Le Mur. Ce mur de béton armé. Barricade érigée « à pelle pis à pioche ». Pour se protéger des ennemis, pour retarder le combat, pour contrôler qui entre et qui sort. Une forteresse pour se donner l’impression d’être un vrai soldat, fort, fier, intouchable, voulant refouler ce qui est au fond un vétéran vulnérable qui a été blessé au combat.

J’ai revu mon ex hier et bien que fière de ne plus m’en sentir amoureuse, un sentiment profond m’a frappé d’un coup. Je l’ai vu, un beau survol en trois dimensions : Moi, si petite, face à ce mur gigantesque et indestructible. Celui que j’ai bâti pour me protéger de l’amour et contre les risques d’avoir mal surtout. Parce que quand tu reçois un missile en pleine tronche, il y a de grandes chances que tu ne t’en sortes pas indemne. Que tu te vois changée pour toujours. Mais en même temps, tu veux tellement te convaincre que tu vas passer à travers, que tu vas apprendre de cette épreuve pour en sortir plus forte. Et c’est ce qui arrive. T’es belle, t’es forte, t’es capable. Tu réussis comme une championne. Mais arrivée au bout, tu as tellement dû te protéger et essayer de prendre les pertes avec un grain de sel que maintenant, face à tout ça, tu ressens un vide. Aurais-je emprisonné ma capacité de tomber en amour avec ma peur de me faire briser encore? Merde.

Ça me fait peur. Peur de ne plus pouvoir m’ouvrir, peur de trouver plus facile de passer une nuit avec quelqu’un en m’assurant de choisir celui dont il me sera impossible de tomber amoureuse. Peur de me laisser croire que si je me lance avec quelqu’un, c’est pour mieux en souffrir quelques années plus tard… et retomber encore. Et surtout, je réalise que c’est encore une façon d’avoir le contrôle sur quelque chose. Moi qui pensais être rendue bonne dans le lâcher prise.

grafitti sur un mur Source image: Unsplash

Mais il y a cette autre voix, qui croit tellement encore à l’amour et qui se promet d’y rêver toute sa vie. D’avoir la conviction qu’à 85 ans, je peux encore trouver un petit mari pour me faire rire et prendre des marches en se tenant la main.

Je ne sais plus où me situer entre le fait d’attendre une bonne personne pour moi et de trop me fermer par peur d’avoir mal. Et j’ai surtout, peur d’être aux prises avec ce mur et encore pire, de ne plus pouvoir le faire tomber. Et pourtant, je me sens prête. Je pense en tout cas. Car de tout enfouir, même les petits espoirs de sentiments naissants, ça épuise. Je suis fatiguée d’auto-saboter mes dates avant-même qu’elles n’aient lieu et je veux être enfin capable de reconnaitre les vraies possibilités et de foncer malgré la peur si les occasions se présentent.

Est-ce que dans ma tête c’est bel et bien la fin de la Guerre Froide et que la chute du mur approche? Je ne sais pas comment je m’y prendrai, mais au moins, j’en ai conscience et j’ai espoir. Je souhaite tout de même conserver quelques petits bouts du mur dans mon musée, pour me rappeler que j’ai fait la guerre et que je suis même prête à me relever encore s’il le faut.

Allez, amène-toi, que je t’ouvre la porte!

Source image de couverture: Unsplash
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