Des enfants jouent dans le bac à sable et les petites automobiles de plastique virevoltent dans tous les sens. Je scrute leurs moindres gestes, les adultes doivent se demander pourquoi je reste dans mon coin. C’est moins difficile comme cela, je n’ai pas parlé à personne, je n’ai qu’à me concentrer sur moi-même et les pensées qui jaillissent dans ma tête. Les mains des enfants sont teintées d’un dégradé de brun dû à la saleté. Un d’entre eux tremble, la brise d’automne commence à se faire sentir contre ses bras découverts. Je lui donnerais bien mon manteau, mais je préfère rester ici.

Dans ma balançoire, je vole. Mes pieds touchent les nuages, pénètrent dans l’atmosphère. Je peux maintenant voir les étoiles s’illuminer. Mon être flotte grâce à une force de gravité nettement inférieure à celle de la planète Terre. Des sensations se dispersent dans mon corps, je ne peux les nommer. Je n’ai pas appris ce qu’est l’amour ou le bonheur. On n’en parle pas de ces choses-là à l’école. On dit de communiquer et de respirer lorsqu’on est en colère. Moi tout ce que je sais, c’est que des gouttes salées coulent parfois sur mes joues lorsque je n’arrive plus à sourire.

Je suis dans un monde différent de celui de mes camarades de classe.

petite fille dans un champs source image : Unsplash 

Dans mon monde à moi, les clowns ne font pas battre mon cœur à la vitesse de l’éclair. Leurs traits sont davantage prononcés, les couleurs sont vives. Dans mon monde à moi, les cernes ne couvrent pas les yeux de mes parents lorsqu’ils rentrent du boulot le soir. Dans mon monde à moi, les enseignants n’écrivent pas des formules mathématiques au tableau en ignorant les yeux fermés des élèves. Dans mon monde à moi, on nous enseigne ce qu’est le bonheur, ce que c’est que de grandir. Dans mon monde à moi, on nous montre la sensation de courir dans des grands champs de blé et non à courir entre quatre murs d’une école.

[…]

J’ai grandi avec un creux se formant dans ma poitrine. J’avais sans cesse cette sensation d’être différente. J’interagissais peu avec les autres, je n’aimais pas la façon dont les choses fonctionnaient. J’ai grandi avec ce désir de rébellion, d’une société meilleure. J’avais des opinions plutôt atypiques, des pensées que je n’osais pas dévoiler au monde entier.

Et j’ai fini par comprendre que les humains sont tous différents. On a tous une essence unique en tant qu’individu et, ensemble, on fait un tout homogène. C’est ce qui fait qu’on est tous pareils et différents à la fois. Si tu as déjà senti cette sensation de faire les choses ou de penser différemment, sache que c’est le cas de tout le monde. À notre façon, on construit notre propre monde. N’aie jamais peur de montrer ta vraie nature, c’est ce qui fait que l'on compose tous un monde.

source image de couverture : Unsplash 
Accueil