Tout ca a commencé à cause de la petite voix fatigante qui m’influence toujours à faire des choses que la plupart des gens ne feraient pas. La p’tite criss de voix qui vit dans ma conscience. L’écho à l’intérieur de ma tête qui me pousse à la frontière de mes limites en me menaçant à toutes les fois de regretter un jour si je m’oppose à elle. C’est pire que la voix du Maître du loft.

Donc, ma fouineuse de voix s’était une fois de plus immiscée dans ma vie sentimentale et m’avait convaincu d’enquêter sur les désirs sombres de mon copain de l’époque et, avec un peu d’acharnement, il m’avait  marmonné timidement que son trip serait d’essayer un jour le BDSM et de jouer le soumis.

«Te faire mal?» J’avais répondu.

«Ouais…J’aime la douleur, je pense ».

«Genre comment? Parce que si ca te tente je peux t’épiler le cul, je peux te prêter mes escarpins de huit pouces pis te forcer à les porter toute la journée. Je peux aussi dire à tout le monde que t’en as un p’tite en maudit. Ah! Je peux faire exprès de mettre un meuble en plein de milieu de ton chemin pour que tu te t’pètes le petit orteil dessus. Je peux aussi t’a…..»

«Ok tayeule No! Tu dis n’importe quoi. J’aime le sadomasochisme. T’sais…Comme le livre cul-cul que toutes les filles ont lu….Ben c’est ca ».

«Ahhhh ok….! T’es comme la version d’pauvre de Christian Grey dans le fond ? sauf que toi ben… tu serais la fille »

«Genre…Hey! Fuck you »

Pis c’est là que j’aurais dû juste clore la conversation pis m’en aller subtilement chez nous en lui feignant une diarrhée aigue pour le reste de mes jours, mais la voix démoniaque ne me lâchait pas.

« Fais-le! Fais-le! »

Le mot sadomasochisme n’arrêtait pas de se frapper contre les parois de ma cavité crânienne.

Bong, bong.

Sadomasochisme.

Sado.

Maso.

daria noemie

Je me remémorais un vieux souvenir de moi entrant dans le sous-sol d’un Sex Shop nébuleux ou j’ai été prise au dépourvu en voyant les centaines d’objets ayant probablement servi d’instruments de torture au moyen-âge mais plus cheap pis sans le poil de minou rose.

Je me devais d’approfondir ma soif de connaissance sur le sujet et pour le faire, j’avais besoin de mon encyclopédie personnelle à mes côtés;

«…Toi qu’est ce que tu ferais à ma place ? »

« Oh my god! C’est tellement excitant tout ça! C’est sûr que j’en profiterais pour embarquer dans la game! Ces personnes-là aiment ca les jeux de rôles pis toute, regarde des vidéos de sado pis improvise! Toi qui as toujours aimé le théâtre! C’est le temps! ».

Fait que je l’ai écoutée, je me suis ramassée sur des sites pornographiques probablement illégaux grâce aux précieux conseils de ma chère maman. Du beau temps de qualité mère-fille comme on a l’habitude d’en passer (c’est une blague, appelez pas la DPJ).

Honnêtement, je sais pas qu’est ce qui m’a le plus bouleversée entre voir des hommes déguisés en poney pis des femmes habillées en sofa de cuir ou le fait que ça me rappelait étrangement ma grand-mère. Ben quoi? Elle habitait juste à côté d’une écurie pis d’un Cuir Dimitri.

Après avoir étudié en long et en large le cas de mon copain qui aimerait avoir mal, je me suis dit que j’avais assez cumulé de points PC (professionnelle connaisseuse) dans l’art de sadomasochiser un homme pour passer à l’action…du moins…Essayer.

Moi, Noémie Rousseau, je deviendrais… Maître dominatrice et j’allais désormais m’appeler…. Vénus des Abysses des Enfers. En l’honneur de Vénus Williams, parce que personne voudrait se faire botter le cul par elle… En quelque sorte. J’avais aussi pensé à Lady Matricule 666 mais il ne restait plus de menottes en spécial.

