Ce sont les mots qui ont fait un saut pour sortir de ta bouche en essayant de se sauver du torrent qui coulait de tes yeux. Je les ai rattrapés au vol et je les ai gardés précieusement aux creux de mes mains pour te les redonner. Pour te les redonner et que tu puisses les voir pour ce qu’ils sont.

Des petits mots qui ont l’air bien affirmés, mais qui cachent sous leur masque tellement d’insécurité construite de tes traumas qu’ils ne les cachent pas vraiment, finalement.

Je les ai regardés droit dans les yeux et je leur ai dit d’enlever leur masque pour qu’on se parle des vraies affaires.

Je leur ai dit que rien n’est ridicule quand il est question d’émotions et que j’aimais mieux les entendre pour ce qu’ils sont plutôt que de les recevoir honteux comme ça après un saut en urgence pour sauver l’ego qu’il te reste à sauver.

Crédit: Jesse Bowser

Puis je t’ai regardé toi. Ton toi complexe. Ton toi brisé. Ton toi fort. Ton toi résilient.

Je t’ai pris par la main et on est allés marcher sur le bord de tes failles de vulnérabilité. On a longé les chemins cahoteux que tu empruntes souvent dans l’espoir de les éviter. On est allés recueillir des données terrain pour analyser de quoi ton sol était fait.

Puis, je t’ai demandé de me dire où ta colère était partie se cacher depuis qu’on t’a appris qu’elle ne devrait pas être ici.

Je t’ai demandé où ta peine allait pleurer depuis qu’on t’a dit que les gens qui pleurent ce n’est pas joli. Je t’ai demandé d’où viennent les vilains mots qui te justifient un vécu que tu n’as pas besoin de justifier.

Ils sont loin, tu dis, tu ne sais plus vraiment à quoi ils ressemblent.

Quand tu penses les entendre arriver, tu pars au galop, n’importe où, n’importe comment. Plus tu vas loin, plus ils se cachent. Mais des émotions comme ça ce n’est pas fait pour rester caché.

C’est en galopant comme ça que tu es atterri dans mon bureau.

Un peu perdu, bien conscient de l’être, et te questionnant sur le chemin à emprunter. Tanné de tes chemins cahoteux, tu as besoin d’une carte pour te diriger. Tu ne sais pas encore tu te diriges où, ça fait tellement longtemps que tu es perdu que tu ne sais pas où tu veux retourner. Tu as oublié de quel côté se lève le soleil et quelle étoile suivre pour te guider. C’est correct, ça arrive.

On va apprivoiser les émotions que tu gardes cachées pour qu’elles arrêtent de te lancer des pensées erronées quand ton cerveau se cherche de quoi à faire.

On va découvrir sur le chemin ce qui les invite à sortir, et ce qu’on doit faire pour qu’elles se sentent bien. On va marcher sur le bord de tes failles et ça se peut même que tu tombes, que le chemin te semble soudainement dangereux. Mais je suis là et je tiens la main. Je vais mettre des filets dans les trous pour que tu sois capable de remonter.

Je vais mettre des échelles pour les fois où ce sera trop glissant pour tes mains. On va se rendre tranquillement là où tu dois aller pour être bien.
Image de couverture de Maël BALLAND
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