Vous me regardez aujourd’hui et vous vous dites peut-être que j'ai tout pour moi : un bon travail comme ingénieure, des accomplissements sportifs, un amoureux qui m’aime, une famille unie, etc. Mais détrompez-vous, ça n’a pas toujours été le cas. J’ai subi de l’intimidation dans ma jeunesse, j’en ai vu des vertes et des pas mûres avec mon à-peine-cinq-pieds-deux-pommes en débutant le secondaire et ma coupe champignon à la Nick Carter pour embellir le tout. J’étais studieuse, un peu trop pour certains, avec les 100% dans toutes les matières. Je suis vite devenue la risée et la petite nerd de l’école. J’étais sportive et loin d’être la plus belle avec mes lunettes, mes broches, ma taille filiforme. Bref, tout pour ressembler à un petit gars. Les filles me pointaient du doigt en riant et m’humiliant, les garçons étaient sans intérêt pour une fille comme moi et l’estime de soi en prend un sale coup.

Les années passent et je souhaitais plus que tout changer d’école, mais la vie ne fonctionne pas ainsi. Quand on est jeune, on a rarement le gros bout du bâton dans ces prises de décision. J’ai survécu au secondaire, j’ai fini à 5’7’’, les cheveux longs, des verres de contacts, les dents blanches et bien droites, quelques formes à l’horizon et resplendissante dans ma robe de bal.

Les prétendants ont commencé à se faire sentir, les filles ont commencé quant à elles à « mémérer », à raconter des histoires sur moi. Une réputation est si vite perdue.

Bref, avec du recul, je pense qu’aucune des deux situations n’est meilleure que l’autre. La fille que je suis devenue a bâti une carapace pour toutes ces personnes qui ne méritaient même pas d’être assez proches de moi pour m’affecter. Mon estime de moi, ma confiance en moi, ma personnalité ont été touchées par des gens qui, souvent, se sont servis de moi pour se remonter. Je réalise désormais que j’ai été le souffre-douleur de gens comme moi qui avaient une faible estime d’eux-mêmes. J’aurais aimé qu’une personne me l’explique comme je le réalise aujourd’hui et si ce texte peut aider quelqu’un qui se sent seule dans sa vie et bien crois-moi tu n’es pas seule, ta voisine de pupitre, ta collègue de travail, la personne assise à côté de toi dans l’autobus. Peu  importe les regards ou les commentaires qui seront dits à ton égard, SVP promets-moi que toutes ces petites choses banales te passeront six pieds par-dessus la tête. Tu mérites de vivre pleinement, de vivre librement et d’être heureuse pour toutes les subtilités que la vie apporte. Je me suis restreinte, je me suis sentie jugée, j’ai toujours voulu plaire, être amie avec tout le monde, me sentir aimée par tous. Toutes ces barrières sont difficiles à défaire. Plus tu passes d’années dans ce monde et plus il est difficile d’en sortir, alors enseignons aux jeunes que l’intimidation n’apporte rien de positif autant pour la personne qui intimide que celle qui est intimidée.

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J’ai passé au travers et je ne suis pas morte, mais j’ai été longtemps pas très forte. Je me bats encore à tous les jours pour m’aimer, m’accepter comme je suis. Mon estime de moi, je travaille encore à la bâtir. J’ai des rechutes, je m’entoure de gens positifs qui m’aident à m’ouvrir et sortir de cette carapace dans laquelle je me suis recroquevillée durant des années. C’est un travail de longue haleine, mais ça en vaut la peine.

Apprenons aux autres l’amour, l’amour de la différence, l’amour pour soi, l’amour partagé. Je réalise petit à petit que la différence n’est pas mauvaise, il suffit simplement de comprendre la différence pour finalement la trouver belle. Alors dès aujourd’hui, disons que cette personne est différente plutôt que dire qu'elle est bizarre. Ça fera déjà une belle grande différence dans notre société.

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