Pendant les vacances, nous avons loué une maison sur le bord du lac Kénogami dans la région du Saguenay- Lac St-Jean. Lieu pour moi rempli de souvenirs qui propose un retour en arrière de quelques années. Je me replonge à cette époque où j’avais le loisir de m’inviter au chalet familial en tout temps. Je me rappelle ces portions d’après-midi et balançoire, ces portions de soirées près du feu, ces portions de souvenirs qui rappellent la visite de la famille et d’amis, le bien-être, la nature, la sérénité, et l’apaisement.  Dans les moments plus difficiles de ma vie, cet endroit était pour moi un refuge, un endroit qui m’imposait le repos dans la tornade. Pas surprenant qu’on lui attribue le nom de «Villa Paisible».

Je me permets une petite visite à l’improviste de cette Villa Paisible où je ne me suis plus rendue depuis une dizaine d’années.  Comme j’arpente le terrain,  je regarde partout et nulle part à la fois. Le temps a fait son œuvre et étrangement, je ne ressens plus le calme de l’endroit qui jadis m’habitait puisque tout a changé et parce que j’ai changé aussi. S’imprégner d’un copier-coller d’émotions est louable mais je comprends que ce lieu n’est plus nous, il s’est métamorphosé! Maintenant c’est leur empreinte à eux qui s’y dessine et je compose bien avec cet état!

La possibilité de faire demi-tour est non souhaitée et impensable de toute façon! N’est-ce pas ainsi que les deuils se résorbent?

Pour avancer, il faut ouvrir le chemin au présent et laisser se refermer celui du passé. Je discutais avec une amie cette semaine et nous partagions sur le fait que, à bien y penser, le changement c’est déstabilisant, inconfortable mais obligatoirement incontournable. En progressant vers notre métamorphose, un pas à la fois, une marche à la fois, le malaise ou le mal-être laisse place peu à peu à une forme d’harmonie, une ouverture pour que s’installent de nouvelles habitudes, de nouvelles pensées, une nouvelle perception. Le temps fait son œuvre.

railsSource image: Unsplash

La vie se charge de nous apprendre le détachement puisque la seule assurance que nous avons c’est que l’immuable n’en fait pas partie. Même les changements ardemment voulus et prévus demandent une adaptation et un repositionnement. Ce que nous avons souhaité au plus profond de nous-même oblige toujours à laisser aller ce qui n’est plus.

Tout nous pousse à prendre conscience que malgré l’investissement et l’engagement que nous déployons dans nos relations familiales, amoureuses ou amicales, il y aura inévitablement une fin. Cette fin se produira suite à notre propre décision, à la décision de l’autre ou encore parce que la vie s’achève.

Quoique nous fassions, l’expérience de la finitude et des deuils fera incontestablement partie de la vie. Cependant, dans les faits, c’est comme si nous perdions les enseignements à chaque fois, résistant et repoussant l’évidence. S’abandonner et accepter ce que la vie nous trace nous éviterait pourtant bien des souffrances. Les changements bouleversent nos vies tantôt en douceur, tantôt dans la fougue, tantôt dans l’inconnu.

route avec arbresSource image: Unsplash

Ne voyageons-nous pas dans le train de la vie qui nous mène au fil des gares?  Nous déposons nos valises le temps de faire une pause, de se poser, le temps de digérer les transitions et reprendre les rails. Pas de demi-tour possible! Et même si tout revenait exactement comme avant, le changement a fait son œuvre en nous, tout est différent, pas de demi-tour possible!

Il nous reste à développer notre résilience et à avancer! On peut jeter un regard derrière nous, mais il n'y a aucune possibilité de faire marche arrière.

Pas facile pour les nostalgiques. Le suis-je peut-être un peu finalement.

Source image couverture: Unsplash
Accueil