Bref, il ne manquait plus qu’à dénicher la parfaite combinaison sexy qui ferait kouic kouic en marchant et j’étais enfin prête à entrer dans mon personnage.

«J’ai un cadeau pour toi, reste ici pis bouge pas, je reviens tout de suite ».

Je l’ai enfermé dans ma chambre et je suis partie me déguiser en fantasme ambulant dans la salle de bain.

J’ai enfilé mes sandales noires à talons hauts lacées jusqu’aux mollets, j’ai appliqué du noir trop noir sur mes yeux, du rouge sang sur mes lèvres pis j’ai remonté mes cheveux en chignon.

Je me suis regardée une dernière fois dans le miroir.

Je ressemblais à Karmina le vampire cheesy des années 90.

Too bad.

Je suis entrée en coup de vent dans la chambre en criant:« COUCHE-TOÉ MON GROS PERVERS PIS ÇA PRESSE ».

À bien y penser, je crois que c’est exactement à ce moment-là dans ma vie que j’ai perdu tout espoir en ma propre crédibilité intérieure.

Et il faut croire que mes perceptions étaient justes puisque lui aussi était crampé.

J’étais hors de moi, je me faisais humiliée malgré tous mes efforts déplorables pour avoir l’air le plus menaçant du monde pis j’avais juste l’air de Bambi déguisée en Taylor Momsen.

La guerre était commencée.

«OBÉIS À MES ORDRES ET À TOUS MES CAPRICES, SOUMIS».

Il m’écouta soudainement, les lèvres plissées en quatorze pour se retenir de rire à nouveau. Au moins.

« Là tu vas te coucher sur le dos pis j’veux pu t’entendre. J’vais t’attacher ben, ben solide pis tu pourras pu rien faire contre ma violence pis la douleur que tu vas ressentir quand je vais t’frapper de toutes mes forces. »

Intimider son petit frère toute sa jeunesse aura finalement porté fruit puisque mes nœuds de marin étaient solides comme les pipes à Channing Tatum.

J’ai sorti mes instruments de combat, c’est-à-dire un fouet pis ma main, et j’ai commencé à lui donner des coups, les yeux fermés parce que je me sentais moins coupable de même (le déni).

«T’aimes ca, hein? T’aimes ça? »

Il hurlait et gémissait.

Je ne savais pas s’il aimait sérieusement ça ou pas, mais si c’était le cas contraire et que la douleur était trop forte, il devait crier « Lucien Francoeur », ce qu’il n’avait pas encore fait.

«AHHHH! AHHHHHH!!!! »

C’est là que j’ai senti de quoi dans mon cou.

En me frottant la peau, une araignée est tombée sur le ventre de mon ex.

«AHHHHHHHH! AHHHHHHHH! DÉTACHE-MOI !!!!! »

Mon ex essayait de se défaire de l’emprise de mon gros nœud, et c’était hilarant. Il hurlait plus fort que pendant que je lui donnais une volée.

Il détestait les araignées depuis son voyage en Australie où il s’était fait piquer.

Plus il paniquait, plus il criait, plus je riais.

J’étais morte de rire.

Je n’avais jamais vu de ma vie un gars nu, attaché mon lit, en train de capoter autant pour une araignée.

Je me pissais dessus.

« LUCIEN FRANCOOOOOEUR !!! ».

Je n’ai pas eu le choix de le détacher, c’est les règles.

Je le regarde, le sourire fendu jusqu’aux oreilles.

«Hey t’avais tellement raison, ça fait vraiment du bien être sadique des fois! Pis toi? T’as-tu aimé ca autant que moi ton expérience d’homme violenté et humilié? ». En prenant bien soin de lui montrer l’araignée de plastique du bout des doigts.

Vénus des Abysses des Enfers a toujours plus d’un tour dans son corset de latex.

«Mouhahahahaha! »

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