Petite, ma mère me confectionnait des sandwichs végépâté, pain brun et luzerne (germination par excellence) pour mon dîner à l'école. J’étais l’enfant de la « famille de granos », celle qui avait des choses un peu étranges dans sa boîte à lunch et qui se faisait systématiquement exclure des transactions de desserts à l’heure du dîner, n’ayant comme seule monnaie d'échange que des biscuits à l'avoine et au caroube. (Que ceux qui ne connaissent pas la caroube fassent une révérence et remercient la vie de leur avoir évité pareil supplice!)

MuffinSource image : Unsplash

Quand je débarquais chez mes copines, je tombais dans le Velveeta comme la misère sur le pauvre monde, je prenais des verres de Pepsi en cachette et je rêvassais devant leur congélateur rempli de Popsicles trois couleurs. Je promettais surtout de me venger, à l'échelle alimentaire, en faisant entrer une cargaison de produits interdits dans le petit paradis que serait mon premier appartement.

Mes menaces étaient bien vaines. La réalité est qu’après quatre biscuits Oréo,  j’ai mal au cœur et je me sens profondément ridicule de m’infliger ce genre d’inconfort. Je suis loin d’être la plus santé de la gang, j’ai mes écarts et je succombe encore devant un pot de Cheez Whiz quelquefois par années. Mais j’adore cuisiner et j’aime le faire avec de bons ingrédients qui ont poussé pas trop loin de chez moi et qui ne sont pas passés sous la douche des produits chimiques.

La luzerne, par contre, je ne lui avais toujours pas pardonné d’exister. Sauf que depuis quelque temps, un nouveau joueur est entré dans mon alimentation, comme une petite révolution verte et fascinante qui a pris d’assaut mon comptoir de cuisine et ma table de salle à manger. J’ai découvert la germination. Ce procédé impressionnant de rapidité consiste tout simplement à faire germer une graine provenant d'une plante céréalière, potagère ou aromatique et de consommer celle-ci au premier stade de sa vie, tout juste après son éclosion. Cette culture rapide (en moyenne deux à sept jours, cela dépend de la sorte de germination) et fraîche est une petite bombe alimentaire riche en protéines, en vitamines, en minéraux et est très facile à assimiler pour l’organisme.

Le plus beau dans tout ça, c’est qu’il ne vous faudra pas réorganiser votre horaire d’un bout à l’autre pour trouver du temps à consacrer à ces petits bébés verts qui se mettront à pousser sur votre comptoir. Ils sont automnes sans bon sens ces enfants! Un pot Masson, un peu d’eau et ils sont partis pour la gloire !

Vous pouvez acheter des contenants prévus à cet effet à peu de frais dans la plupart des magasins d’aliments naturels. Ils possèdent parfois un réceptacle pour récupérer l’eau qui s’écoule ou un support pour incliner légèrement le pot. Cependant, sachez que le bon vieux pot Mason avec un couvercle troué fait largement le boulot.

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Après quelques jours dans leur incubateur que vous aurez arrosé d’eau et égoutté une fois par jour, vous aurez de belles pousses croquantes et juteuses, sucrées comme les germinations de pois, délicates comme celles de brocolis ou piquantes et « punchées » comme celles du daïkon. Rien à voir avec les pousses de luzernes jaunies et déjà fatiguées de vivre que vous pouvez trouver dans les grandes surfaces.

GermesSource image : Unsplash

Délicieuses dans un sandwich, dans une salade composée, en garniture sur une soupe ou un sauté, dans un smoothie vert, dans un bol santé ou un rouleau de printemps, les pousses s'utilisent dans tout et n'importe quoi.

C’est chouette de voir la vie pousser aussi simplement que dans un pot Mason sur son comptoir de cuisine. De la belle verdure toute fraîche quand les flocons tombent encore sur notre petit printemps fragile, ça fait un bien fou.

Pour plus d'information, allez jeter un œil ici : https://urbainculteurs.org/conseils-horticoles/germinations-et-pousses/

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