Qui dit printemps dit, « rouler les fenêtres ouvertes avec la musique dans le piton», tee-shirt, BBQ et grand ménage de printemps. Après avoir passé plusieurs mois à vivre dans nos cocons, emmitouflés dans nos couvertures et nos pantoufles de Phentex, l’arrivée des beaux jours sort plusieurs de leur léthargie. On retrouve tranquillement le goût de l’air frais, du dehors et de la lumière. Et dans ce grand élan de renouveau, on frotte, on désinfecte, on roule les tapis, et on aère les pièces. On veut que ça brille et que ça sente propre. Dans l’temps c’était armé de vinaigre et de bicarbonate de soude qu’on faisait la guerre à la saleté et aux microbes. Et c’était reparti pour un tour.

Mais il ne s’agit pas seulement de passer la maison à grande eau pour bien nettoyer notre chaumière.

C’est aux germes et microbes qu’il faut porter vraiment attention, et ceux-ci ne sont pas visibles à l’œil nu. Ceux-ci se sont démocratisés au fil du temps et on arrive maintenant difficilement à discerner le vrai et du faux. À grands coups de pub on sait tous comment devenir une fée du logis, mais qu’en est-il de ce qu’on pense savoir au sujet des bactéries, des germes et des virus? Entre deux bouteilles de nettoyant multisurface et trois brassées de lavage, il serait peut-être temps qu’on s’arrête pour faire un autre type de ménage. Celui des idées qu’on entretient au sujet des germes et des bactéries. Parce qu’un rhume de printemps c’est plate en titi.

Plusieurs ont longtemps cru qu’en vaporisant du désinfectant sur le comptoir, on était protégé.

On arrivait presque à nous imaginer dans une armure invisible, une barrière magique arrêtant les microbes à la frontière de la cuisine. Mais le désinfectant n’est pas une incantation, il fonctionne, mais seulement s’il est bien utilisé, sur une surface propre, en respectant le temps de contact. Autrement dit, ce n’est pas une baguette magique, mais un outil qui, mal utilisé, ne sert à rien.

À la base, ce qui fonctionne vraiment pour ne pas propager ces minuscules indésirables, c’est quelque chose de vraiment simple.

Se laver les mains. Avec de l’eau et du savon, et au moins 20 secondes. Le temps qu’on profite de l’odeur du savon, de la chaleur de l’eau sur nos mains. Pas glamour ni révolutionnaire, mais diablement efficace. Je me souviens même avoir lu quelque part que ça pouvait sauver des vies.

Parce que, disons-le-nous, on n’attrape pas froid à cause du froid.

Ce n’est pas le vent d’avril qui nous donne le rhume. C’est le virus qui traînait sur la main d’un collègue à qui on a serré la pince. « En avril, ne te découvre pas d’un fil » que nos mères répétaient n’était pas complètement faux. Mais ce n’est pas ton foulard qui te protège des maladies, c’est ton hygiène.

Et plus on a de jeunes enfants, plus les microbes dansent dans la maison.

Ce n’est pas une malédiction, c’est un fait. Les bisous morveux, les jouets partagés, les doudous baveux… Tout devient un terrain de jeux pour les virus. Alors, on passe notre temps à laver des petites mains, des nez et des doudous. Et parfois on tombe au combat.

On pense souvent que le danger est dans les toilettes publiques.

Mais notre cellulaire qu’on dépose partout, le panier d’épicerie que mille mains ont touché avant nous, ou le terminal Interac sur lequel on tape notre NIP, tous sont de vrais nids à microbes. Des trucs banals, invisibles, auxquels on ne pense même plus.

Le printemps, c’est le bon moment pour ouvrir les fenêtres, oui. Mais aussi pour ouvrir les yeux. Sur ce qu’on fait machinalement, sur ce qu’on croit savoir, sur ce qu’on peut encore apprendre. Et surtout pour remettre en question nos gestes machinaux.

On peut bien laver notre plancher à grande eau, si on continue à croire que le désinfectant est une cape d’invisibilité, on se raconte des histoires. Parce que le printemps n’est pas fait pour se soigner, mais pour aller jouer dehors.
Image de couverture via Unsplash
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