J’écris aujourd’hui parce que j’ai une confession à faire : je n’ai jamais été amoureuse. Je n’ai jamais - ou presque - ressenti ces papillons dans l’estomac, je ne me suis jamais rongé les ongles en attente d’un message qui ne viendrait jamais, je ne me suis jamais assez investie dans quelqu’un pour m’y attacher.

Je ne dis pas ça pour me plaindre, mais j’aimerais qu’on m’entende. Je me suis longtemps sentie comme une extraterrestre parmi toutes ces adolescentes qui changeaient de chum toutes les semaines. J’ai eu beaucoup d’amies qui consommaient autant d’hommes que d’alcool. Ce sentiment d’être ivre d’amour et de sexe, je ne le connais pas.

J’ai longtemps eu l’impression d’être seule dans ma situation, alors je n’en parlais pas. Je m’arrangeais pour que personne ne pose de questions sur ma vie amoureuse. Quand on jouait à « je n’ai jamais », j’étais toujours celle qui posait les questions et jamais celle qui buvait.

fille célibataire seule

Source de l'image : Unsplash 

Quand j’ai eu 20 ans, je me suis dis qu’il était temps. Mais la pandémie est arrivée et je me suis retrouvée isolée. Impossible de sortir dans les bars, de rencontrer et d’embrasser. Impossible aussi de flirter, de toucher, de coucher. Impossible de s’attacher, de s’envoler et d’aimer. J’ai donc remis ce projet à plus tard.

Comprenez-moi. J’aimerais rencontrer l’homme qui ferait battre mon cœur à cent à l’heure, qui me ferait tourner la tête et oublier tous mes mots. J’aimerais trouver cet éternel complice dans mes délires, cette personne qui me fera rire et, de temps en temps, souffrir - parce que c’est inévitable.

Bien sûr que j’aimerais être amoureuse. Plusieurs fois cette année, malgré le contexte inhabituel, je me suis dit que ça allait arriver. Entre deux swipes sur Tinder, je me disais que ça allait me tomber dessus, juste comme ça, sans que je puisse rien y faire. Je me disais que je n’allais plus être coeur à prendre à Noël, puis à la Saint-Valentin, puis jamais.

C’est en entrant dans le jeu du flirt que j’ai découvert qu’au fond, ça m’importait peu. Je me suis trouvée ridicule d'attendre un match en espérant que ça « fitte ». À défaut d’avoir toujours voulu tomber amoureuse, je me suis dit que j’allais arrêter de chercher. Que j’allais me concentrer sur moi, pour une fois. Fuck les gars, que je me suis dis.

J’ai toujours été ambitieuse. Après une année à ne rien faire d’autre que d’écouter mes enseignants sur un écran, j’ai décidé que c’était le moment. Non pas le moment de tomber amoureuse, mais le moment pour moi de me dépasser, de me concentrer sur ma passion et d’aller de l’avant.

Après des années à baisser la tête chaque fois que quelqu’un me parlait d’amour, j’ai décidé de voir mon célibat comme quelque chose de positif. La liberté de choisir, des opportunités à saisir.

Ne plus chercher ma moitié est, je pense, la meilleure chose qui me soit arrivée. Loin de là l’idée de repousser l’amour, au contraire. Mais j’ai envie de me faire passer en premier. De m’aimer, moi, inconditionnellement. De m’épanouir.

Je saisis toutes les opportunités qui passent, je les prends et je les mets dans ma poche. Ces opportunités me forgeront, moi, en tant que personne et en tant que journaliste. Un jour, cette période de célibat sera la meilleure chose qui soit arrivée à ma future famille. Parce que ça m’aura permis de me bâtir moi, avant de bâtir quelque chose d’encore plus solide avec un autre.

J’aurai bientôt 21 ans et je suis célibataire depuis tout ce temps. Mais maintenant, je n’en ai plus honte. Watch me.

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