Mon bébé est né à l’hôpital. Il a maintenant presque 7 mois, et il y est toujours. Je sais que tout le monde a ses petits malheurs et qu’on ne peut pas comparer les situations. Tes inquiétudes sont valides même si quelqu’un vit quelque chose de pire que toi quelque part.

Mais lorsque tu écris que tu n’en peux plus parce que tu attends à l’urgence depuis 2 h pour ton bébé qui a une otite, ou lorsque tu me dis que tu ne dors pas la nuit parce qu’il fait ses dents et que c’est épouvantable, je ne peux pas m’empêcher de penser que tu te plains le ventre plein. Je comprends que les vaccins de ton enfant te font mal à ton petit cœur de maman, mais je sais aussi que mon fils a dû avoir 3 opérations à cœur ouvert en 7 mois et de multiples transfusions, prises de sang, examens invasifs.

Et lorsque tu étales les éloges de ton enfant « surdoué » sur toutes les plateformes en vantant ses capacités et en insistant que « les autres enfants de son âge ne sont pas capables d’en faire autant », il m’est difficile d’oublier à quel point mon petit aura besoin de réadaptation et de rattrapage au niveau moteur parce qu’il a passé le deux tiers de sa vie sous sédation.

J’ai un peu de peine que tu ne réalises pas la chance que tu as d’avoir un enfant en santé

Que tu mettes l’emphase sur des choses qui ne sont pas si importantes, que tu te compares pour faire de son développement une compétition. Alors que tu devrais simplement profiter, te rendre compte de l’or que ça vaut d’avoir ton mini à tes côtés jour et nuit. Que tu te rappelles que beaucoup n’ont pas le privilège que tu as.

J’aimerais pouvoir te montrer toutes les nuits de larmes et de cris ou je n’ai pas pu être près de lui parce que je devais retourner à la maison et lui ne pouvait pas. Toutes ces journées d’angoisse où il quittait avec les médecins et infirmières et où je n’avais pas de nouvelles des heures durant, tous ces questionnements, ces remises en question. Tous ces moments où je me suis demandé si c’était la dernière fois que je pourrais voir son sourire, si son virus l’emporterait, car son petit cœur ne serait pas assez fort, si son infection aurait le dessus sur lui, si son cerveau garderait des séquelles, s’il pourrait un jour parler ou marcher comme les autres. J’aimerais te prendre par la main et te faire traverser ce périple avec moi, pour que tu serres tes enfants plus fort dans tes bras ce soir, pour que tu réalises que rien d’autre n’importe.

Tu as le droit d’être épuisée, triste, fatiguée, dépassée.

Tu es valide en tant que maman, autant que n’importe qui d’autre. Mais ne perds pas de vue l’essentiel. Élever un enfant c’est une aventure remplie d’embûches et de travail acharné, mais élever un enfant en santé, c’est un cadeau que l’on n’a pas toujours conscience d’avoir reçu.

Image de couverture par Solen Feyissa
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