Grandir à la petite ville c’est d’avoir à l’âge adulte un bagage de souvenirs qui prouve que tu viens d’un petit coin. Une valise remplie d’évènements particuliers, d’habitudes et d’insides que ta petite communauté et toi partagez. Si tu viens d’un endroit où il y a une rue Principale, et que cette dite rue est celle où il y a tous les commerces de la ville, tu comprends sans doute ce à quoi je fais allusion. Tu dévoileras peut-être même un sourire en lisant ce texte. Et si tu n’as jamais mis les pieds à la petite ville, et bien boucle ta ceinture, je t’y emmène faire un tour.

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L’enfance à la petite ville

Être haut comme trois pommes à la petite ville c’est se sentir comme Dora. C’est simple, tu peux explorer tous les recoins de ton chez-toi, car tu peux faire le tour de la ville à vélo, et ce, en une heure seulement. Quand t’es un p’tit bout d’chou  à la petite ville, tes joues deviennent plus élastiques à force de te les faire tirer en guise de salutations. Roger du dépanneur, Céline de la pharmacie, Marion du café du coin et plusieurs autres gens connaissent ta mère, et par le fait même te connaissent aussi. Ce n’est pas compliqué, ils te voient aussi souvent que leur enfant et ont toujours l’œil sur toi. Tu peux donc contempler la nouvelle Barbie dans le rayon des jouets pendant que tes parents parlent avec un voisin à la caisse. En plus de te sentir en sécurité, il n’y a aucun moyen que tu te perdes dans le magasin, car il est aussi grand qu’un Korvette. En parlant du Korvette, c’est l’endroit de prédilection pour magasiner en ville. En fait, c’est la seule possibilité pour tes parents de t’acheter des vêtements s’ils ne veulent pas dépenser plus que 3 $ d’essence (et 5 $ s’ils ont un mini-van). Lorsque tes vieux décident de faire le plein d’essence pour une sortie du dimanche, c’est une grande aventure, parce que tu sors à la grande ville pour magasiner chez CPC ou chez Croteau (tu n’iras quand même pas chez Clément; tes parents sont habitués aux prix du Korvette!).

 

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L’adolescence à la petite ville

Être ado à la petite ville c’est retrouver les mêmes camarades de classe qu’au primaire (bien oui, encore pogné avec la fatigante de Julie!). C’est d’avoir le même cercle d’amis qu’à tes douze ans, d’évoluer avec lui tout au long de ton secondaire et d’ainsi avoir l’impression d’avoir couru un marathon quand tu lui racontes des souvenirs. C’est te faire appeler par le surnom qu’on t’a attribué en troisième année (possiblement le même qui se trouve dans ton adresse électronique). Quand arrivent les vacances, tu recommences à garder tes petits voisins pour pouvoir relaxer au bar laitier avec une potion magique. Et si tous les enfants de ta rue ont ton âge, tu postules pour tous les emplois possibles (et là je parle bien de l’épicerie, de la quincaillerie et des deux seuls dépanneurs de la ville). L’été à la petite ville se résume à passer tes journées et soirées dans tes endroits préférés de la ville : le skate park, la piscine municipale et la maison des jeunes (surtout si tu as le pied pesant sur la crise d’ado). Avoir seize ans à la petite ville, c’est synonyme d’être wild. Par wild, je sous-entends : faire des transactions de cigares à la vanille avec Steven, le p’tit bum de dix-huit ans de la place, qui fait de l’argent sur le dos des jeunes en leur sortant des consommations du dépanneur. Puis, si tu es vraiment attiré par le goût du risque, tu t’essaies avec les fausses cartes de ton cousin et tu parviens à acheter de la Poppers, parce que tu connais le caissier. Après tout, les 3000 habitants se connaissent tous et se rendent tous service. Mais, tu n’as pas toujours autant de chance avec ta fausse identité qu’au Dépanneur chez Mario. Lorsque tu sors en ville avec ta bande (et par là je veux dire : séparer 50 $ de frais de taxi à la gang pour se rendre dans le vrai centre-ville), tu te fais souvent revirer de bord par le portier. Donc, tu retournes chez toi à reculons à tes petites habitudes, avec ton voisinage et ton p’tit monde.

La vie adulte à la petite ville

Après avoir passé une bonne partie de ta vie à la petite ville, tu as sans doute le désir de t’aventurer à cent milles à l’heure dans la métropole. Que ce soit pour étudier au cégep ou à l’université, pour un emploi ou juste pour le roadtrip, ne te sens pas mal de dire à ton voisin : « À la prochaine! » au lieu de : « À tout à l’heure! ». Après tout, à chacun ses décisions. Ce n’est pas parce que tu quittes ta petite ville que tu l’abandonnes totalement : une partie d’elle te suivra partout où tu iras. La première chose qui arrive quand tu déménages à la grande ville, c’est de rencontrer des gens qui ne comprennent pas d’où tu viennes. Tu dois leur nommer les deux plus grandes villes (Sherbrooke et Victoriaville disons) qui se trouvent à proximité de ton patelin pour qu’ils sachent où tu as passé ces années mémorables. De plus, tu dois t’obstiner à leur expliquer que tu viens d’une ville et non d’un village. Ce n’est pas parce que les magasins portent le nom du propriétaire (Boutique Chez Mado par exemple) qu’il s’agit nécessairement d’un village. Malgré tes efforts, on t’imagine dans un champ à gambader avec les vaches. Rien de moins! Pour eux, tu viens de la campagne. Même si tu t’habitues à la grande ville et que tu t’y plais bien, tu reviendras toujours dans ta petite ville, le cœur gros. Pris avec le mottons, parce qu’à chaque fois que tu y retournes, une foulée de souvenirs d’enfance et d’adolescence remontent en toi comme une marée haute. Des souvenirs qui te font sourire, qui te font pleurer et qui forment la personne que tu es aujourd’hui. Quand tu déposes enfin ta valise chez tes parents pour le week-end, tu te rappelles combien ça fait grand bien d’être à la maison. À quel point la distance qui t’en séparera n’importe pas, puisqu’une partie de toi déambulera toujours dans les rues étroites de ta petite ville. Même si tu reviens où tu as grandi que pour de courts moments, il n’y a pas de quoi s’inquiéter, tu resteras toujours la Rory Gilmore de ton Stars Hollow ou le Lucas Scott de ton Tree Hill. Au fil de tes séjours, tu comprends mieux pourquoi il est difficile d’embrayer sur le drive après chaque visite. Parfois, tu as même de la difficulté à quitter à nouveau le nid familial. Après toutes ces années, tu prends conscience de tous les avantages de vivre à la petite ville : l’esprit de communauté, connaitre la ville et son histoire du fond de sa poche et ressentir un sentiment d’appartenance. Et tu comprends donc pourquoi certaines personnes décident d’y rester toute une vie.

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