Dans ma vie personnelle et via le travail, je rencontre de très nombreuses personnes dont plusieurs sont hyper inspirantes. Je suis fière de voir que ma génération bouillonne d'idées nouvelles, veut faire bouger les conventions et ne reculent devant rien pour créer, à sa manière, un monde meilleur. Parmi ces gens qui m'ont inspirée récemment, il y a Ryan Hillier. Travaillant depuis 10 ans dans de grands cabinets d'avocats, Ryan a décidé, en septembre dernier, de tout lâcher ça pour lancer sa propre clinique juridique, avec un modèle d'affaires complètement différent de tout ce qui existe dans le domaine avec Sophie Tremblay, avocate spécialisée en droit du travail et de l'emploi. Je vous l'explique brièvement: Novalex s'est engagée à offrir une heure de service juridique pro bono pour CHAQUE heure facturée à un client d'affaires. Fou, non? Dans son premier trimestre, Novalex a ainsi conseillé ou représenté 15 clients pro bono, répartis entre des individus à faibles revenus, des organismes à but non lucratif et des entreprises en démarrage et ça va continuer de bon train. La preuve qu'en matière d'accès à la justice, les besoins existent vraiment. Pour continuer sa mission de rendre la justice plus accessible, Novalex continue de croître et est donc toujours à la recherche d’avocats qui souhaiteraient se joindre au projet.

novalex ryan hillier

Histoire de vous inspirer un peu à votre tour, je l'ai retrouvé le temps d'un café pour en jaser un peu. Voici un résumé:

D'où t'es venue l'inspiration pour Novalex?
Ça faisait 10 ans que j'étais avocat dans des cabinets de droit des affaires, j'ai été assermenté à 21 ans. C'est la seule chose que j'ai connue: travailler dans des grands bureaux pour des grandes sociétés, des litiges de grande envergure. Parallèlement, j'étais très impliqué sur le plan philanthropique, communautaire et social. Je menais ces implications le matin très tôt et le soir très tard. J'ai eu envie de pousser mon impact social à un autre niveau et faire en sorte que ce soit central dans ce que je fais dans la vie. J'ai ainsi voulu fonder quelque chose qui aurait une mission double: une mission commerciale et une mission sociale. C'était important pour moi de ne pas tomber à 100% dans le philanthropique, car il y a d'autres défis dans ce domaine, plusieurs passent 80% du temps à trouver des façons de financer leur travail social. Je voulais créer un modèle qui auto-financerait son impact social à travers ses activités commerciales. C'est comme ça que je suis arrivé au modèle Novalex. D'une part, je sers une clientèle d'affaires et ça me permet de fournir des services gratuits à des individus à faible revenu, des OBNL et des entreprises en démarrage.
Pour les clients d'affaires, c'est gagnant, car les services de Novalex sont moins chers que ceux des grands cabinets vu un coût d'exploitation réduit, même si la qualité du service est la même puisque nos avocats proviennent de grands cabinets. De plus, ils voient pleinement leur impact social et savent qu'en payant leur facture de services juridiques, ils permettent d'aider réellement des gens.

Comment ont réagi tes anciens collègues?
Ça dépend. Beaucoup de gens de notre génération ont tout de suite compris. Plusieurs travaillent d'un côté ou de l'autre, soit purement dans le milieu commercial, soit dans le milieu philanthropique et ils aimeraient travailler dans une structure hybride comme ça, car ils sont déchirés entre les deux. J'ai reçu des dizaines de CVs, des avocats, secrétaires, étudiants, qui voulaient venir travailler pour nous, ce qui était quand même cool. Dans les autres strates, comme ceux de la génération de nos parents, qui ont travaillé au même endroit toute leur vie pour essayer de gagner toujours plus, certains comprenaient un peu moins l'idée de quitter ma grosse job avec un gros salaire pour démarrer un projet sans être certain que ce projet rapporterait autant ou plus d'argent. Dans mon entourage immédiat, tout le monde se demandait quand je lancerais ma propre affaire alors ça n'a pas été une surprise.

As-tu d'autres exemples d'entreprenariat social qui t'inspirent?
Mon modèle a beaucoup de similitudes avec TOMS shoes. Je ne connaissais pas avant, mais mon ami m'a recommandé le livre du fondateur de TOMS et effectivement, ça ressemble beaucoup à ce qu'on fait. Ce qui m'impressionne le plus en général, ce sont les entreprises qui auto-génèrent l'argent suffisant pour créer leur impact social. Moi, je ne demande pas de subventions, je ne reçois aucun financement. C'est avec nos honoraires qu'on réussit à offrir des services juridiques gratuits. De plus en plus d'entrepreneurs d'ici sont inspirants à ce niveau, comme Alexandre Taillefer qui réinvente une industrie comme le taxi pour la rendre plus moderne, plus verte, plus équitable. C'est quelque chose qui m'inspire, comme tous ceux pour qui l'entreprenariat, ce n'est pas juste de trouver des manières de faire de plus en plus de profit, mais aussi de trouver de quelle manière avoir un maximum d'impact.

Qu'as-tu appris de plus important depuis le lancement de Novalex?
Je crois que ce que j'ai appris de plus important, c'est qu'on ne se rend pas compte quotidiennement à quel point on est chanceux de faire ce qu'on aime et d'avoir ce dont on a besoin pour mener la vie qu'on veut. À travers le modèle qu'on a créé, je rencontre tellement de gens dans le besoin, qui ne réussissent pas à subvenir à leurs besoins ou ceux de leur famille, je trouve qu'on prend beaucoup pour acquis comment on a été chanceux d'avoir eu une éducation universitaire, de s'être fait offrir un premier stage, un premier emploi, etc. Le sort de beaucoup de gens que j'aide aurait été pas mal différent s'ils avaient eu accès à toutes ces opportunités dès un jeune âge.
Leçon d'affaires: un client, c'est précieux. Il ne faut jamais sous-estimer l'importance de la relation avec un client, ne jamais prendre un client pour acquis. Il faut toujours aller plus loin, trouver toujours des solutions au-delà de ce qu'il demande, car la compétition est féroce. Quand tu es nouveau sur le marché, il faut aller plus loin pour que ça fonctionne.

Tes conseils pour ceux qui veulent se lancer?
Il faut absolument faire un plan d'affaires. Ça a l'air tellement simple, MAIS tout le monde a des idées. Moi, chaque jour, j'ai 5 idées de nouvelles entreprises ou projets. Rien de tout ça n'est concret avant d'avoir fait un plan d'affaires qui se tient. Souvent, en le faisant, je me rends compte que mon idée est vraiment mauvaise. C'est important parce que c'est la base de tout le projet. Depuis que je suis parti, je regarde mon plan d'affaires, je compare mes prévisions avec la réalité, etc. C'est un outil de référence par la suite.
Aussi, je pense qu'en 2017, la notion de démarrer une entreprise sans avoir au coeur de celle-ci une composante sociale (si ce n'est pas 50% de la mission de l'entreprise), c'est impensable pour moi. Je pense que la société évolue vers cela, sinon on ne crée pas une économie durable. De plus en plus, les gens sont sensibilisés à ça, veulent faire affaires avec des entreprises responsables, alors pour n'importe quel nouvel entrepreneur qui souhaite se lancer, il doit y avoir une réflexion profonde sur comment cette entreprise va changer le monde de façon positive .

Accueil