Ça me fait tout drôle d’être aussi près et aussi loin de toi. Ça me fait mal de penser à tous ces rires, ces câlins et ces moments qu’on manque tous les deux. Tu manques à ma vie. Tu manques à mon décor.

Noël ne sera pas Noël sans toi.

Les lumières scintillent moins dans le ciel et les cadeaux ont moins de sens. Même le goût du repas est différent. Cette année, il y a du vide dans mes fêtes. Du vide dans ma maison, mais surtout du vide dans mon cœur. C’est la solitude qui a trouvé une place dans mon foyer si bien décoré. À quoi bon étaler la beauté et la magie lorsqu’on ne peut pas les partager ni les offrir.

Mes enfants grandissent si vite. Ils te réclament, sans cesse.

Qu’est-ce que je leur raconte?

Sur ce méchant virus qui nous accable tous, dans tout le monde entier. Ce virus qui est en train de leur voler une partie de leur enfance sans que l'on ne puisse rien faire. Je pleure. Ce monde est si triste en ce moment. Je regarde mes enfants grandir et je crains pour eux. Ils ne peuvent même plus aller à l’école librement et apprendre dans la joie. Ce masque qui cache leur sourire me rend malade, même s'il est nécessaire.

Je voudrais être avec toi, c’est tout. Je voudrais vivre ma vie comme avant, dans l’insouciance du temps qui passe et des moments qu’on crée sans craindre demain. Mon cœur se trouve sous l’arbre de Noël et il ne sera pas déballé.

Il restera-là, tristement, à attendre.

Source de l'image : Éloïse Denis

En même temps, combien de gens dans le monde ont passé des Noëls sans ceux qu’ils aimaient? En même temps, combien de gens dans ce monde ne connaît même pas la signification de Noël? Non pas sa signification religieuse, mais familiale.  Combien de gens dans ce monde n’ont même pas la chance de pleurer une fête perdue, parce que leur vie entière est perdue?

Tu manques à nos vies, certes, mais je sais très bien que la vie avait une leçon à me donner en me privant de toi.

Celle de vivre trop peu avec un peu trop.

Celle d’ouvrir davantage mon esprit aux injustices dans le monde.

Comment est-il possible de penser à festoyer et fêter Noël tant qu’il y a des enfants qui crèvent de faim dans le monde? Je comprends tranquillement que ça ne fait pas de sens.

Ah non, ma petite vie est si importante! Je suis si importante. C’est si important de vivre sa vie pour soi-même et d’être heureux!

On se le dit trop souvent. Au fond, on n’est qu'une bande d’égoïstes qui pense encore et toujours à notre nombril et notre bonheur. Je me dégueule moi-même. La société me dégueule aussi. Je dis que je dois arrêter de penser à ma petite personne, mais je vais quand même boire mon champagne sous ma maison chaude entourée de mes enfants en santé.

Ma peine? Quelle peine? Je suis une égoïste! Et je vais aller pleurer ailleurs.

Source de l'image de couverture : Metro
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