J'ai toujours pensé qu'un peu de bonne volonté et de persévérance ont tout réglé, que l'attachement ou l'amour pour une personne suffisait à faire grandir la relation et que les deux personnes impliquées suffisaient à faire d'elles une famille. J'ai toujours pensé qu'une mauvaise communication pouvait être corrigée, que les blessures, que les coups durs doivent être oubliés ou du moins compensés par les moments de complicité et de confiance. J'ai toujours pensé qu'on pourrait voir en moi mes réelles intentions, que le temps passé ensemble rendrait clair ma volonté de m'accrocher et mes efforts pour le faire. J'ai toujours pensé que deux personnes bien intentionnées, bien que différentes, pourraient donner le meilleur d’elles-mêmes et construire quelque chose de plus grand, de plus beau.

J'avais tort. Toute la bonne volonté du monde ne suffit pas à réparer et à accorder les cœurs brisés. Tout l'amour qu'on porte pour quelqu'un ne peut le libérer de ses chaînes et tous les mots prononcés ou écrits ne suffisent pas toujours à exprimer le ressenti, la colère, l'impuissance, la déception de voir une personne proche s'éloigner. Je me suis battue. Mon arme a été l'acharnement, l'endurance, les remises en question. Aucune déception, aucune souffrance ne pouvait justifier pour moi le prix du lâcher, ce prix-là pour cette personne qui avait si souvent touché mon âme et chaque repli de ma vulnérabilité. Tant d'idées, de peine, de bonheur, de détails insignifiants partagés, tant de sourires échangés. Je n'ai jamais réussi à le faire, je n'ai jamais abandonné, je n'ai jamais réussi à être en colère bien longtemps et j'ai toujours sincèrement cru que mes efforts et ma volonté suffiraient, que c'était mieux ainsi. Que c'était ma façon d'exprimer mon amour, ma façon de dire: « Je tiens à toi, je tiens à nous, peu importe comment est le nous. » Ma façon de dire: « Peu importe les événements, nous sommes là pour l'autre et ça me suffit. »

femme tristeSource image: Unsplash

J'avais tort. J'aimerais dire que j'ai eu le courage de faire ce qui devait être fait, c'est-à-dire imposer une distance, du moins temporaire, pour que chacun reprenne son souffle et arrive enfin à voir devant, pour que le passé soit enfin du passé et que les rancœurs passées et les insécurités pâlissent.

Je n'ai pas été celle qui a coupé les ponts. Je n'ai pas été celle qui a tranché. Je n'ai pas eu ce courage. Et quand j'y pense, je me suis accrochée par amour tant de fois, voulu toucher son âme encore et encore et de tellement de façons, me disant que je nous devais bien ça. À lui et à moi. Mais peut-être qu'il était fond, l'acte d'amour était effectivement de choisir de prendre un chemin différent, d'évoluer, d'avancer séparément et de combler nos failles respectives autrement. Sainement. Aujourd'hui, j'arrive à y croire et j'espère que ça sera toujours le cas demain. La blessure restera. Je me rassure et j'essaie de me consoler en me répétant que chaque expérience nous apporte quelque chose, que chaque personne qui entre dans nos vies a une influence sur celle-ci, qu'elle peut nous permettre d'en apprendre plus sur nous -mêmes, de dépasser nos limites et de nous rendre plus forts et résilients. Mais j'ose croire, malgré tout, que si des chemins se séparent, ils peuvent tout aussi bien se recroiser davantage et que les personnes qui les emprunteront ne seront plus la version pâle d'elles-mêmes. J'ose croire qu'il ne restera alors que ce qui les a unis, soit la complicité, la confiance, la simplicité.

Image source de couverture: Unsplash
Accueil