Je suis trichotillomane. Et je comprends que ce ne soit pas un terme compris de tous, c’est normal. Vous savez, il y a de ces gens qui ont la chance d’avoir une magnifique chevelure épaisse, d’autres qui ont les cheveux longs qui n’arrêtent jamais de pousser et, finalement, il y a moi qui tente tant bien que mal de cacher de cheveux à certains endroits.

Je ne suis pas spécialiste, je ne suis qu’une femme parmi tant d’autres qui souffre de ce trouble. Donc, si vous pensez en souffrir aussi, je vous conseille de consulter un professionnel, puisque tout le monde le vit de manière unique (la chance, hein!).

Ça mange quoi en hiver la trichotillomanie?

Les poils. Allant des sourcils, aux cils, aux poils pubiens, de jambes et, plus souvent, aux cheveux, la trichotillomanie est un trouble du comportement souvent considéré comme compulsif (TOC). Sa victime (oui, laisse-moi utiliser le mot victime, merci) ressent le besoin de s’arracher les cheveux (ou autres poils) ou de jouer avec, sans pouvoir le contrôler.

« Sans pouvoir le contrôler » est assurément la partie la plus difficile à comprendre pour quelqu’un qui ne le vit pas. En effet, ce n’est pas aussi simple que de se dire « Ok j’arrête, je descends mon bras et je ne touche plus à mes cheveux ». Ah si seulement! Pour ma part, je l’explique comme ceci à mes proches lorsque vient le temps : c’est comme être en trans. Je suis consciente de ce que je fais, mais sans l’être à la fois. Je vois et je sens mes doigts bouger le long de ma tête pour arracher le bout de mes cheveux, mais je ne peux pas et je ne veux pas vraiment arrêter. Ça me procure un soulagement, un bon feeling. Pas pour longtemps, évidemment. S’en suit la période de honte et de regret.

L’impact sur l’estime de soi

Je me suis toujours considérée comme étant une femme confiante. Confiante en mes moyens, en mes capacités et aussi, confiante en mon apparence. En d’autres mots, je ne suis pas laide et je le sais. Lorsque la trichotillomanie se manifesta pour la première fois chez moi à l’âge de 18 ans, cette perception de moi-même changea assez rapidement. Puisque, les premières apparitions de trichotillimanie ne se font pas aisément, je peux te le garantir. Ça va et vient avec tes périodes de stress et, lorsque ça apparaît pour la première fois, c’est souvent parce que tu viens de vivre quelque chose de traumatisant.

Après seulement un mois, mon visage était soudainement beaucoup plus ouvert. Pourquoi? Parce que mes cheveux sur les côtés étaient rendus courts jusqu’à mes yeux. Imaginez-vous un enfant qui se coupe une frange d’un pouce de longueur et qui se la sépare en deux avant de les placer sur les côtés. C’était moi. Heureusement, ce n’est plus moi cinq ans plus tard. Je vous laisse imaginer le nombre de personnes qui me posaient des questions sur mes cheveux, sans compter les coiffeuses (d’ailleurs, ce ne fut pas très long que j’appris à me les couper moi-même à la maison pour ne pas voir le regard d’incompréhension d’une coiffeuse en voyant mes cheveux). À ces questions, je répondais vaguement que mon amie avait complètement raté ma frange ou simplement que j’avais un problème de cheveux qui rendait impossible leur pousse à certains endroits.

Bref, c’était difficile, ce l’est encore. Mes cheveux seront toujours mon plus grand complexe. Je dis souvent à la blague (mais pas vraiment) que nous devrions vivre dans un monde où tout le monde porte le coco rasé. Wow, vous n’imaginez même pas la délivrance rien qu’à y penser!

Quelle est la solution?

La trichotillomanie résulte de plusieurs choses. Elle peut être le symptôme d’une maladie plus grave, d’où l’importance de consulter un professionnel de la santé dès que des signes se font ressentir. Souvent de pair avec des troubles anxiété, les solutions se retrouvent alors dans la bonne médication ou d’autres moyens de gérer son anxiété dépendamment du niveau. Encore une fois, seul un professionnel de la santé peut vous prescrire cette solution. Je comprends qu’il n’est jamais agréable de prendre de la médication, mais si c’est ce qui peut vous aider, s’il vous plaît, pensez-y bien.

Dans plusieurs cas, comme dans le mien, la trichotillomanie apparaît à l’adolescence suite à un événement traumatisant ou de grand stress. C’est mon cas. Alors, ma solution, c’est de consulter un psychologue de temps en temps (au début, c’était à chaque semaine) afin de mieux cerner et de mieux comprendre la raison de ce trouble. Lorsque j’ai enfin compris d’où ça venait, j’ai vu l’intensité ainsi que la fréquence de mes « crises » de tricho chuter au moins de moitié. Nul besoin de vous dire que cela m’a fait un bien immense. Par contre, c’est un combat de tous les jours. Encore aujourd’hui, lorsque je vis des périodes de ma vie plus stressantes, je dois redoubler de concentration pour limiter mes crises.

L’important, c’est d’en parler. Je te laisse le meilleur groupe de soutien du monde juste ici!

Source image de couverture : Unsplash

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