J’ai vraiment eu un coup de coeur pour un élu. À l’intérieur de moi existe une petite voix que j’écoute le plus souvent possible. Et ma petite voix s’est mise à parler très vite en me répétant qu’elle était convaincue que cet homme me ferait vivre des trucs débiles dès l’instant où mes yeux se sont posés sur lui. 

J’ai eu toutes sortes de copains; je ne suis pas attirée par un type d’homme en particulier. Qu’il soit grand, petit, avec un body de marathonien, incapable de courir un km, blond, brun, intelligent, limite nono (mais ô combien beau), drôle, sans humour, bombe sexuelle, faisant la planche... Bref je pourrais continuer encore longtemps, on a compris le principe! Mon SEUL critère essentiel, et c’est mon unique côté superficiel, est qu’il ait des cheveux. Si, en plus, il porte la barbe, jackpot! Il part avec deux morceaux de robots (c’est la faute de saperlipopette).

Donc, j’ai eu plusieurs amoureux de styles différents dans ma vie. Pour une raison ou une autre, ça n’a jamais fonctionné. Il paraît que, pour qu’on puisse vraiment aimer quelqu’un, on doit tout d’abord s’aimer soi-même. J’ai donc décidé un matin de tomber en amour avec la femme que j’étais; ça prendrait le temps que ça prendrait, mais j’aimerais éventuellement la femme que je suis. Celle que je n’avais jamais aimée avant. J’aurai mis deux ans à y arriver, mais je ne pourrais être plus fière d'y être parvenue.

« Tomber amoureuse à nouveau »

Ayant appris à m'aimer, je décidai donc d’essayer d’aimer un homme. De tomber amoureuse à nouveau, mais, cette fois-ci, sur de nouvelles bases. Je m’aime, tu t’aimes, nous nous aimons. C’était l’objectif. Je ne cherchais pas à refaire ma vie, simplement à y ajouter un humff. Je préfère la qualité à la quantité,  vivre le moment présent à fond plutôt que de rêver d’un amour pour la vie. 

En pandémie, les options sont toutefois limitées. Je me suis donc ouvert un compte sur Facebook rencontres. En 500 mots, je me suis « vendue » du mieux que je peux. J’ai ajouté quelques photos et me suis lancée… J’ai eu des dizaines, voire des centaines de « likes ». C’est à croire que tout le Québec est célibataire. Je n’ai « re-liké » que ceux qui me plaisaient avec leurs mots et leurs photos. Pas de demi-mesure. Je ne commencerais rien sous le signe du compromis. Contre toute attente, un homme, sans aucun cheveu, a attiré mon attention à un point tel que, malgré qu’il soit dégarni, j’ai répondu par l’affirmative à sa demande. Rapidement, j’avais assez de prospect pour occuper mon temps, j’ai alors mis mon profil sur pause.

application rencontreSource image: Unsplash

J’ai l’intime conviction que tout se passe en 30 secondes. Qu’en une demi-minute, ça clique ou ça clique pas… Que les atomes y sont, ou non. Nul besoin de 12 rencontres pour savoir si la chimie opère… Dans les derniers mois, j’ai eu un nombre démesuré de 30 secondes. Ils ont tous fait pouêt-pouêt… Sauf un.  Le 30 secondes s’est transformé en une longue marche. J’étais séduite; il était gentil, beau, drôle, intéressant, avait un sourire franc; un sourire de politicien probablement. C’était celui dénudé du crâne, mais ce que je m’en foutais! Je le trouvais beau et hyper séduisant. Nous avons marché, longtemps, des heures… Puis, plus tard, il m’a embrassée. Nous nous sommes écrits à nouveau, nous nous sommes revus, nous avons partagé nos corps plus d’une fois… C’était chimique, du moins pour moi…

Mais, pour lui, il n’a toujours été question que d’atteindre son objectif, le but de sa vie. Sa vie entière est modelée pour atteindre sa cible. Il a commencé par prétendre, pour me « laisser », que je n’étais pas assez sportive et qu’il se cherchait une sportive. Pfff… Excuse bidon et trop facile: je cours 4km, pratique 20 minutes de rameur, fais 20 minutes de musculation et 30 minutes de yoga CHAQUE jour. J’ai aussi commencé la raquette et la boxe par plaisir. Cette raison ne tenait pas le route… À bon entendeur, j’ai feint de le croire.

