Il y a ce moment de l’année où il fait sombre. Les oiseaux quittent. La température chute. Les feuilles tombent et notre moral aussi. Je remets mon réveil-matin à plus tard. Une fois... Deux fois... peut-être trois. Je ferme mes paupières sans être capable de me rendormir. Des tourbillons m’en empêchent. Autant que les idées dans ma tête se battent les unes avec les autres avec le but d’en sortir, autant c’est le vide. Je bloque ces pensées afin qu’elles me fichent la paix. Je ne pense à rien. Le néant. Couchée sur le dos, j’observe le plafond durant de longues minutes. En fait, je l’analyse. Je viens à la conclusion qu’il est aussi pathétique que l’extérieur; monochrome, gris et désespérant.

Bon, il faut que je sorte de ces couvertures. Se lever du lit sans le moindre rayon de soleil n’est plus aussi facile. Finalement, je frotte mes yeux et m’étire piètrement. J’enfile mes vieilles pantoufles trouées et je les traine lourdement jusqu’à la salle à manger. Le sol est froid. Mon petit-déjeuner est froid. Mon café est froid. Mon corps est froid.

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Je manque d’appétit. Je manque d’énergie. Il faut que je trouve cette force pour sortir. Voir des gens me redonnera peut-être le moral ou du moins, un petit sourire. Je me dis que cela me ferait le plus grand bien. En longeant le corridor, je me rends à la salle de bain. Je monte mes cheveux en chignon. J’observe mes cernes d’une pitoyable façon. Je me demande si cela vaut la peine que je les cache un peu. En y réfléchissant, je m’en moque.

J’enfile une petite laine. Je sors de chez moi. À cet instant, j’éprouve une déception. Les gens sont tristes. Le ciel est tombé sur chacun d’entre nous. L’atmosphère est lourde et nous ne pouvons y échapper. Dame nature a pris la décision de nous mettre dans le même bateau. C’est à ce moment que Noé devrait arriver avec un mâle et une femelle de chaque espèce pour nous sauver de ce déluge.

Je croise quelqu’un que je connais. Un vieil ami. J’en profite pour lui glisser un mot sur le temps qu’il fait. Il me regarde avec un drôle d’air et rétorque que les oiseaux reviendront, que la température se prépare pour accueillir la nouvelle saison, qu’il n’y a rien de plus beau que les couleurs des feuilles de l’automne et qu’il se porte bien.

Ah bon, c’est possiblement une erreur de ma part. Le temps est bon. C’est plutôt dans mon cœur qu’il fait gris.

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