriée puis l’installer. »

vikki casque jaune

Karine: « Je travaille à la préparation des terrains avant certains types de travaux, je passe la plaque vibrante (jumping jack) ou encore, je pose de la tourbe. Je fais également du branchement d’égouts, je magasine les matériaux et je conduis le camion de service pour ravitailler et faire l’entretien de la machinerie. »

karine jumping jack

Victoria: « Je crée un (ou plusieurs) tatouage sur mesure pour chaque client. J’utilise mon talent en dessin pour personnaliser chaque oeuvre à l’image de la personne qui le portera. Une fois le dessin approuvé, je le reproduis sur la peau. »

Émilie: « Je construis et améliore des sites web. Je découpe et optimise les images et le visuel du site web fourni par un designer web et intègre ce visuel à l’aide de codes informatiques. Je dépanne les clients qui ont un problème avec leur site internet, je fais du contrôle-qualité, je mets des sites en ligne et je fais du soutien technique. »

Claudia: « Je travaille sur une ferme et dans les champs, je m’occupe de l’alimentation des animaux et d’en prendre soin.  Je dois également m’occuper du côté « paperasse » pour la régie du troupeau. »

claudia camion ferme

Geneviève: « J’analyse, je conçois et je suis chargée de divers projets liés au domaine de la construction. J’assiste à des réunions au bureau et sur les chantiers, je calcule, élabore et coordonne des plans et des devis. »

J’ai demandé à ces 6 charmantes personnes si le fait d’être une femme dans un milieu « typiquement masculin » les aidait sur certains aspects de leur travail?

Victoria me dit être une personne très à l’écoute et qui se préoccupe énormément du confort et du bien-être de ses clients: « Ces qualités peuvent se retrouver également chez les hommes, mais ma douceur, mon écoute et mon empathie sont sans doute des caractéristiques qui sont appréciées de mes clients. » Je confirme! Lorsqu’elle m’a tatouée, elle a été si compréhensive malgré la délicatesse de ce que je lui demandais et je pense que le fait qu’elle soit une femme m’a mise à l’aise de lui confier des détails de ma vie plus intime.

Claudia, tant qu’à elle, travaille avec son conjoint et, ensemble, ils forment une équipe des plus géniales, car les faiblesses de l’un sont souvent les forces de l’autre. Ils veulent transmettre à leurs enfants la fierté de nourrir le Québec avec des produits de qualité. Comme le dit le dicton de l’UPA (l’Union des Producteurs Agricoles): « ça fait partie de la recette... »

Elles m’ont toutes clairement mentionné que leurs aptitudes au travail ne dépendent pas du sexe de la personne, mais bien de la personne elle-même. Une femme qui travaille physiquement peut en arracher de temps à autre, comme Karine, Claudia et Vicky me le soulignent, mais certains hommes peuvent avoir le même problème. Homme ou femme, il suffit de trouver de bonnes techniques de travail et le tour est joué... ou presque.

« Parfois, je reçois de l’aide pour apporter les choses plus lourdes, dit Geneviève. Mes collègues de l’autre sexe n’ont pas droit à ce petit luxe. »

Qu’en est-il des malaises ou des remarques négatives dus à votre statut de femme? Un gars aurait-il eu droit aux mêmes situations désagréables?

Geneviève: « En tant que jeune ingénieure, je peux être une proie facile pour certains entrepreneurs qui ne respectent pas toujours ce que je leur dis. Il m’arrive d’entendre: Je l’ai toujours fait comme ça! Il me fait alors plaisir de leur répondre: Eh bien, tu l’as toujours mal fait! »

Wow Gene! You rock!

Victoria: « Un homme s’est déjà présenté devant moi pour discuter d’un projet de tatouage. Il m’a dit qu’il voulait se faire tatouer le pénis. Étant donné que je ne suis pas à l’aise avec ce genre de demande, j’ai tout de suite dit à cette personne que je refusais son projet. Il a continué à décrire ce qu’il souhaitait, puis BANG, il s’est sorti l’engin devant moi. Non, il n’aurait probablement pas fait ça à un collègue masculin! Sérieusement, ce genre de situation ne devrait jamais se produire. »

Karine: « Souvent on cherche à valider mes consignes ou mes décisions avec mon conjoint qui travaille avec moi. Les clients et les fournisseurs ont parfois des doutes sur mes connaissances dans ce domaine. » Karine et son conjoint ont décidé de fonder leur entreprise pour permettre une plus grande lassitude et flexibilité d’horaire pour s’occuper de leurs deux mignonnes fillettes d’âge préscolaire.

Claudia: « Un jour, quelqu’un m’a dit que l’avenir de l’entreprise familiale était assuré maintenant que j’ai un fils. Je lui ai répondu que ce sera peut-être ma fille qui voudra prendre la relève, qui sait? »

Parfois, pour une situation personnelle ou professionnelle, il m’arrive de pleurer. Eh oui, je vous le dis, je fais ça moi! Mais j’ai la chance de travailler dans un bureau à l’abri des regards avec des filles qui, disons-le, sont aussi braillardes que moi. Mais un fille entourée de testostérone, ça fait quoi quand ça a envie de pleurer?

Karine et Émilie: « Pleurer, ça ne règle pas les problèmes, mais c’est parfois utile. Au même titre que crier ou sacrer, pleurer nous libère d’un poids et nous permet d’exprimer une émotion. C’est souvent mal vu, incompris ou pas pris au sérieux, mais ça amène à se questionner. Autrement dit, on braille une bonne shot, on en parle et on trouve des solutions. »

Finalement les filles, qu’auriez-vous à dire ou quel conseil aimeriez-vous donner à une jeune fille qui songe à travailler sur un chantier de construction, dans un bureau de design web, comme tatoueuse ou encore avec les vaches?

À l’unanimité, ON Y VA! On ne se laisse pas impressionner par ces hommes qui parlent un peu plus fort que nous! Il y a de la place pour nous toutes dans ces milieux professionnels. Des gens louches ou désagréables, il y en a malheureusement partout. De plus en plus, la vie change, les jobs changent, mais surtout, les mentalités changent. On est de plus en plus ouverts et à l’aise de voir des femmes dans pratiquement toutes les sphères professionnelles. Chacune d’entre nous a ses qualités, ses opinions et ses rêves et vous ne devriez pas laisser quelques machos vous empêcher de les réaliser.

Go les filles, le monde est à nous!

PS: Pour en savoir plus sur les métiers mentionnés dans mon article, on visite le site internet du gouvernement du Québec ou de l’UPA. Le métier de tatoueur (ou de tatoueuse) n’en n’étant pas un reconnu, on doit être formé par un « mentor » qui nous enseignera les secrets du métier.

Source image de couverture: Pixabay
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