Anxiété. Un mot qu'on entend tellement souvent et qu'on croit souvent être utilisé à tort pour définir du simple stress. Un mal qui est méconnu et qui est souvent minimisé ou simplement passé sous silence.

Depuis ma plus tendre enfance, j'ai toujours eu les nerfs à vif. Je m'inquiétais de tout, j'avais peur de tout, je perdais patience ou mes nerfs lâchaient rapidement. À mon jeune âge, mes parents m'ont fait consulter un professionnel puisque je n'arrivais plus à dormir la nuit : j'avais trop peur d'un feu qui brûlerait ma maison, de cambrioleurs qui s'infiltreraient chez moi et de tout ce qui était imaginable et qui pourrait arriver de pire (tsé, quand t'as peur de TOUT)

Quand j'suis devenue une ado, j'étais beaucoup trop irritable, les conflits que j'avais s'éternisaient souvent dû au fait que parfois mes mots dépassaient ma pensée, que je n'étais pas capable de lâcher prise et que j'exagérais tout. J'étais stressée à toute heure de la journée, j'avais de la difficulté à comprendre comment j'me sentais et pourquoi j'me sentais comme ça une fois de temps en temps. Faut être honnête avec soi-même parfois, ce n'était vraiment pas la période de ma vie la plus rose. Au début de mon adolescence, j'ai rencontré d'autres professionnels qui me disaient tous (ou presque) que je devais souffrir d'anxiété.  À cette époque, il n'était pas question que je souffre d'un trouble mental, c'était la faute des autres ! Impossible que MOI, j'aie quelque chose qui ne tourne pas rond dans la tête, j'étais tout ce qu'il y avait de plus normal.

Ce n'était pas une réaction qui aidait à ma cause. Je n'avouais pas, donc je ne réglais pas le problème à la source, qui, soit-dit-en-passant, me nuisait beaucoup à moi aussi. C'est comme s'il y avait toujours un nuage noir au-dessus de ma tête, et qu'il pleuvait une fois de temps en temps parce que moi-même je déclenchais la tempête.

anxiété, stress, négatif

Source: http://weheartit.com

Et puis un jour, j'en ai eu assez. Assez de me fermer les yeux sur quelque chose que je vivais TOUS les jours, dans toutes les situations. Assez de toujours m'imaginer le pire, de m'imaginer que la personne à qui je venais de parler me trouvait bizarre, assez de m'imaginer que j'étais la risée de tous quand j'entendais un chuchotement au fond de la classe, assez de m'imaginer que je n'étais assez bonne pour faire quelque chose parce que j'avais peur de l'essayer, assez d'être toujours à bout de nerfs et de le faire subir aux autres, assez de toujours imaginer le pire scénario et m'en faire pour rien tout le temps. J'en avais assez d'être prise dans une boîte qui m'empêchait de vivre à fond. En niant le fait que je souffrais d'anxiété, je me faisais croire encore plus à moi-même que c'était vrai, toutes ces pensées qui m’abaissaient et qui me rendaient, avec le temps, encore plus insécure et anxieuse. Je ne sais pas si c'est le fait que j'en entendais davantage parler dans les médias ou que j'ai commencé à m'ouvrir l'esprit et à faire des recherches sur le sujet qui m’a fait accepter la situation, mais il fallait que ça arrive un jour ou l'autre. Il fallait que je comprenne que je n'étais pas la seule qui vivait ce genre de problème. Je devais comprendre qu'un trouble mental ne désignait pas la folie ou quelque chose qu'on veut cacher.

Je n'ai jamais pris de médication, et je vais beaucoup mieux aujourd'hui (même si j'suis quand même quelqu'un d'un p'tit peu plus stressée que la moyenne, disons). La vie n'a pas changé, ma façon de la voir oui. Je reconnais *encore place à l’amélioration ici* quand je m'en fais pour absolument rien, quand je m'imagine des scénarios possibles qui sont carrément improbables. Je me rends toujours un peu plus compte quand mon anxiété essaie de venir s’en mêler.

Après beaucoup trop d'années, beaucoup trop de déni, j'ai compris qu'on ne s'en sépare pas. Que peu importe ce que j'essayais, il ne partirait pas, ce petit nuage au-dessus de ma tête. Au début, ça me terrifiait. COMMENT J'ALLAIS VIVRE AVEC CELA TOUTE MA VIE ?!? Impossible rien faire, trop de stress dans le monde d'aujourd'hui, trop de pression pour mes petites épaules pas très fortes.

Mais ce petit nuage, il ne se doit pas d'être noir. Il n'annonce pas nécessairement la pluie. Les enfants les interprètent, parfois, quand ils regardent le ciel. Ils sont jolis quand il n'y en a pas trop, quand ils sont tous blancs comme des boules de ouate. Et quand ils sont gris, lourds et pluvieux, on attend qu'ils passent. J'ai simplement commencé à voir mon nuage différemment, comme un allié, un ami. Quelque chose qui ne me définissait pas, mais qui faisait partie de moi. Et j'ai compris qu'en l'acceptant, je pouvais davantage contrôler les tempêtes, même si je ne pouvais pas toutes les éviter. Ça joue sur un moral et sur le système aussi, toujours s'en faire. Mais quand on réussit à se rendre à l'évidence, parfois, ça nous pousse à travailler sur nous-même, à un meilleur « nous ».

Je ne cacherai pas que ça reste difficile des bouts. Que des fois, je me demande comment arrêter mon cerveau de penser au pire, de croire que je suis toujours dans l'erreur, que j'ai fait quelque chose ou dit quelque chose qu'il ne fallait pas. Mais je suis capable de le calmer, ce p'tit cerveau-là, la plupart du temps. Ça a fait beaucoup de bien à mon âme et mon esprit que mon nuage devienne un ami. Qu'il puisse ressembler à une belle p'tite ouate toute blanche et moelleuse et qu'au fond, ce qui importe même s'il me suivra toute ma vie, c'est que le soleil puisse passer au travers la plupart du temps pis que les tempêtes, ça finit toujours par passer.

Accueil