À toi, qui m’a fait croire au coup de foudre. C’était un jour de juin, il y a déjà bien longtemps.

Je me souviens encore de ce moment précis où l’on s’est rencontrés.

Toi, avec tes cheveux longs et tes yeux bleus qui plongeaient dans le noir obscur des miens. Mon cœur a sauté quelques battements.

Mais il était déjà pris. Et le tien aussi.

On avançait sur des rails parallèles, jamais proches, mais jamais loin.

Nos silences parlaient plus que bien des mots.

Nos yeux savaient ce qu’on essayait de refouler au plus profond de nous.

On jouait avec le feu, sauf qu’on ne pouvait pas. Ce n’était pas le moment.

Il n’y a jamais eu de moment.

On s’est attendus sur le quai chacun notre tour avec nos valises de sentiments retenus. L’un de nous arrivait toujours en retard au rendez-vous.

Parfois, on avait donné notre promesse à quelqu’un d’autre.

Et parfois, c’était la peur qui nous empêchait de nous abandonner à ce lien qui grandissait.

Les regards qui durent un peu trop longtemps. Les sourires un peu trop doux.

Nos âmes se retrouvaient toujours, mais c’était interdit.

Crédit: Joakim Honkasalo

On s’est manqués mille et une fois.

Et c’est encore le cas.

Notre livre n’est fait que de chapitres inachevés et de rendez-vous manqués.

Le timing n’a jamais été de notre côté.

Est-ce qu’on aurait dû essayer?

Est-ce qu’on aurait pu avoir le courage?

Et si on avait essayé, juste une fois.

Si nos mains s’étaient trouvées, un peu timidement, reconnaissant malgré elles leur chemin.

Si nos corps s’étaient enveloppés de toute cette chaleur qui nous brûlait.

Si mes doigts s’étaient entremêlés dans tes cheveux que je rêvais de détacher le soir à tes côtés.

Et si, enfin, nos lèvres s’étaient frôlées… lentement, intensément.

Je me suis souvent demandé pourquoi la vie met deux personnes idéales l’une pour l’autre sur la même route, sans leur permettre de se rejoindre.

Je me demande ce qu’on aurait pu être.

Est-ce qu’on aurait su s’aimer?

Est-ce qu’on aurait été heureux?

Est-ce que ça aurait été trop passionnel?

Était-ce l’évidence qui nous rendait inaccessibles?

Notre histoire n’a peut-être jamais réellement commencé.

Mais elle ne s’est jamais terminée non plus.

Comme deux planètes, on continue de graviter dans l’orbite de l’autre.

On continue de veiller, en retrait, silencieux, sans jamais se perdre.

On ne s’est jamais promis.

On ne s’est jamais quittés.

Peut-être qu’un jour, finalement, on sera là au bon moment.
Image de couverture de Kara Eads
Accueil