J’aime m’imaginer que notre vie est une toile blanche sur laquelle nous avons le loisir de peindre à l’infini. Au fil des saisons, de nos humeurs, des jours. Chaque trait peut être bien senti ou encore empreint d'hésitation. La ligne peut être franche et tourbillonnante ou encore brisée et sombre. Au fond, peu importe.

L’important est de s’exprimer et de donner libre cours aux émotions qui nous habitent.

Certains jours, ma toile est foncée.

La mélodie qui s’en dégage est plus chargée et mes doutes prennent plus de place. Je me sens presque trembler parfois. Je déteste ces couleurs. Je voudrais pouvoir tout effacer et me servir de celles que j’aime tant, que j'aime plus. Mais je ne suis pas capable.

Mais tout passe et s’estompe, finalement.

Ce qui me dérangeait dans ces tonalités dures prend tout à coup son sens. J’ai appris que nous n'avons malheureusement pas toujours le contrôle sur les émotions que nous voulons véhiculer. Elles demeureront le temps qu’elles en ont besoin, puis finiront par se dissiper tout doucement, comme le brouillard du matin. Lorsqu’elles me quittent, la robe foncée des couleurs qui les accompagnent ne me fait plus peur.

J’ai aussi appris que nous devons être patients avec les parties encore en apprentissage. Un jour, je serai plus habile pour mélanger une goutte de blanc au noir. Puis deux et trois gouttes. Jusqu'au nombre nécessaire.

Puis, viennent les couleurs vives ou douces.

Celles qui te donnent envie de te laisser porter au gré du vent et de contempler les mille et une beautés du monde qui t’entourent. Celles qui t’amènent à te regarder dans le miroir en souriant. À tout voir plus clairement ce qui se passe en toi et à faire un pied de nez à chaque parcelle d’hésitation qui a un jour pu naître quelque part.

Ces couleurs sont à la base de tout.

C’est avec elles que l’on peut construire et vivre. Pour une raison ou une autre, elles peuvent aussi nous faire peur. Le bonheur, bien que si convoité, apporte également une part d’insécurité. Et si tout était trop beau pour être vrai? Et si le simple fait de me laisser aller me compromettait?

Mais les couleurs ne mentent jamais ni ne nous envoient sur le mauvais chemin, car ce sont les nôtres. Elles prennent racine dans nos cœurs et se déploient, au rythme exact de ce qu’elles ont le pouvoir d’engendrer dans nos vies. Et un jour, on lève les yeux sur ce mélange parfait de tonalités. Elles t'attendent. Sans que tu l’aies demandé, mais tellement espéré.

Ce mélange forme ton essence. Celle qui ne te quittera jamais, même lorsque tu penseras le contraire. Je pense même que ce mélange de couleurs nous lie à quelqu’un, quelque part. Comme un long fleuve ou un fil, qui nous enlace à cette personne, parfois inconnue, qui nous attend également elle aussi.

Après, chaque jour a son ensemble de couleurs.

Tout est changement. Je pense qu’il s’agit là de la beauté même de ce qui nous habite : rien n’est statique. Et, surtout, chaque coup de pinceau a sa place et sa raison d’être. Ne l'oublie jamais. Et peins.

Source de l'image de couverture : Unsplash
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