Sentiment d’urgence de vivre, fous rires, projets qui me passionnent, connexions sincères avec de fabuleux êtres humains : C’est ainsi que je décris ma dernière année. Pour y parvenir, je pars de très loin.

2017, je rencontre celui que je crois être l’amour de ma vie.  Doux, attentionné, généreux, j’ai l’impression de vivre un amour de jeunesse même si j’ai 27 ans et lui 32.

Mon chum me dit que je suis la petite femme de sa vie !

Il ne m’a jamais frappée, il n’est pas jaloux, il ne contrôle pas mes sorties, il ne fouille pas dans mon cellulaire ni mes courriels, il m’encourage à postuler pour un poste davantage qualifié pour optimiser ma carrière.

Pourtant, la violence conjugale est bien présente.

Subtile et ponctuelle au début, pour devenir de plus en plus douloureuse au fil du temps : « Ferme ta yeule, ton t-shirt c’est de la guenille, là tu vas bouger ton gros cul et tu vas manger tes protéines, quand on traverse la rue il faut que tu m’obéisses, prête-moi 20$ pour mes cigarettes ou sinon je retourne chez moi, je payerais quelqu’un pour qu’il aille te défoncer la yeule ».

Mon amoureux s’excuse rarement, il recommence souvent puis me fait comprendre que je suis responsable de ses colères. Sa faible capacité d’introspection est déplorable, tout comme ses nombreux commentaires largement teintés de double standard.

Bien que je reconnaisse ses comportements malsains, je suis beaucoup trop en amour avec lui et sous son emprise psychologique pour parvenir à m’en éloigner. Sans oublier son talent imprenable de manipulateur pour semer la confusion dans mes pensées 24/7.

2018, j’obtiens mon diplôme du baccalauréat en psychologie à l’UQAM et je cumule 4 ans d’expérience comme intervenante psychosociale en santé mentale. Malgré mon parcours académique et professionnel, je tente de mettre fin à cette relation qui me détruit et j’en suis incapable, car je reviens toujours vers lui. Il n’y a pas un type de personnes en particulier, ça peut arriver à n’importe qui de vivre la violence conjugale.

2019, je réussis enfin à le quitter, après plusieurs tentatives infructueuses. Le 1er ou le 2 janvier, tout juste après une relation sexuelle, il me dit que je ne suis pas intelligente et qu’il pourrait très bien aller se faire une autre fille.

Cet événement m’a profondément consternée.

Le rétablissement est très difficile. Même si nous ne sommes plus en couple, les idées suicidaires surviennent et ma peine d’amour s’avère très éprouvante.

J’ai réellement vécu une immense tristesse lors de la rupture, sans compter toute la colère qui m’habite pendant de nombreux mois à venir.

Je réussis à m’en sortir, entre autres grâce à l’aide précieuse de professionnels bienveillants et à l’écoute : Psychologue, sexologue, médecin.

Pourquoi j’affirme ressentir de la fierté à l’idée d’avoir vécu une relation de violence conjugale ?

Tout simplement parce qu’il est temps que la honte change de camp.

Coup de théâtre ! C’est en m’inscrivant à des cours du soir à l’École nationale de l’humour que j’éprouve ce sentiment d’empowerment lorsque je présente des numéros d’humour en classe, qui aborde la relation de violence conjugale que j’ai vécue.

En juin 2022, je présente mon premier numéro au festival d’humour : Le Minifest. Tout se confirme, c’est par le canal de l’humour que je ressens une connexion avec le public et que j’aspire à partager un message d’espoir : C’est possible de se sortir du cycle de la violence conjugale puis de se créer une vie heureuse.

Philippe Le Bourdais
Crédit: Philippe Le Bourdais

En ce sens, à l’occasion des 12 jours d’action contre les violences faites aux femmes, je présente ma propre conférence afin de raconter mon histoire.

Bienveillance, créativité, humour et grande dose d’autodérision sont de la partie + gagne ta paire de billets!

Tu souhaites assister à cet événement spécial ? Rendez-vous juste ici. On passe par toute une gamme d’émotions et naturellement, j’y partage une fin heureuse et dynamique! D'ailleurs, on fait tirer une paire de billets pour l'événement. Pour participer, il suffit d'envoyer un courriel à info@lecahier.com et de signifier ton intérêt. Assure-toi d'être disponible, soit le vendredi 18 novembre ou le samedi 26 novembre entre 13h30 et 15h, et de pouvoir vous déplacer au Bistro Le Ste-Cath dans Hochelaga.

En terminant, si tu connais une personne qui vit de la violence conjugale, voici un questionnaire interactif créé par SOS violence conjugale pour guider sa réflexion face à sa relation ainsi que la ligne d’écoute 24/7 : 1 800 363 9010.

- Selena Fortier, fière activiste 😊 
Photo : Gracieuseté – Philippe Le Bourdais
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