Je me suis toujours demandée à quoi ressemblerait avoir un accident d’auto. Sans vouloir le vivre, je me demandais quels seraient mes réflexes, ce que je ressentirais lors de l’impact et surtout dans quelles circonstances une telle situation pourrait m’arriver. Même en ayant plusieurs années de conduite derrière la ceinture, je ne me suis jamais sentie à l’abri de ceci.

C’était un samedi matin bien ordinaire. J’étais au volant de ma Kia Forte en direction de mon village natal en écoutant Angus et Julia Stone. J’avais prévu une journée super cool avec mes amies du secondaire et je n’étais pas particulièrement pressée d’arriver à destination.

Lorsque la circulation a commencé à connaitre des ralentissements extrêmes imposants, une perte de vitesse intense en peu de temps, je n’ai eu nul autre choix que de suivre le mouvement et appuyer sur la pédale de frein si vite qu’on croirait que ma vie en dépendait. Comme je fais normalement, je jette un oeil rapide à mon rétro pour m’assurer que le véhicule derrière moi fait de même. C’est à ce moment-là, en regardant le véhicule s’approcher et le peu de distance qui nous séparait, que j’ai compris que j’allais avoir mon premier accident.

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L'accident

J’ai eu quelques secondes pour agripper mon volant et fermer les yeux avant que le véhicule me percute et me propulse directement dans celui devant moi. Prise en sandwich sur l’autoroute 15, c’est là que j’ai eu réponse à mes questions.

On se sent violemment projeté vers l’avant, on entend le bruit de la carrosserie plier en deux, on se sent confus. Aussi vite que tout ceci arrive, les secondes semblent interminables. On n’est pas certain de ce qui pourrait se passer dans la seconde suivante. Lorsqu’on retrouve ses esprits, on se dit : « Oh, mon Dieu. Je viens d’avoir un accident ! »

Je vous laisse imaginer la suite de l’histoire, la crise de panique, le coup de téléphone à un proche (évidemment, personne ne décroche), l’urgence, les médicaments qui te font dormir durant 18h, l’arrêt de travail, la physiothérapie, les assurances, et les 1001 formulaires avec la SAAQ.

Évidemment, la convalescence n’est pas une étape plaisante. Dans mon cas, ç’a été une expérience de vulnérabilité autant physiquement que psychologiquement. Je n’ai jamais été le genre de personne à se prendre pour une victime. J’ai toujours voulu que les gens autour de moi voient que je suis une grande fille indépendante, forte, qui peut compter sur elle-même et se débrouiller. Or, durant les premières semaines suivant mon accident, je ne pouvais pas compter sur moi-même autant que je l’aurais voulu. J’ai donc mis de côté ma fierté personnelle et j’ai accepté l’aide qu’on m’offrait autour de moi. Cet événement a d’ailleurs ajouté une toute nouvelle facette à ma définition «d’être forte»

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Lâcher prise

Être forte, c’est aussi apprendre à lâcher prise sur ce qu’on aimerait être et accepter ce que nous sommes ici et maintenant.

Après avoir vécu un accident à moyen impact, tu te remets heureusement vite sur pied, mais la douleur y est encore. Les gens autour de toi ne se rendent pas nécessairement compte de ton mal en point comme tu as l’air de bien tenir solidement sur tes deux jambes. C’est dans ces moments qu’il est difficile de mettre ses limites parce que tu te crois et te sens capable, alors qu’en fait, ton corps te fait sentir tout le contraire. Même si l’on se dit à l’intérieur « Allez, ce n’était pas le pire accident au monde, reviens-en et reprends le cours normal de ta vie », peu importe tous les efforts que tu fais pour le croire, ça ne marche pas comme ça.

À l’intérieur, c’est déchirant de devoir accepter que mon jeune corps de 23 ans ne suive pas mes envies et ne guérisse pas aussi vite que je l’aurais souhaité.

Encore aujourd’hui, deux mois plus tard, je me sens extrêmement faible d’éprouver des difficultés physiques à dire non de la tête, à ranger une pile d’assiettes dans mes armoires de cuisine et à traîner mes sacs d’épicerie jusqu’à la maison (et non, je n’ai pas acheté un autre véhicule). Mais, il y a du progrès, il est lent, mais il est là. Il faut se laisser le temps, comme on dit.

J’en profite également pour rappeler l'importance d’être prudent sur l’autoroute!

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