Un jour, juste comme ça, ça a dérapé et je ne l’ai pas vu venir. J’ai perdu le contrôle de mon bateau et j’ai frappé un iceberg. Mais lorsque je l’ai réalisé, il était trop tard. J’étais déjà blessée. Jusqu’à ce jour, tout allait pour le mieux. En fait, c’est ce que je croyais. L’illusion d’être heureuse sur des eaux troubles.

Et l’impact a frappé fort. Réveillé d’anciens démons, dévoilé d’anciennes blessures.

I couldn’t go back.

J’étais aux études, je travaillais fort pour avoir tout ce que j’avais. J’essayais de jongler avec les études, le travail, les amis, la famille, les loisirs et le sport. Et je peux-tu te dire qu’il y a des vendredis soirs que je n’avais qu’envie de dormir. Des soirées où je sacrifiais mon sommeil pour les devoirs, des journées où je ne voyais plus le bout et j’appelais mes amies en pleurant, il y en a eu beaucoup trop.

Comme prise sous l’eau, j’étouffais. Il faisait clair, et, tout d’un coup, plus rien. Qu’un néant à mes pieds, aucun espace pour mettre les pieds devant. Ma ville avait sombré dans l’obscurité totale sans crier gare et je ne pouvais qu’entendre le sifflement du vent frais qui transportait les feuilles mortes.

Je n’ai jamais vraiment pensé m’écouter, prendre le temps de respirer l’air frais à l’extérieur. L’idée d’avoir besoin de m’arrêter ne m’était jamais traversé l’esprit même l’ombre d’un instant. Jusqu’à ce jour où tout a chaviré.

iceberg glaceSource image: Unsplash

À l’école, on ne nous a jamais appris à nous aimer, à prendre soin de nous et de notre santé mentale. Des fois, je me suis demandée ce que je faisais sur les bancs scolaires, alors que le plus important, on ne nous l’enseigne pas, car on le prend pour acquis.

Mais quand la santé mentale n’est pas là, rien ne l’est.

C’est pourquoi je n’ai pas compris lorsque mon corps m’a lâché sans m’avertir. Je n’ai compris qu’après lorsque j’ai décidé d’apprendre à prendre soin de moi, car oui, ça s’apprend. C’est comme faire ses impôts ou aller voter, ce n’est pas inné, il faut l’apprendre.

Je me rappelle être assise dans le bureau du médecin et qu’il me demande ce qui avait déclenché cela et je n’ai pas su quoi répondre. Un silence a plongé dans la pièce, car moi-même, je ne savais comment j’en étais rendue là. Comment j’étais tombée aussi bas. Et j’avais honte de ne pas avoir évité le naufrage. En fait, c’était tout simplement la vie qui m’était rentrée dedans. Juste un peu trop fort. Il n’y avait rien de spécial, aucun évènement, ce n’était que mon corps qui n’avait pas tenu le coup.

 « Prendre soin de soi, ce n’est pas seulement quand ça va moins bien. C’est à chaque jour, à chaque seconde de notre vie. »

Cette période de ma vie, c’est loin d’avoir été la plus glorieuse. J’avais de la misère à me lever le matin, je pleurais dans mon lit au lieu d’aller travailler et je ne sortais plus sous l’incompréhension de mon entourage. Chaque action de mon quotidien nécessitait son lot d’efforts : manger, me laver, me brosser les dents, etc. Un nuage est passé dans ma vie et j’ai dû tout mettre sur pause afin de prendre soin de moi. Car je ne l’avais jamais fait, mais prendre soin de soi, ce n’est pas seulement quand ça va moins bien. C’est à chaque jour, à chaque seconde de notre vie. Aujourd’hui, lorsqu’on fait allusion à mon passé, j’ai peur d’en parler. J’aurais voulu que tout s’efface, mais ce n’est pas la réalité.

Alors, si j’ai un conseil à te donner : écoute-toi, écoute ton corps. Il t’envoie des signaux tout le temps. Si t'arrives pas à composer avec l’école et ta job étudiante, diminue tes heures. Si t’es fatigué, écoute-toi et relaxe chez toi au lieu de sortir au bar. Colore des mandalas, bois un chocolat chaud aux KitKat emmitouflé dans tes doudous devant Netflix, danse, chante, prends un bain aux chandelles, bref ; fais ce que tu veux, mais fais quelque chose qui te fait du bien. N’attends pas d’avoir la pire dépression et de ne plus être capable de sortir de ton lit le matin pour te dire que, peut-être, t’aurais dû faire attention.

Baby, it’s written all over your skin. Tes cicatrices, tu ne t’en débarrasseras pas, ça fait partie de ton histoire, de la personne que tu es aujourd’hui. Tes blessures, elles vont rester là. Ce qu’il te reste à faire, c’est accepter et avancer.

Parce qu’on ne m’a jamais dit à quel point c’était important de prendre soin de soi.

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