Je viens de prendre (perdre?) plusieurs minutes de ma vie pour lire quelques paragraphes de raccourcis intellectuels, de jugement pure laine -oh, est-ce que tu vas aimer que j’emploie l’expression pure laine, Richard Martineau? Ça doit te rejoindre, toi qui es tant attaché à ce qui est de  souche, et qui crache tellement sur ce qui s’en éloigne-. Oui, je le dis, je viens sans doute de perdre au moins 10 ans d’espérance de vie en 5 minutes. Ben oui, Martineau, je pense que t’es plus toxique que mon paquet de cigarettes.

J’ai fait quelques minutes de silence pour la paix dans le Monde à ce moment-là. J’ai réfléchi à ce texte, L’amour du marginal, publié le 19 août dernier dans le Journal de Montréal, et au pourquoi de son existence. Je me suis dit : wow! Mais cette personne manque tellement d’amour, justement.

Oui, je crois profondément que pour que quelqu’un profite de sa visibilité et influence médiatique pour s’attaquer à la diversité, pour s’en moquer impunément sur la place publique, qu’il faut manquer beaucoup d’amour. Puis, je crois qu’il faut aimer chercher l’attention négative lorsque ce même quelqu’un met tout cela sur le dos (large) de la liberté d’expression. Que le béton affectif doit être fragile. Sorry not sorry.

Liberté d’expression, hein? Alors, je vais profiter de mon droit de parole, moi aussi. Moi, la pansexuelle non-binaire queer, med-size qui aime mai-poils, qui se fait porte-parole sans prétention de la dite marginalité, moi je dis : la peur du marginal, c’est ça qui est vraiment ridicule. C’est ça, cultiver la haine.

Je ne peux pas prétendre des intentions de ce Monsieur. Mais oui, il y a bel et bien de la haine et de la peur dans les phrases que j’ai lues. Ce que je sais pour sûr, c’est que j’ai laissé défiler devant mes yeux des mots pointant du doigt la diversité. Qui banalisent et généralisent tellement de réalités. J’ai lu des mots blessants, des attaques gratuites jetées sur les minorités visibles, sur des personnes qui ont longtemps milité et militent encore pour être respectées en société. Oui, en 2019, au Québec, j’ai lu ces mots, dans un journal populaire. Des mots qui percutent les valeurs d’une société qui se dit pour l’ouverture et l’accueil de l’autre.

Je cite :

Il faut cumuler les « différences ». 

Être gai ET noir. Lesbienne ET obèse. Ou gai ET nain.

Si vous êtes lesbienne, autochtone et obèse morbide, c’est encore mieux !

Et si jamais le sort vous a fait homosexuel, immigrant, handicapé et obèse, alors là, c’est le jack-pot !

Vous allez recevoir toutes les bourses possibles et impossibles.

[ …]

LE BOUTTE DU BOUTTE

Mais le top, c’est le trans.

Là, c’est le boutte.

Un enfant trans de 10 ans ? Encore mieux !

En Angleterre, il y a une troupe de drag queens trisomiques !

Le ton de ce texte est tel qu’il exprime une sorte de facilité, qu’il sous-entend que les gens décident de naître différents, pour le plaisir d’être victime de la société. C’est absurde! C’est comme si, par exemple, les gens choisissaient de naître fille dans un corps de garçon, ou vice et versa. Et en plus, ils le feraient pour aimer se faire jeter des pierres sur le corps? Ce que ce texte nous dit effectivement, c’est que c’est facile et recherché volontairement, d’être différent. Comme si c’était quelque chose de facile que de ne pas fitter dans son corps, dans sa propre vie. Comme si c’était quelque chose de très relax que d’avoir une malformation physique, autochtone et d’être gai à la fois. Comme si tout cela révélait d’un choix. Comme si le tout était une invention intentionnelle, créée dans le but tout simple et ultime d’attirer l’attention du Monde entier et de se conforter dans un rôle de martyr pendant le reste de ses jours (bien entendu, c’est notre lifegoal à tous). Comme si c’était super funny et light, quand tu es un dit marginal. Ben oui, tsé : c’est une vraie farce, une réelle partie de plaisir que tu as envie de vivre 365 jours par année, à coups de discrimination à l’école, au travail et dans pas mal toutes les sphères de ta vie. C’est évidemment tout particulièrement amusant pendant le temps des Fêtes, devant tes mononcles et matantes. C’est vrai que c’est super l’fun de vivre avec le poids de leurs regards et de leurs questions et commentaires embarrassants et humiliants. Ça, c’est quand tu as encore une famille.

Alors, quand j’ai lu ce texte. Quand j’ai lu ce ramassis d’idées préconçues et que j’ai finalement lu (et relu) la conclusion de l’article :

 « On est ouvert, au Québec, mais il y a une maudite limite… »

J’ai pensé fort :

« Ha! Ben là, ça, c’est le boutte du boutte.», pour te citer, cher auteur.

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