Plusieurs me répondent souvent qu’ils sont capables de vivre ce que je vis à travers mes textes, de ressentir ce que je ressens à travers mes mots que vous sentez que mes paroles viennent du fond du cœur alors je partage avec vous mon expérience en tant que coureuse aux 24h de Tremblant.  Pour ceux qui ignorent ce qu’est le 24h de Tremblant, alors c’est un levée de fond pour trois organismes qui viennent en aide aux enfants malades. Cette cause me touche énormément comme la cause du cancer du sein, je suis  consciente qu’on ne peut pas donner à toutes les causes. J’ai décidé d’embarquer dans cette aventure pour une deuxième année consécutive. Ma première expérience a été éprouvante autant physiquement que mentalement : blessée après une vilaine chute lors de ma première sortie de course, j’ai parcouru plusieurs kilomètre de jour, de soir, de nuit avec des foulures au niveau des chevilles, les genoux en compote et des douleurs musculaires multiples un peu partout. Plusieurs membres de mon équipe étaient aussi blessés après le premier 12h, les conditions météorologiques n’étaient pas en notre faveur avec un -20̊C, même -40̊C ressenti dans la nuit, de la neige, de la glace : un beau mélange pour se blesser. Nous nous relayons plus fréquemment, pas de sommeil, fatigue accumulée, mon corps s’était sorti de cette expérience un peu (même pas mal) magané.

tremblant 24h course

Je m’étais jurée que je ne referais plus jamais ce type de défi. Par contre, incapable de dire non, pour une bonne cause et avec une équipe de feu en bonus, j’ai recommencé la collecte de dons et rembarqué pour une deuxième année assez facilement, pas besoin de me tordre un bras! Cette année par contre, beaucoup moins de millage dans les jambes, je me suis dit que je ne me rendais pas là pour défendre le titre victorieux remporté l’année précédente, je m’y rendais avec ma belle-sœur, la même belle équipe Rekarb composée de 7 membres motivés, que mon copain, mon père et ma mère seraient sur place pour m’encourager et que j’allais m’amuser.  C’est bien beau essayer de se convaincre, mais quand tu es une compétitrice c’est difficile de relâcher la pédale une fois qu’elle est enfoncée. L’équipe Rekarb s’est encore une fois très vite glissée au sommet du classement pour y rester jusqu’à la fin.

24h tremblant

Je suis sortie courir de jour, de soir et de nuit. J’ai complété mes tours cumulant les boucles de 5 kilomètres, une à la fois et essayant de me répéter : Amuse-toi Gege amuse-toi! L’ange et le démon se faisaient face! Je courais, je regardais le décor bucolique de la montagne de Tremblant avec les flocons de neige, la chaussée enneigée, la belle température… Pour que 20 mètres plus loin je me dise allez Gege pousse la machine, je sais que tu es capable et c’était reparti jusqu’à temps que je me parle, me répète que je devais me calmer, m’amuser, apprécier chaque parcelle de terrain, chaque foulée.  Je dépassais des gens, je repartais sur la galère, essoufflée, la goutte de sueur au front, les joues rouges et le sentiment de dépassement, l’adrénaline, l’endorphine qui circulait dans mes veines, cette envie d’aller plus vite, plus loin.

Ce 24h fut pour moi tout un défi mental cette année. Aucune chute, aucune blessure, aucune douleur musculaire mais le hamster dans ma tête a autant couru que moi. Ce besoin de dépassement, cette pression que je me mets toute seule sur les épaules, cette envie de victoire qui embarque dans un engrenage qui à un moment donné devient incontrôlable. J’ai appris sur moi, j’ai pris le temps de m’arrêter et me questionner sur mes besoins, mes sentiments, sur ce que je ressentais au fond de moi. J’ai appris à m’écouter, être en contact avec mon corps et agir en conséquence. Je suis sortie de cette deuxième expérience grandie et avec un médaille au cou en bonus. Merci à une équipe incroyable, c’est aussi ça la victoire, se sentir accompagnée, soutenue et passer le fil d’arrivée le sourire aux lèvres et le sentiment que chacun a donné son 100%.

24h tremblant

Je ne vous cacherai pas qu’à quelques reprises, j’ai senti les cuisses se raidir, surtout dans les montées, car le parcours de course à pied est loin d’être plat. Pour ceux qui s’y trouvaient, on va être honnête, le parcours n’est pas le plus facile des parcours de 5 km que j’ai fait dans ma vie. Je me suis essoufflée aux petits sprints finaux avant d’entrer dans le cabriolet, avant de passer un beau 4 ou 8 minutes à se faire geler au gros vent tout dépendant si on faisait un second tour ou si c’était le dernier. J’ai senti l’acide lactique s’accumuler dans mes mollets entre les foulées dans la neige folle qui s’accumulait d’heure en heure sur le sol du parcours. Je n’ai pas toujours été dans un état de confort extrême, je me suis dépassée comme je sais si bien le faire, mais avec une petite note de réflexion entre chaque dépassement.

Tout compte fait, le 24h de tremblant est tout un défi. Malgré que ce soit un relais, oui les gens me diront que j’ai le temps de dormir entre les relais, mais c’est assez difficile à une heure du matin d'aller se coucher après s’être époumonée au gros froid dehors  pendant 55 minutes, de réussir à fermer l’œil en se répétant que dans trois heures tu dois te relever, te rhabiller et repartir courir, que tu as peur de ne pas entendre ton réveil-matin et qui dors le cellulaire collé sur l’oreiller, le stress, le cœur qui débat et le cerveau qui se répète le parcours dans ta tête et appréhende déjà la fameuse côte juste après le tunnel nervuré du golf. Alors non, tu ne réussis pas à dormir, tu combats le manque de sommeil, tu cours avec ton cœur, tu penses à tous ces enfants malades et tu te répètes que tu es en santé, avec deux jambes pour courir que tu as la chance d’être ici pour t’amuser et accumuler les dons pour une bonne cause.

Peu importe ta motivation, ce 24h te fera penser à des personnes que tu as perdues, des personnes qui combattent une maladie et qui te sont chères. Bref tu te dépasseras pour ces personnes et à la fin, lorsque sonnera le coup de midi le dimanche, tu seras fière de ce que tu as accompli. Tu taperas dans la main de purs inconnus, l’ambiance sera fébrile et ton cœur sera léger. Un sentiment d’accomplissement, les étoiles dans les yeux, de beaux souvenirs en tête, sur le chemin du retour avec mon amoureux, je me suis dit : ‘’bravo Gege’’ tu t’es dépassée et tu as su t’écouter pour une fois!’’ Une petite tape dans le dos, c’est toujours apprécié une fois de temps en temps!!

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