Dans mon entourage, je suis étonnamment la personne qui a le plus coupé du monde de sa vie. C'est à croire que j'aime ça, avoir des amis un peu toxiques et très intenses. Faire le deuil d'une amitié, c'est difficile, mais il y a des relations qui valent la peine d'être laissées derrière.

Et il faut faire la paix avec ça. Ce ne sont pas tous les amis qui vont résister à l'épreuve du temps. Il y a des amis de passage, des amis d'école, des amis de travail. Ils sont très importants pendant une période précise, mais la relation vient avec une date d'expiration. Lorsqu'on s'éloigne d'eux, ce n'est pas parce qu'on les aime moins. C'est simplement que leur temps est terminé. Et c'est correct.

Plus il y a les mauvais amis. Les amis qui s'accrochent à nous comme un virus ou ceux qui sont pires qu'un chum manipulateur. Les amis toxiques. Ils ne semblent pas l'être au début, mais plus le temps avance, plus ils révèlent leur vraie couleur. Ce sont les pires et ils sont plus difficiles à identifier qu'on peut le croire.

Mais il y a des signes qui ne mentent pas. C'est subtil, mais ces mauvais amis feront tout pour te faire sentir inférieur sans que tu ne te rendes compte que ça vient d'eux. Des remarques ici et là qui arrivent exactement là où ça fait mal.

Une amie me disait que je devais avoir plus confiance en moi, alors que j'avais clairement confiance en moi. Mais lorsqu'elle m'en parlait, je me demandais si je ne le faisais pas assez paraître et, vous devinez sans doute, j'avais donc une baisse de confiance en moi. Une spirale.

Les mauvais amis sont aussi ceux qui disent avoir des convictions en commun, mais qui vous poignarde dans le dos. Un exemple très concret.

Je revenais de voir mon père à l'hôpital. Ma tante m'y avait amené. Une femme somme toute gentille, mais d'une grossophobie légendaire. Elle a récemment perdu une grande quantité de poids et elle a beaucoup de préjugés sur le mouvement body positive. Sur le chemin du retour, elle m'avait dit la chose suivante : Ça ne serait pas plus facile pour toi d'avoir un chum si tu n'étais pas grosse?

Ça m'avait totalement sidérée, mais ce n'était pas surprenant venant de sa part. C'est en revenant chez moi que j'ai raconté cette histoire à une amie de l'époque. La personne qui se revendique comme étant la plus féministe ever, la Reine de l'inclusivité. Et elle a dit : mais elle a raison. Puisque tu veux tellement un chum, pourquoi tu restes grosse?

Cette amie n'a pas compris pourquoi je me suis instantanément refermée. J'étais la mauvaise personne qui ne comprenait pas. C'était elle la victime. Alors qu'elle venait de me dire que je n'allais pas avoir de chum parce que j'étais grosse. D'ailleurs, mon présent chum et futur père de mes enfants la salue. J'ai continué à lui parler pendant quelques mois, mais quelque chose était rompu. Ce n'était plus pareil entre nous. Nous sommes allées bruncher et elle a tenu d'autres propos qui n'avaient aucun sens. J'avais atteint le bout du rouleau.

C'était décidé, je n'allais plus la revoir.

Et je ne l'ai pas revue depuis.

Je ne m'ennuie pas du tout. Cette amie ne me faisait pas de bien. Elle me faisait douter de moi, de ma confiance et me confrontait dans mes valeurs profondes, mais pas de manière saine.

Mon corps, ça m'a pris du temps à l'accepter. Au secondaire, comme tous les adolescents depuis le début des temps, je ne m'aimais pas du tout et je me trouvais énorme. En regardant les photos aujourd'hui, je me rends compte du ridicule de cette pensée. Maintenant, je m'aime comme je suis, pas mal tous les jours. Jamais je n'aurais eu la force mentale de porter un bikini dans ma jeunesse, encore moins de m'afficher en public avec. J'essaie fort fort de ne plus me remettre en doute mon droit d'en porter un. Je le fais fièrement.

Et tous les amis qui sont encore dans ma vie sont d'accord avec ça.

Manu maillot de bain womance bikini mauve

Le look
Bikini : Womance
Photo : Claudia Morin Arbour

Manu haut bikini maillot womance

Accueil