Je me suis toujours considérée comme quelqu’un d’organisée. J’ai toujours peur d’oublier ou de manquer un événement, alors je me suis mise à tout planifier d’avance. Il se peut que dans notre vie de fou qui n’arrête jamais, la mémoire des sens, comme je l’appelle, nous permette de nous arrêter quelques instants et de nous ramener quelques années auparavant. Plus je vieillis, plus la bibliothèque de souvenirs grandit et elle s’accompagne souvent d’un sens qui s’est enregistré avec eux.

Mon ouïe

J’adore la musique et, étonnamment, on dirait que pour chaque souvenir que j’ai, il y a une trame sonore derrière. Par exemple, lorsque mon grand-père habitait en dessous de chez moi, il faisait sa sauce à spaghetti, il prenait un verre de vin et chantait That’s amore. Il mettait la musique forte et chantait de bon cœur, c’était sa toune. Encore aujourd’hui, lorsque j’entends cette chanson, la scène me revient immédiatement. Même chose lorsque ma sœur a eu sa passe de rebelle, je regardais des photos et je m’en souvenais plus ou moins. Au même moment, du Avril Lavigne s’est mis à jouer et je l’ai imaginé devant son miroir blanc, près de mon lit, à se maquiller les ombres à paupière noire et coiffer sa frange un peu trop intense, c’est un style, vous savez, qui passe avec le temps.

Mon odorat

L’autre jour, je me sentais plus ou moins bien, j’avais besoin d’être seule et de marcher. Je suis partie avec mon chien et lorsqu’on arrivait au coin de la maison, j’ai senti une vague de Fleecy. J’ai fermé mes yeux et je me suis retrouvée dans ma maison d’enfance. Ma mère lavait souvent du linge, nous étions quand même trois filles, et cette odeur m’a tellement souvent réconfortée, c’était l’odeur de ma maman. J’avais les yeux plein d’eau lorsque je suis revenue chez moi. Il y a aussi l’odeur du cou de ma fille, étrange comme odeur, mais lorsque je m’y loge, je me rappelle nos premiers jours ensemble, son lot d’adaptation et comment, lorsque je la prenais, on se nichait l’une sur l’autre et la terre pouvait bien arrêter de tourner, tout allait bien aller.

Ma vue

Aucune idée pourquoi, mais pour moi, l’aspect de se promener en voiture pour endormir les enfants est resté. Voir défiler les paysages, les lumières lorsqu’il fait noir, ça m'a toujours calmé, voir endormi. Même chose lorsque je passe près du bord de l’eau. Ma grand-mère m’y amenait quand j’étais jeune, on lisait et elle me disait de regarder aller les vagues, que rien n’était jamais calme, mais que c’était tout de même apaisant de voir la nature se trouver dans tout ce mouvement.

Mon goût

Manger de la poutine, ciel. La bouffe qui détend, cependant, pour moi, elle est rattachée à un souvenir. Ce sont les moments où mon père et ma marraine m’amenaient à Chatam, une petite ville où on allait camper. C’est aussi l’endroit où mes grands-parents se sont achetés une maison. Mon grand-père, encore vivant à l’époque, m’amenait parfois au village et on allait manger des petates comme il disait. Tout goûtait meilleur là-bas. Il me mettait parfois du vinaigre sur mes patates, et je trouvais ça surette, mais j’avoue que c’était un bon mélange. Manger la soupe de ma grand-mère aussi. En fait, toute sa cuisine est délicieuse. Ma marraine m’a donné la recette de son macaroni et ma fille l’aime aussi, ce seront des souvenirs pour elle à son tour.

Mon toucher

Des draps en flanalette, ce n’est-tu pas la meilleure invention du siècle? Dès que je touche à ce tissu, je me rappelle qu’on les mettait chez nous lorsque le froid arrivait, et je faisais une crise pour ne pas les retirer avant le milieu de l’été. C’était rassurant et réconfortant. J’en ai à l’année maintenant. Me faire prendre dans mes bras par mon conjoint ou ma famille, c’est un apaisant naturel qui se fait automatiquement. Lorsque je me sens pris dans les bras de quelqu’un que j’aime beaucoup, mon stress, ma peur et ma peine partent immédiatement.

petite fille yeux fermésSource image: Pixabay

Voilà, et pour chaque catégorie, j’ai encore plus de souvenirs qui y sont rattachés. C’est plus fort que des photos, c’est imprégné. Je ne pourrai jamais les revivre, mais dès que le sens refait surface, je me rappelle. Avez-vous des souvenirs rattachés à vos sens?

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