Ouf, encore une journée pleine d’émotions avec des picotements dans la gorge. Ça en est frustrant, de ne pas arriver à se contrôler, de ne pas être plus forte que ça. Chaque fois, je me parle, à mon moi intérieur que j’essaie éperdument de convaincre encore et encore.

Je n'y arrive pas, point. Un masque ? Une barrière ? Suis-je supposée avoir ça moi ?

Pourtant, je sais que ce qui se passe devant mes yeux ne me concerne pas. Pitié ne pleurez surtout pas devant moi, c’est pire qu’un bâillement. Je suis la personne qui écoutera tout ce que tu as à évacuer, à raconter. Je vais même parfois arriver à te faire voir les choses autrement et trouver des solutions, ou pas. Il y a un hic. Ta peine, je vais la partager. Ho, ne crains pas, je n’aurai aucune difficulté à me mettre à ta place. Non seulement je peux comprendre ce que tu vis, mais mon super cerveau pense carrément que ça lui arrive aussi. Il faut dire qu’avec quatre hamsters ayant élus domicile là-dedans, ça fonctionne non-stop.

C’est exagéré, je l’sais. Chaque fois, j'essaie très fort que les larmes ne me montent pas aux yeux. En passant par la gorge, ça brûle.

« Le chandail est bleu, la dame porte des gants, j’ai 3 papiers qui traînent… »

Énumérer les trucs qui m’entourent, de temps en temps, ça fonctionne, la plupart du temps, non.

L’émotion prend le dessus, qu’elle soit complètement irrationnelle ou même fictive. Tu sais, quand j’écoute un film avec d’autres personnes, quand elles ont un brin d’émotion, moi, j’ai mal. J’ai beau avoir regardé le même film 20 fois, savoir exactement ce qui va se passer dans la prochaine minute, ça ne changera rien. Je peux même te décrire la scène à voix haute juste avant que celle-ci se produise, mais PAF ! Même effet que si je le voyais pour la première fois.

Je ne blague pas, quand Mufasa, le père de Simba meurt (spoil), j’ai le cœur brisé.

La job, la place où t’es supposé resté de marbre, je travaille parfois sur ce qu’on appelle des dossiers de successions. OUCH! Laisse-moi te dire que quand la personne devant moi m’explique qu’elle vient de perdre la moitié de ses 60 dernières années et que la vie n’a plus de couleurs, je perds mes repères.

C’est bien trop triste ! Et non, je ne lui ai pourtant pas posé de questions, j’évite évidemment. C’est probablement écrit dans mon front que je suis une éponge et que tu peux évacuer.

Mais ! Il n’y a pas que le triste, il y a tout ce qui est émouvant. Lorsque tu me raconteras que ta petite dernière a réussi son spectacle de fin de l’année et que je verrai la fierté dans tes yeux, je la partagerai aussi. Ça me touche réellement. Tu me trouveras peut-être ‘too much’ mais bon.

Je te le jure ! Par instants, le trop-plein d’émotions me fait suer, mais les autres fois ça me permet de déceler les détails que la plupart des gens ne voient pas. J’ai plein de qualités qui me viennent de mon hypersensibilité. T’inquiète, j’ai aussi plein de défauts. C’est rarement facile à gérer, mais heureusement, toutes les personnes qui m’entourent connaissent cette facette de moi et je n’essaie presque plus de la cacher. (J’ai dit presque… ORGUEIL)

Je te raconte tout ça parce que ça m’a dérangé longtemps. Vraiment longtemps. Je me suis demandé tellement de fois pourquoi, moi, je n'avais pas ça l'interrupteur que tu es capable de contrôler.

Finalement, ce n'est pas si grave. Apparemment ça a même du positif. Ouaip, absolument.

Je ne suis pas arrivée à cette conclusion toute seule, loin de là. Mais j’ai appris avec le temps que de nommer l’émotion aux personnes présentes et de laisser déborder un brin soit plus facile à gérer que la brûlure intense qui me déchire l’intérieur. C’est tout moi, c’est nous, les hypersensibles.

Nous ajoutons à la vie, de la texture et de l’intensité. Finalement, nous sommes un atout.
Image de couverture via Unsplash
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