Et quand, un matin, il te frappera...

Un soir d’automne, tu as mis au monde un p’tit bébé.

Ce beau bébé que tu avais planifié quelques mois avant, avec tout l’amour que tu pouvais ressentir pour le beau petit gars que tu venais de rencontrer.

Tu t’es dite que ça ferait bien de fonder une famille maintenant que tu avais rencontré LE gars qui te prend comme t’es. Avec ton caractère de merde puis ton body qui n'est pas celui dont tu as toujours rêvé. Mais, il te jure qu’il aime ça, lui, une fille avec de la chair! Alors, c’est certain que tu ne peux pas le laisser passer! Et, après tout, quand il décide de s’en prendre à un autre gars qui te regarde ou qui flirte avec toi, tu crois qu'il est don' flatteur d’avoir un gars qui t’aime autant !

À même pas 20 ans encore, un soir d’automne, tu as mis au monde ce beau p’tit bébé pour qui tu as tout préparé pendant des mois. Pour lequel tu as fait des achats, pour lequel tu t’es réconcilié avec ta famille et pour lequel t’as préparé ton congé de maternité. Ton homme, lui,  t’assure qu’il peut être le pourvoyeur de la famille et qu’il aimerait mieux que tu restes à la maison avec bébé. Parce que c’est là, ta place, finalement.

Il paiera le logement, l’épicerie, l’auto, l'essence et les trucs pour bébé que vos parents n’auront pas eu le temps d'acheter. Il paiera aussi les meubles pour lesquels tu auras mis ton nom sur une carte de crédit et tes petites dépenses personnelles! La vie rêvée pour la fille d’une mère ayant toujours donné l’exemple!

Puis, tu rentres à la maison avec ton p’tit cadeau de la vie, après un accouchement pénible.

Accouchement pendant lequel ton père a tenu ta main. Parce que ton homme parfait, finalement, c'est loin d’être un homme de survie !

Et, c'est là que la vie rêvée, ton rêve de famille unie de toi+l’homme+bébé n'est plus si rose que ça. Le petit gars parfait s’avère soudainement pas si patient que ça. Oui, vous vous chicanez souvent, car toi, avec ton périnée zippé aux points fondants, tu ne veux pas le soulager de ses tensions de mâle plaignant. Vous vous chicanez trop fréquemment parce que monsieur aime mieux gamer que de te donner un break avec bébé. Et, quand il le fait, c’est à coup de « Ferme ta gueule » , parce que ses petits pleurs fuckent sa game avec ses amis !

Il va te le rappeler constamment, qu’il t’a endurée tout le long de ta grossesse.

Il va te reprocher d’avoir gâché le moment de votre accouchement, parce que tu as laissé ton père y assister (quand tu n'as pas voulu que sa mère y soit). Il va même jusqu’à oser te dire que si tu ajoutes ton nom de famille au sien pour bébé, il ne se déclarera pas père de votre petite perle d’eau douce.

Il t’aime tellement que, lorsque tu oses songer à le quitter, il te menace de se suicider. Si ça, ce n'est pas de l’amour! Pire encore, il t'assure qu'il t’enlèvera la garde de ta fille en prétendant que tu es une droguée. Puis toi, tu imagines que ses paroles dépassent ses pensées, que ça va changer, que tu ne peux pas partir...

Parce que vous venez d’avoir un bébé, parce que tu es sans travail puisqu'il ne veut pas que tu y ailles et il veut encore moins que tu fasses garder bébé ailleurs que chez sa mère. Tu ne peux pas partir, parce que personne d’autre ne voudra de toi avec ton corps de mannequin Taille Plus. Parce que personne n'endurera ton caractère, à part lui. Parce que, de toute façon, tu n'as plus d’amis et, qu’en plus de ça, tu n'as plus de famille. Encore une fois...

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Oui, celle-là même que tu auras mis des mois à réparer, à grands coups de « Bébé par-ci, bébé par là... ».

Ta grande famille de papi-mamie-maman-papa-bébé dont tu rêvais tant se sera brisée sous le poids de tes plaintes constantes, envers l’homme qui partage ta vie. Oui, lui, l’homme parfait de qui il t’arrive trop souvent de douter maintenant... Qu’il t'ait peut-être trompé avec ta meilleure amie, ou pire encore, qu’il ait fait mal à ce bébé que tu as planifié et porté ces neuf longs mois...

Oui, parce que des marques sur une poitrine de bébé de trois semaines, ça ment rarement. Ce n'est pas fréquent qu’un bébé de cet âge-là se cogne sur une poignée de porte ou sur un coin de table. On va se les dire les vraies affaires, il faut que quelqu’un l'ait serré un peu trop fort pour en arriver à ce résultat. Et, comme vous n'êtes que lui et toi et bébé dans votre cocon...Pas plus folle qu’une autre, 1+1 fait 2, dans n’importe quelle équation.

Ce que tu as mis des mois à reconstruire, pendant que ton corps fabriquait bébé, va se détruire le jour où tu oseras montrer cette marque sur le corps de ton enfant. En t'avouant que tu doutes de la personne que tu aimes le plus au monde.

Et, comme le plus fort, c'est ton père, il fera tout en son pouvoir pour te protéger, ta progéniture et toi.

Ce dont il ne se doutait pas, c'est que tu irais jusqu’à le renier pour repartir avec le pourvoyeur de ton malheur. Ta famille, elle s’est brisée ce jour-là, lorsque tu as jugé bon de renoncer à te protéger ni de protéger ta famille et ta fille. Parce que pour toi, c’est le seul qui a toujours voulu de toi et qui voudra toujours de toi.

Parce que, quand il t'aura éloigné tout le monde autour de toi, il sera toujours là pour te dire :

Tu vois, j’avais raison, je suis le seul qui sera toujours là pour toi! Personne t’aimera plus que moi!

Et quand un matin, il te frappera, tu croiras encore que ses gestes ont dépassé sa pensée...

Si ça, ce n'est pas de l’amour, fille.

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