*Je tiens à mentionner que ce texte se veut non-genré, car les agresseurs n’appartiennent pas à un genre particulier.

À partir du moment où le mouvement Me Too a pris de l’ampleur sur les réseaux sociaux vers l’année 2017, bien des choses ont changé. Pour le mieux certains diront, mais pas pour le meilleur, c’est certain. On dirait que même dans ce temps-là, on avait l’impression que c’était ailleurs. Plusieurs personnes aux États-Unis sont venues de l’avant pour dénoncer des comportements et des actes inacceptables dans l’industrie du cinéma dans le but que cette culture toxique d’agressions sexuelles prenne fin. Ensuite, ici au Québec, on a commencé à avoir des discussions sur notre propre monde médiatique, à voir si ces comportements toxiques s’y retrouvaient... Effectivement, on a retrouvé quelques célébrités qui agissaient de manière inappropriée à l’aide de leur statut, et on a agi en conséquence. Je dis « agi en conséquence », mais je pense plutôt qu’on les a justement protégés à cause de leur statut. Ces gens-là, que l’on a accusé de conduites indécentes, ou même de viol et d’attouchements sexuels, depuis combien de temps on les protégeait? Depuis combien de temps on faisait comme si de rien n'était, pour ne pas détruire leur nom ou leur carrière? Depuis combien de temps on disait aux victimes de ne pas parler trop fort, parce qu’on n’est pas sûr que ce soit une bonne idée, ça pourrait nuire, faire des dégâts. Est-ce qu’on a déjà pensé au fait que l’on a protégé des carrières avant des individus? Pourquoi on ne se sent pas concerné? Pourquoi on semble souvent se dire au Québec que le problème est ailleurs?

mots frustré difficile fachéSource image: Unsplash

Si vous êtes actifs sur les réseaux sociaux en ce moment, vous êtes au courant de la grande vague de dénonciation qui y prend place. Et j’espère que vous vous sentez concernés. J’espère que vous lisez les témoignages des victimes, j’espère que vous arrêtez d’encourager les agresseurs, j’espère que vous arrêtez de balayer du revers de la main les histoires des victimes qui vous semblent fausses. J’espère que vous réalisez enfin que le problème, c’est plus gros qu’un seul pays, qu’un seul domaine, qu’un seul genre. Il n’y a aucune bonne raison, c’est simple.

Le problème c’est quoi dans le fond? On ne le sait pas, personne ne le sait en fait. Mais une grosse partie de ça, c’est la responsabilité. La plupart des gens qui se font dénoncer ont plusieurs victimes, ça semble être un comportement répétitif, une attitude habituelle. Et c’est ça le problème. C’est qu’on ne dénonce jamais, par peur de représailles, parce que les gens n’y croient pas, parce qu’ils ne comprennent pas. Vous réalisez que les personnes qui posent des gestes comme ceux-ci le font et le refont parce qu’ils ne sont jamais dénoncés? La majorité des dénonciations que l’on voit ne se fait pas seulement par des gens riches et célèbres, mais seulement par des gens qui utilisent leur pouvoir. J’ai vu beaucoup de pages sur Instagram qui dénoncent des agresseurs et la plupart d’entre eux sont des gens « normaux » qui utilisent la fragilité et l’innocence de leurs victimes pour avoir un pouvoir contre eux. Ce sont des gens qui vont utiliser la culpabilité et la peur pour faire taire et pour continuer. Et encore là, le problème est la responsabilité. Ces personnes-là ne se sont jamais excusées à leurs victimes avant que leur nom sorte dans les médias, parce qu’ils ne veulent pas s’excuser. Ils savent que s’ils jouent bien leur jeu, si on les prend en pitié, si on ne croit pas leurs victimes, ils vont s’en sortir intacts. Combien de fois on a vu dans le journal des célébrités qui commettaient des agressions et que les seuls commentaires du public tournaient autour du « elle veut juste de l’argent » ou «elle veut juste de l’attention» (*elle pour victime, et non pour désigner une femme). Pourquoi on n’est pas capable de croire les victimes et responsabiliser les agresseurs?

stop ça suffit enough nonSource image: Unsplash

Pourquoi est-ce qu’on apprend aux jeunes les dangers de se faire violer, au lieu d’apprendre à ne pas violer? Pourquoi est-ce qu’on trouve toujours des raisons à un viol ou à une agression? Pourquoi est-ce qu’on juge un silence, mais aussi une dénonciation? Pourquoi est-ce qu’on tolère des comportements toxiques qui passent sur le dos d’une «blague»?

En écrivant ce texte, je suis sincèrement bouleversée par les témoignages que je lis sur les réseaux sociaux. Mon texte est majoritairement composé de questions, parce que je ne semble pas avoir les réponses, mais il est tout de même très important pour moi de mettre en lumière les victimes. Je veux qu’on les écoute, je veux qu’on les lise, je veux qu’on leur donne le courage d’en parler, je veux qu’on leur donne les outils pour avoir de la justice et le plus important, je veux qu’on les croit.

Dénoncez, écoutez, comprenez, parlez, respectez. Ça suffit.

Ressources pour les victimes de violences sexuelles:

  • Juripop (514-705-1637)
  • Gouvernement du Québec (1-888-933-9007)
  • Tel-Jeunes (1-800-263-2266)
  • CAVACS (514-277-9860)
  • CALACS (514-529-5252)
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