On a arrêté de se parler quelques jours, puis on a recommencé à s’écrire, à discuter. Nous nous sommes revus et avons baisé. Malgré le fait qu’il fréquentait au même moment SA sportive de rêve.  Jusqu’à ce qu’il me ressorte qu’il cherchait vrrrrrraiment une sportive! Retour à la case départ. Pourtant on s’entendait bien. On avait de belles conversations, la chimie des corps y était, on riait, on partageait plein de valeurs. Mais…

On va se le dire, mon CV de femme n’est juste pas « assez » pour l’homme de paraître qu’il est. Parce qu’au fond, il a des aspirations grandioses le mec; il brigue un poste de pouvoir. Sa vie entière est axée autour de cet objectif. Cet homme n’est pas, il parait. Il ne vit pas, il fait semblant. Il a entre les mains le pouvoir de faire changer les choses pour vrai, mais n’en utilise qu’un iota alors qu’il pullule d’idées pour apporter du positif au Québec. C'est un un être fascinant, mais il se cache sous des couches de superficialité. Chaque décision est prise avec sa tête, jamais avec son cœur. En a-t-il seulement un? Il carbure aux endorphines et à l’ocytocine. Tout est toujours calculé.

Au lit, c’est une bombe de sexe…  Il fait partie des meilleurs amants que j’ai eus.  Il n’a pas de tabou. D'ailleurs, c'est sûrement le seul endroit où il ne joue pas de « game ». Où il prend plaisir pour vrai à être lui; à donner du plaisir et à en prendre. Il cumule les maitresses (il me l’a confirmé), et pour lui, nous nous valons toutes les unes et les autres.

« Je ne suis pas assez »

Malheureusement pour moi, dans son organigramme déjà tout tracé, je ne suis pas assez. Ma seule aspiration est de faire le plus de bien autour de moi en partageant du bonheur, en prenant soin de ceux que j’aime et en prenant soin d’inconnus en tant que bénévole. Je me plais à cuisiner chaque soir un nouveau plat pour ceux assis à ma table, qui méritent que je prenne ce temps pour eux. Je vais donner du plasma, tous les six jours, pour aider à soigner des vies et je me suis inscrite sur la liste de donneurs de reins vivants pour sauver un humain.  J'en n’ai rien à faire du paraître, je veux être!

Physiquement, sur mon CV, j’ai plus d’une dizaine de tatouages qui me racontent (comment peut-on penser s’afficher avec une femme tatouée de partout?), j’ai les cicatrices d’avoir porté six enfants et mes seins auront donné à boire pendant plus de dix ans. Sur mon CV, il est écrit en gras que j’ai aimé, chanté, dansé, bouquiné, appris par plaisir. Que j'ai survécu à un coma, que je vis à fond l’instant présent, sans peur, que je carbure aux défis. Je voyage, je découvre, je touche, je goûte, je tombe, je me relève, j'ose, mais surtout JE M’AIME,  JE SAIS AIMER et JE VEUX AIMER.

couple amour Source image: Unsplash

Et si c'était lui qui n'était pas à la hauteur?

Plus j’y réfléchis et plus je me dis que c'est peut-être lui qui n’a pas un CV à ma hauteur. La femme en moi a envie de quelqu’un d'authentique et non d’une parure. J’ai envie de tomber amoureuse d’un cœur, d’un esprit et d’un corps. Envie aussi qu’on tombe amoureux de moi pour qui je suis, à l'intérieur comme à l'extérieur. Nulle envie qu’un homme me juge, me jauge en imaginant quels impacts positifs ou négatifs je pourrais apporter à sa vie. J’ai pris la décision de mettre l’humain au-devant dans ma vie.

Je lui souhaite profondément d’atteindre SA destination. Parce que ce serait affreusement triste pour lui que, toute sa vie, il ait mis qui il était de côté pour être ce qu’on attendait de lui. Que, malgré cette vie de sacrifices, il n’arrive pas à atteindre son but.

Je me souhaite, pour ma part, de continuer à être entière et passionnée et à m'aimer telle que je suis. De ne jamais me compromettre dans le but de plaire à quelqu’un. Je veux continuer à rêver, à aimer, à ne pas avoir peur… Finalement, je désire tomber amoureuse d'un homme qui tombera aussi amoureux de moi.

Parce qu’au fond, être amoureux, c’est un sentiment extraordinaire qui fait pousser nos ailes. Et avoir des ailes nous permet d’atteindre les plus hauts sommets!

Source image de couverture: Unsplash
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