Il y a un an, je vivais la journée la plus difficile de ma vie, j’ai perdu une parcelle de mon être, mon monde s’est écroulé, j’ai perdu mon enfant. Une partie de moi est morte ce jour-là au même moment qu’on m’apprenait la nouvelle sur mon lit d’hôpital.

En tant que femme, on attend avec impatience ce jour où nous annoncerons à notre entourage qu’on est enceinte! Je m’étais fait ce scénario des centaines de fois dans ma tête. Puis, cette image de grossesse parfaite et de beau bébé en santé qui vient après 9 mois d’attente. Cet événement qui devait être si beau et merveilleux…

pieds, petits, maman

Source: http://simplemomentsphoto.com

Ma famille était si heureuse de l’apprendre, beaucoup de larmes de joie ont coulé lors de l’annonce! Comme plusieurs personnes me l’ont conseillé, j’avais annoncé la nouvelle seulement à ma famille et à quelques amis proches en me promettant de l’annoncer à tous après les 12 premières semaines, au cas où! On prend des précautions, mais on croit que ces malheurs n’arriveront qu’aux autres, jusqu’au jour où ils chamboulent votre vie et tous nos plans.

On filait le parfait bonheur à parler de prénoms, de parrains/marraines, à prendre tous les rendez-vous nécessaires pour les suivis chez le docteur et à suivre l’évolution de ce petit être qui grandissait en moi un peu plus chaque jour.

À 11 semaines, nous étions en vacances avec des amis dans un chalet lorsque tout d’un coup, en allant à la salle de bain, je vis du sang dans la toilette. La panique s’empara de moi à ce moment, la peur de perdre ce qui était déjà si important dans mon cœur. Mon bébé, je t’ai tant désiré!

Après avoir passé plusieurs tests à l’hôpital, vint ce fameux moment qui repasse en boucle dans ma tête depuis un an comme un terrible cauchemar. Je ne sais pas si un jour j’arriverai à oublier ces images… En passant l’échographie, moment qui se veut magique, mon monde s’est effondré. « Il n’y a pas de cœur qui bat, je suis désolé madame » a dit le médecin aussi froidement que s’il m’annonçait que j’avais attrapé une grippe.

perte, enfant, mère

Source: http://www.lifenews.com

C’est à ce moment qu’une lumière s’est éteinte au fond de moi. Je ne le verrai jamais grandir. Je ne saurai jamais s’il avait mon caractère de cochon ou les yeux de son papa, je ne l’entendrai jamais rire. Je revois cette scène où je tombe littéralement en crise de panique dans la salle du médecin. Mon copain ébranlé par la nouvelle tentait du mieux qu’il pouvait de me calmer, mais il était tout autant dévasté…

Les jours suivants ont été horriblement éprouvants, puisqu’au stade où j’étais rendue, mon calvaire ne s’arrêtait pas uniquement à la nouvelle, mais je devais rétablir mon corps et "sortir" ce qui restait de ce petit être. Ce moment a été une épreuve en soi, physiquement et psychologiquement. J’en reste marquée, c’est certain. Ça fait maintenant partie de mon bagage.

Cet événement m’aura ensuite fait passer par une certaine dépression et une quête de ma personne que je crois avoir perdue à ce moment. Après ça, je n’arrivais plus à voir les choses de la même façon, ni mon couple, ni ma carrière, ni ma personne. Je n’ai pas beaucoup parlé de comment je me sentais à l’intérieur, simplement parce que ça faisait trop mal.

C’est une histoire que peu de personnes autour de moi connaissent et aujourd’hui, un an plus tard, j’ouvre enfin mon cœur sur le sujet. Je m’ouvre pour m’aider parce que garder ce deuil pour soi, ça rend la guérison plus difficile et plus longue. Si jamais tu vis cette situation, n’hésite pas à te confier, plus tu en parleras, mieux tu te sentiras et tu apprendras à en ressortir plus forte. J’ai trop longtemps refusé d’en parler, mais tu as le droit d’avoir mal et d’en souffrir. Se confier, c’est libérateur et ça fait un baume sur le cœur.

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Source: http://theberry.com

Tout d’abord sache que tu n’es pas seule. J’ai réalisé avec le temps que beaucoup de femmes ont eu à vivre cette tragédie, parce que oui, c’en est une. Je n’aime pas que certaines personnes banalisent cette perte comme si ce n’était pratiquement rien. Ce n’est pas rien et c’est normal de se sentir perdue après ça, mais je te jure qu’avec le temps tu iras mieux. On n’oublie pas, mais on grandit de chaque tragédie. J’en suis sortie plus forte. J’ai quitté mon emploi, mon copain et j’ai choisi de me retrouver avant tout, parce que oui, j’étais perdue.

Où j’en suis un an plus tard? J’ai toujours cette douleur dans le ventre quand je repense à ce moment et bien honnêtement je crois que ça ne partira jamais, mais je commence à donner un sens à ma vie en aidant les autres, c’est merveilleux et ça me rend heureuse.

Un jour, je serai maman et je pourrai enfin tenir un petit être dans mes bras et ce jour-là une petite lumière s’éclairera de nouveau dans mon cœur.

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