Eh bien! Suite à mon dernier texte (à lire ICI) qui a suscité de la grogne chez certains lecteurs et plutôt de l’empathie chez d’autres, je tenais à éclaircir quelques points.

Je tenais à spécifier qu’à aucun moment j’en veux à mes petites beautés qui poussent à l’intérieur de moi, que je vais les détester à leur naissance ou qu’à un certain moment de ma grossesse je leur en ai voulu. Ce que je n’apprécie pas, ce sont tous les effets désagréables causés par la grossesse. Que celles qui me lanceront les pierres aient vécu une grossesse de jumeaux avec une problématique d’épilepsie jumelée à un complexe relié à l’apparence corporelle que j’essaie de tout mon être de corriger, mais qui est loin d’être une chose facile.

Premièrement, les nausées qui durent 2-3 mois pour les femmes enceintes d’un enfant peuvent durer 5-6 et même 9 mois pour une femme enceinte de jumeaux, je parle ici de nausées, pouvant aller jusqu’à des vomissements.

  • Quand je ravale pour la 10ième fois mon dîner parce que je n’ai vraiment pas envie de devoir remanger un autre plat d’ici le souper et que seule l’idée de la nourriture me lève le cœur, ce n’est pas ce que j’appelle passer une belle journée.
  • Si tu te réveilles dans la nuit environ 10 fois parce que les maux de cœur sont trop intenses, qu'ils t’empêchent d’avoir une qualité de sommeil, que le matin venu la première chose que tu entends c’est : « ouf, profite de tes dernières nuits de sommeil avant l’arrivée des jumelles, parce que tu ne dormiras plus après », c’est inquiétant.
  • Si ta médication d’épileptique doit être revue et augmentée et que tu revois les mêmes effets secondaires que tu as eu pendant 3 mois lors de la prise de ce médicament et que tu as envie de pleurer parce que tu ne veux pas du tout revivre ces moments que tu avais bien cachés dans ta mémoire et tentés d’oublier pendant la dernière année.
  • Si ton système immunitaire est tellement affaibli que tu attrapes la gastro et je vous jure qu’avoir la gastro enceinte, ce n’est pas la joie. Tu t’inquiètes énormément pour ces petits êtres à l’intérieur. Que tu attrapes le streptocoque A, une bronchite, une pneumonie, name it, et qu’à chaque fois que tu tousses, tu as l’impression de les écraser. Que le seul moyen de soulager ta douleur, c’est de boire de l’eau chaude parce qu’enceinte on n’a pas le droit à des sirops ou des pastilles pour calmer l’irritation.

Bref je ne referai pas la liste, mais toutes ces choses sont inquiétantes, même alarmantes quand tu portes la vie. Tu as l’impression de vivre non plus pour toi mais pour une autre personne, dans mon cas pour deux autres personnes qui sont liées à moi et qui comptent sur moi pour les amener à bon port. Je tiens à remercier ces filles, ces amies qui m’ont écrit avec la plus grande honnêteté en m’avouant qu’elles aussi n’avaient pas aimé leur grossesse ou certains points, mais de tenir le coup parce qu’au final, ça en vaut la peine.

J’ai bien hâte à cette finale, j’ai hâte de voir leurs binettes et je vous jure que je les aimerai d’un amour inconditionnel, malgré le fait que je n’ai peut-être pas tout aimé de ma grossesse. Pour toutes ces filles qui n’ont jamais avoué ne pas avoir aimé leur grossesse, avoir tenu ça sous silence, j’ai osé parler et partager ce que je vivais. On a le droit de ne pas aimer être enceinte et ça n’enlève rien à l’amour que nous avons pour nos bébés à venir.

J’ai eu la chance (et je le sais) de finalement tomber enceinte après quelques essais en fertilité et que certaines personnes n’ont pas cette chance. Je lève mon chapeau à toutes ces femmes qui bûchent pour tomber enceinte et sachez que malgré tous les efforts qu’on y met, peu importe le résultat, on doit être fière. Je suis fière de donner la vie, mais j’ai le droit de trouver le chemin plutôt abrupt et difficile.

Pour celles qui osent commenter que mon corps, ce n’est qu’une enveloppe et que je dois m’en détacher, que de donner la vie est beaucoup plus beau que les vergetures, les bourrelets, les taches brunes ou peu importe ce qu’une grossesse peut apporter comme désagrément, eh bien, l’estime de soi est le travail d’une vie et je compte bien continuer mon cheminement dans la bonne voie. Par contre, on a le droit à nos rechutes, non?


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