Ça me semble très 2018, mais c’était bien présent en 2017, voir en 2016, et ce le sera sûrement en 2019. Une mode qui aura duré plus longtemps que celle des gros pompons sur les tuques (à tout le moins je l’espère) : le « ghosting ». Il était une fois une Femme et un Homme. Femme rencontre homme par une soirée douce d’été. L’intérêt est palpable dans une réciprocité qui goûte bon. Homme initie d’embrasser Femme à la fin de la soirée et celle-ci répond. Elle en est même flattée, séduite.

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Quelques jours plus tard, Femme revoit Homme autour d’oeufs bénédictines et de cafés lattés. Le soir venu, après une longue marche, des échanges intéressants et une bonne dose de séduction, s’ensuit des rapprochements prolongés. Homme ne reste pas dormir, son chien est à la maison. Femme comprend et y entrevoit un soupçon de sensibilité.

Les vacances amenant leurs lots de petites escapades, les deux ne se revoient qu’environ 10 jours plus tard. Femme suggère une sortie, Homme préfère quelque chose de plus intime et c’est donc par le biais de jeux de société sur le balcon que la soirée se déroule. L’été use de tout son charme et les deux êtres en font tout autant. La fin de soirée est agréablement intense. Homme souhaite aller dormir chez lui car il ne se dit pas encore « à l’aise » de dormir chez Femme. Femme ne comprend pas trop le sens de cette expression.  Le regard, les expressions faciales et les mots d’Homme ravissent Femme qui se sent désirée et qui en a tout autant pour lui.

Les échanges entre les rendez-vous sont peu fréquents, consistent en des prises de nouvelles et Femme ne peut s’empêcher de dénoter qu’ils s’espacent doucement. Elle essaie de mettre sa tête sur pause. N’est-ce pas ce que ses proches lui disent: arrêter de tout analyser?

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Le weekend arrivant, Femme prend son courage avec toutes les mains qu’elle a  pour offrir qu’ils se voient l’espace d’un moment. Homme est occupé d’un bout à l’autre du weekend. Femme comprend, fidèle à son habitude. Elle ressent aussi que ce sera le dernier message qu’elle recevra d’Homme.

Ses amis lui disent qu’elle s’en fait probablement pour rien, mais ils relèvent aussi qu’elle se trompe rarement. Femme s’inquiète de ce que ses amis pensent, qu’elle en a probablement trop fait, qu’elle est trop sélective alors qu’elle a vraiment bien fait les choses dans ce cas-ci et avec les autres aussi.

S’ensuivent les remises en questions classiques, la sur-analyse des échanges, trop de démonstrations, pas assez, la valse des allers retours avec ses propres pensées est bien entamée.

Puis vient la colère, cette émotion importante mais qui fait si peur, peur qu’elle envahisse tout, que tel un ouragan elle détruise tout sur son passage emportant espoir, rêve et relations. Comment peut-on ne pas considérer l’autre à ce point? Comment peut-on ne pas nommer nos intentions, laisser flotter dans une apesanteur infinie l’issue des contacts? Le moment où la colère se retourne arrive toujours à un moment dans le détour. Femme se juge de s’être sentie flattée par la séduction d’Homme, est frustrée de ne pas avoir écouté les « signes » et s’en veut de ne pas être choisie.

L’arrivée de l’impuissance frappe toujours le plus fort. Ce moment ou l’on sent que malgré tout notre bon vouloir, nos efforts, nous n’avons qu’une petite partie du contrôle et que le reste nous échappe de la façon la plus naturelle, organique et frustrante possible. Que l’issue de ces fréquentations est aussi prévisible que de la neige en février.

Puis, lentement, au bout de quelques jours, Femme y pense de moins en moins souvent. L’émotion s’atténue à cause des pensées qui s’évaporent de plus en plus. De toutes petites traces resteront, s’ajouteront aux dernières, et à celles d’avant, et ce,  malgré les efforts pour les cicatriser.

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