Je vis présentement une période de transition. J’ai 30 jours pour faire le deuil de la vingtaine et 30 jours pour me préparer à avoir 30 ans. Combien de fois avez-vous entendu « vous savez, il faut profiter de notre vingtaine, ce sont nos plus belles années! » Est-ce que j’en ai assez profité? Je crois que oui… Est-ce que je suis passée à côté et j’ai tout foiré? Je pourrais aussi croire que oui…

À l’aube de mes 30 ans, je n’ai toujours pas de chum, pas d’enfants, pas de maison, pas d’animal de compagnie ni, tout à fait, la carrière de mes rêves. Je ne me sens pas encore sur mon X, comme on dit.

claudia meunier forêt feuilles automne

J’ai toujours mille et une questions sur la vie, sur qui je suis, sur mon rôle et sur ma raison d’existence. Toujours aussi perdue et toujours aussi lunatique, mon disque interne fait plus de 30 tours par jour. On me le dit souvent, j’ai tout un charme! Je ne manque pas d’idées et je change d’idée comme je change de chaussettes. Parfois, elles sont sans queue ni tête, parfois beaucoup trop grandes et optimistes, exactement comme ces chaussettes trouées et dépareillées que je porte quotidiennement. Vous voyez le genre?

J’ai la tête, le corps et l’âme dans 36 000 projets en même temps et pas besoin de me dire « tu brûles la chandelle par les deux bouts », ma famille me le répète assez souvent! Et pourtant, je me sens vide, je vais avoir 30 ans et mon horloge biologique n’a pas encore sonné, je n’entends pas l’appel et je ne sais pas si j’attraperai le coup de fil à temps. Je n’ai pas de copain et d’ailleurs, je n’en ai eu qu’un seul en presque 30 ans. Oui, j’ai fréquenté plusieurs garçons, mais rien de sérieux. J’ai toujours plus aimé qu’on m’a aimée en retour. Ce chum, il était parfait, c’est lui qui m’a donné le retour du balancier; le seul qui m’a réellement aimée, le seul qui m’aurait tout donné et je l’ai rejeté... C’est quoi mon problème ?

J’ai beaucoup de difficulté à croire en l’amour propre, équitable et réciproque. Alors, je continue la pêche aux poissons et, orgueilleuse comme je suis, celui qui ne mord pas à l’hameçon est, bien entendu, celui qui m’intéresse le plus. Comme je suis très cohérente avec moi-même, on me demanderait en mariage demain matin que je prendrais mes jambes à mon cou et me sauverais en courant. Je ne sais pas ce que je veux.

claudia meunier forêt feuilles automne

Je vis ma vie urbaine en tant jeune célibataire habitant dans un petit studio de 500 pieds carrés tout près du centre-ville. On est loin de la maison de mes rêves avec garage, piscine creusée et grand boisé comme je me l’étais imaginée jadis. Mais vous savez quoi? Je n’en ai rien à foutre. Je réalise que j’ai suffisant d’espace, que je n’ai nul besoin de plus et que je suis bien comme je suis. Je suis bien dans mon incompréhension des choses et bien dans ma perpétuelle quête de ma propre personne. J’ai la tête pleine de projets que je crois tous réalisables, mais qui peuvent mal s’inscrire dans un cadre social « normal ». Je suis heureuse dans ce confort de vie jugé hors-norme.

Je suis fière des défis que j’accomplis au quotidien. J’aime me sentir libre de vivre selon mes désirs et mes standards. Je me cherche encore et me chercherai toujours. Comme tout le monde, je vis avec mes petits démons intérieurs et j’accepte qu’ils reposent sur mes épaules sans pouvoir les balayer. J’apprends à vivre avec mon passé, mon présent et mon futur. Rien n’est parfait, alors apprenons à nous aimer. J’accepte de plus en plus que ce qui me rend le plus heureuse, ce soit d’avancer dans l’incertitude. J’ai de moins en moins peur de vivre dans l’inconnu.

J’arrive à mon propre carrefour giratoire et je ne sais pas quelle sortie prendre. Je me rends compte que peu importe l’EXIT que je choisirai, je n’ai aucun contrôle sur les obstacles qui surgiront sur ma route. Les chemins se dessinent au fil du temps et ils sont remplis de belles surprises. « Regarde le paysage comme il est grand et impressionnant! » Chacun trace son histoire avec le crayon qui lui convient. Chaque coup de mine marqué est important pour l’ensemble de l’œuvre.

Finalement, j’ai hâte d’avoir 100 ans afin d’admirer mon portrait final.

Source des images: Claudia Meunier
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